Le Monde des Pyrénées

La messe des bergers à Arras en Lavedan - Noël 2009

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La chorale des bergers pendant la messe (L. Dollo)

Tous les ans à Noël, jusqu'en 2007, la messe des bergers est donnée à Arcizans Dessus le soir du 24 décembre, pour la plus traditionnelle des messes de "minuit". La petite église du village qui ne dispose que d'à peine 300 places, retrouvait tout son faste d'antan avec la chorale des bergers. Mais le succès de cette messe est tel qu'elle n'est plus assez grande. Alors, le village s'est résigné à aller à Arras en Lavedan, là où il y a plus de places pour accueillir les fidèles.

- L'histoire de la messe de Noël des bergers

Elle se perpétue depuis près de 50 ans en Val d'Azun.

A l'initiative de l'Abbé Borie, la messe des bergers qui existait déjà dans les temps anciens s'est inscrite depuis 1956 dans une tradition. Jusqu'en 2007, elle avait l'originalité d'être célébrée dans le patois du pays; le Bigourdan (bien que celui-ci prenne quelques différences selon où l'on se trouve en Bigorre, et d'une vallée pyrénéenne à l'autre). Malheureusement, l'abbé Borie est décédé en 2009 et avec lui disparait une génération de prêtre parlant le patois d'Azun.

Dans les années 1950, l'Abbé Borie (dit "Le Soulec", Le Solitaire en patois), se rendant compte que les gens de la vallée s'exprimaient naturellement en patois pour se confesser, décida de réunir des cantiques anciens remontant pour certains au XVe siècle, et d'en écrire et composer d'autres, afin que la chorale des bergers célèbre la messe de Noël en bigourdan.

Les habitants de la vallée sont attachés à cette messe. On y vient d'un peu partout en grand nombre, y compris des vacanciers. La renommée de cette messe n'est plus à faire. C'est l'occasion pour les bergers de partager leur culture, leur patois... avec les vacanciers présents pour les vacances de Noël - Une chaleureuse communion entre des femmes et des hommes de tous lieux et de toutes cultures.

Pour ce Noël 2009, l'église d'Arras en Lavedan était pleine jusque dans l'entrée soit plus de 300 personnes. Sur les 18 chanteurs présents, 15 sont encore berger et gardent leurs moutons.

- La Cérémonie

A l'origine, les bergères chantent dans l'église pour "réveiller" les bergers, qui arrivent ensuite, accueillis par le curé et l'agneau blanc - le même que celui qui a été offert à la crèche de Bethléem par les bergers pour la naissance du Christ.

Aujourd'hui, les bergers chantent "era stela deths aulhes" sous le porche d'entrée où le prêtre, Jacques Langlois, les accueille avec l'agneau.

Habillés de leur costume traditionnel, bâton à la main, cape noir et béret, les bergers entrent dans l'église avec l'agneau. La bénédiction de l'agneau par l'Abbé annonce le commencement de la messe. Résonnent alors les chants traditionnels en patois de ces hommes montagnards qui accompagnent la magie de Noël en commençant par "Haut, haut peirot" puis le "Gloria"...

Escoutat capbat la mountagna
Cantat lous anjous de Nadau
E de Bethléem la campagna
Pren lou repic de beste annau

Les vacanciers présents pourront tout de même chanter "les anges dans nos campagnes", le seul chant en français sous les bérets bigourdans et réciter le "notre père" en français, la seule entorse au patois avec les intentions de prières et l'Evangile qui n'avaient pas été traduits.

A la sortie de l'église on continue à chanter jusqu'à la salle des fêtes où est offert un vin d'honneur et une collation par la mairie d'Arras.

- La messe du 24 décembre 2009

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Abbé Jacques Langlois pendant l'office

Le curé du Val d'Azun ne peut pas se démultiplier dans toutes les paroisses de la vallée le même jour à la même heure. En l'absence du regréré abbé Borie c'est l'abbé Jacques Langlois, un jésuite à la retraite qui nous vient de Pau qui a célébré la messe pour la seconde année consécutive. Nous pouvons noter le remarquable effort qu'il a fait en s'exprimant en patois pour respecter la tradition.

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