- Pourquoi sauvegarder l'ours?
Il y a cent ans l'ours était présent dans toutes les hautes vallées de la chaîne des Pyrénées. Aujourd'hui, force est de constater combien l'activité humaine de cette région a réduit ce territoire, tout comme celui d'autres espèces animales ou végétales. Mais ce phénomène est loin d'être irréversible, car la nature pyrénéenne est encore suffisamment préservée pour offrir un cadre favorable à la population ursine.
Sauvegarder l'ours, c'est retrouver, à moyen terme, une population viable d'ours sur le massif des Pyrénées. Un formidable défi! Celui de maintenir en équilibre la grande diversité d'espèces animales, notre patrimoine naturel, avec les activités humaines de toute une région: une harmonie qui prend en compte l'identité culturelle et économique des Pyrénées.
C'est ce défit que souhaite relever le programme LIFE
- Où est passé l'ours
L'ours brun (Ursus arctos) est l'une des huit espèces d'ours vivant à travers le monde. L'ours des Pyrénées fait partie des plus petits spécimens d'ours bruns. Les mâles adultes pèsent de 120 à 200 kg et les femelles de 80 à 120 kg. Le pelage à épaisse fourure de l'ours des Pyrénées varie du beige au brun. De décembre à mars-Avril, l'ours hiberne en tanière. A partir de la cinquième année, la femelle met au monde dans sa tanière -vers les mois de janvier-février - un à deux petits de 300 g, ce tous les 3 - 4 ans jusqu'au terme de sa vie (environ 25 ans). les petits restent environ un an et demi avec leur mère.
Le domaine de l'ours brun varie considérablement en fonction de la qualité du milieu fréquenté. Dans les Pyrénées sa superficie peut varier de 70 à 300 km2 pour les mâles et de 15 à 60 km2 pour les femelles.
Si autrefois l'ours était largement répandu en Europe, son aire de répartition s'est progressivement réduite aux zones montagneuses sous la pression des activités humaines. Aujourd'hui l'ours brun occupe quelques vallées des Monts Cantabriques en Espagne.
L'ours est aussi présent dans les Alpes et les Abruzzes italiennes, ainsi que dans les montagnes d'Europe Centrale et des balkans, et sur une grande partie de la pénincule scandinave et de la Russie.
L'actuelle population ursine vivant dans les Pyrénées se trouve à l'ouest du massif et compte 5 ou 6 ours essentiellement sur le versant français.
Les traces d'ours récemment relevées se trouvent dans les vallées françaises d'Aspe, d'Ossau, du Baretous et dans les vallées espagnoles d'Anso, d'Echo et Roncal. Les cas de reproduction sont devenus très rares ; cependant, une naissance a eu lieu en 1995 dans le massif de Sesques (Pyrénées Atlantiques).
- Le programme européen "LIFE"
Ce programme européen a pour objectif de reconstituer une population viable d'ours en prenant en compte l'ensemble des activités humaines des régions concernées.
Pour réussir cet objectif, le programme compte financer:
- des actions qui auront une répercussion directe sur l'évolution de l'espèce,
- des actions qui permettront de compenser d'éventuelles contraintes induites par les opérations mises en oeuvre,
- les compensations financières des dommages éventuellement occasionnés par l'ours sur les troupeaux ou les cultures.
- Les actions mises en oeuvre avec l'aide des collectivités territoriales et des socio-professionnels sont nombreuses:
- Assurer la quantité de nourriture naturelle nécessaire à l'ours: par exemple des plantations de cultures fouragères ou le développement, en forêt, des plantes à fruits farineaux tels que les glands ou à baies telles que les myrtilles ou les framboises.
- Mettre en place des solutions concertées pour réduire les dérangements occasionnés à l'ours, par exemple lors des coupes forestières ou de la pratique de la chasse.
- Réaliser un renforcement des effectifs d'ours en concertation avec les populations locales qui en ont manifesté le souhait. c'est ainsi que 2 ourses slovènes, Ziva et Melba, ont été relâchées dans les Pyrénées centrales françaises en 1996. cette opération expérimentale regroupe de nombreux partenaires locaux autour des seervices de l'Etat (voir ci-dessous).
- Développer, en France, des mesures d'accompagnement en faveur des collectivités locales et des socio-professionnels. par exemple, la mise à disposition pour les bergers de mesures de protection des troupeaux. Ce programme vise ainsi à participer au développement économique et touristique, notemment en apportant une aide concrète au pastoralisme.
- Le résultat attendu
est une amélioratiuon notable de la situation de la population ursine dans les Pyrénées. Cela devrait se traduire en premeir lieu par la réapparition de femelles accompagnées d'oursons. D'autre part, l'attrait touristique de cette région devrait s'en trouver renforcé. le cas échéant, des créations d'emplois peuvent être envisagées à moyen terme.
- Les départements concernés par le programme LIFE
En France:
les Pyrénées-Atlantiques, le sud de la Haute-Garonne, des Hautes-Pyrénées, de l'Ariège, et dans une moindre mesure les Pyrénées-Orientales.
En Espagne:
ce programme engage les Communautés Autonomes d'Aragon, de Catalogne et de Navarre.
- Le programme "LIFE" co-signé par la France et l'Espagne est financé
75% par la Commmunauté Européenne qui considère l'ours commme une espèce dont la sauvegarde est prioritaire.
Ce vaste projet mis en oeuvre dès 1993, est pour une durée initiale de quatre ans, concerne également:
- le Gypaète barbu, l'un des derniers grands rapaces du massif
- le Bouquetin des Pyrénées dont seuls subsistent quelques individus dans le Parc National d'Ordessa et du Mont Perdu en Espagne.
- Quelques points à connaître - Extrait de la brochure du Ministére de l'Environnement.
