Le Monde des Pyrénées

Les vautours rendus malade par les antibiotiques - 2009

L'absortion d'antibiotiques par les vautours fauves dans les charniers de porcs en Espagne les rendent malades

La santé des vautours espagnols est menacée par leur consommation involontaire d'antibiotiques, avertissent deux chercheurs madrilènes. Ces oiseaux se nourrissent en partie sur des carcasses d'animaux issus de l'élevage qui sont traités avec des antibiotiques pour éviter des maladies comme les quinolones, qui ont la particularité d'être persistants dans l'organisme. Plusieurs études ont montré qu'un mauvais dosage ou qu'une surconsommation de quinolones pouvaient avoir des effets néfastes sur le système immunitaire.

L'Espagne abrite une importante population de vautours, avec plusieurs espèces comme le Vautour Fauve (Gyps fulvus), le Vautour Moine (Aegypius monachus) ou le Vautour Percnoptère (Neophron percnopterus).
Traditionnellement, les éleveurs espagnols déposent des carcasses sur des sites dédiés aux vautours pour qu'ils se nourrissent. Cette pratique, interdite après la crise de la vache folle, a été rétabli en 2005 dans certaines régions.

Dans le centre du pays, les vautours dépendent beaucoup de ces charognes issues de l'élevage intensif, alors que dans le sud et l'ouest ils se nourrissent davantage de proies sauvages. Pour mesurer l'impact d'une contamination par les antibiotiques sur les vautours, Jesus Lemus et Guillermo Blanco, du muséum national d'histoire naturelle de Madrid, ont réalisé des prélèvements sur les oisillons dans les nids de vautours.

Les chercheurs ont constaté que le système immunitaire des oiseaux du centre de l'Espagne était plus faible que chez ceux du sud et de l'ouest. Des travaux en laboratoires seront nécessaires pour établir le lien entre les quinolones et cette faiblesse immunitaire. Cependant ce n'est pas la première fois qu'une substance utilisée en médecine vétérinaire affecte les vautours: en Inde et au Pakistan, où ces grands rapaces mourraient de façon inquiétante, c'est un anti-inflammatoire, le diclofénac, qui a été mis en cause.

Auteur: C.D. - Sciences-et-Avenir.com
Source: Le Nouvel Obs du 23/03/09