Ces points sont agrémentés de photos que nous ne reproduisons pas ici
- Les rongeurs mettent à l"abri d'un rocher ou d'une souche leur réserve de gland et de racines.... que l'ours se plait à déterrer.
- Avec les premiers froids, l'ours se pelotonne dans sa tanière, de décembre à mars-avril: c'est l'hibernation (ou plus précosément hivernation)
- L'ours peut griffer et mordre l'écorse. ce comportement semble s'apparenter à un comportement de communication.
- Aujourd'hui (1997), on dénombre 5 ou 6 ours à l'ouest de la chaîne et deux animaux réintroduits dans les Pyrénées Centrales. la réintroduction d'un troisième ours est prévue en 1997.
- L'ours est un omnivore. Son régime est pour les trois-quarts végétarien: faines, glands, tubercules, myrtilles, framboises, sorbes et herbes tendres constituent la grande majorité de son alimentation.
- L'ours est aussi friand d'insectes, de charognes, et capture occasionnellement de petits rongeurs. Les ongulés sauvages ou domestiques tels que les moutons ne représentent que 8% de son alimentation.
- L'ours brun puise son énergie dans les nombreuses vatiétés de baies (comme les myrtilles) et de fruits farineux (glands, faines, châtaignes....) qu'offre la montagne pyrénéenne.
- L'ourse Ziva a été lâchée le 19 juin 1996 à Melles en Haute-Garonne.
- La crotte de l'ours (ou "laissée") permet de connaître son alimentation, variable selon les saisons.
- Véritable carte d'identité de l'ours, notamment pour le recensement: ses empruntes de pas. Leur dimension varie selon l'âge et la taille de l'animal.
- L'opération d'introduction des ourses slovènes "Ziva" et "Melba"
Cette opération regroupe autour des services de l'Etat de nombreux partenaires locaux dont l'Association de Développement Economique et Touristique (ADET), l'association Artus, les fédérations des Chasseurs d'Ariège et de hautes-Garonne, l'Office Nationale de la Chasse et l'Ofice National des Forêts.
Le document ci-dessus a été édité par le Minsitére de l'Environnement et l'opération est suivie par la DIREN Midi-Pyrénées.
- Questions
Sans vouloir être polémique, et sans connaître tous les détails de cette opération, après la lecture de ce document on est en droit de se poser un certain nombre d'interrogatons...
- Parmi les partenaires locaux associés à l'opération autour des services de l'Etat (dont on peut penser que la DDE et la DDA y sont associés même si leur nom ne figure pas comme
celui de l'ONF), nous ne voyons aucun organisme officiel et reconnu d'usagers tel que:
- Pour les sports et les loisirs: la FFME, le FFRP, le FFSpéléo, la FFC (VTT),etc...
- Pour les organisations professionneles: la FNSEA, la Confédération Agricole, les chambres d'agriculture, les CCI, le SNAM, la Compagnie des Guides de Haute Montagne des Pyrénées, les syndicats d'éleveurs, etc....
- Pour le tourisme: la fédération des Offices de Tourisme, le Syndicat des gardiens de refuge, Randonnée Pyrénéenne, les propriétaires de gîte, le syndicat des campings, etc....
- Pour les propriétaires de terrains: les groupements de forestiers (forêts privées), les syndicats de vallée, etc...
- Pour les collectivités locales: les communes (représentant également un domaine forestier), les Conseils généraux et régionaux.
On peut donc se demander, si l'ensemble des parties prenantes ont bien été consultées et on données un accord au moins de principe sur l'opération. Par ailleur, quoique ne faisant pas partie de l'Europe, il est surprenant que l'Andorre, pays indépendant, n'ait pas été associé à cette opération tout en étant géographiquement au coeur du problème.
- Lorsqu'il est dit "l'attrait touristique de cette région devrait s'en trouver renforcé. Le cas échéant, des créations d'emplois peuvent être envisagées à moyen terme", arrivé en avril 2000, personne, à ma connaissance, n'a fait le point sur ce sujet. Vu de l'extérieur, l'Ariège n'a, semble-t-il, pas économiquement et touristiquement décollée. Et pour cause, à ce jour, sur les 6 ours (3 réintroduits, 1 mort donc 2 restant avec 4 naissances), 4 se trouvent en Espagne et 2 sont à l'origine de nombreux dégâts. Comment justifier cette opération pour le bien être (ou mieux être) des populations locales? Quel résultat les promoteurs de l'opération peuvent ils apporter à ce jour (avril 2000)?
- Lorsuqu'il est dit dans "les actions": "Développer, en France, des mesures d'accompagnement en faveur des collectivités locales et des socio-professionnels", concrétement, qu'a-t-il était fait? Quelles mesures ont été prises pour la protection des moutons par exemple, avant l'arrivée des ours? Ne semble-t-il pas que l'on ait commencé par réintroduire avant d'engager le dialogue et de prendre des mesures?
- Lorsqu'il est dit toujours dans le même chapitre: "Ce programme vise ainsi à participer au développement économique et touristique, notemment en apportant une aide concrète au
pastoralisme.". Avant de décider pour les éleveurs, s'est on assuré si ceux-ci acceptaient de vivre d'aides complémentaires (comme les subventions pour l'entretien des paysages) ou
tout simplement souhaitaient vivre de l'élevage?
Quel dialogue y a-t-il eu?
Est-il permanent? Toutes les parties sont-elles écoutées?
Il serait bon, à mon sens, que les pouvoirs publics répondent à toutes ces questions et surtout trouvent des solutions pour satisfaire toutes les parties en présences.
Louis Dollo - Avril 2001 - En avril 2004, les mêmes questions peuvent être posées.
"LIFE and European Mammals: Improving their conservation status" - European Union, 2011