Outre que la problématique en est assez intéressante (histoire des régions minoritaires de l'ensemble français), elle est trop limité à l'époque moderne, dont Le Roy Ladurie est spécialiste, et à l'époque contemporaine délaissant presque totalement le Moyen Age, période d'indépendance de la Bretagne, de l'Aquitaine, de la Provence, etc...
De plus, la vision qu'il développe dans la revue L'Histoire du mois de mai 2001 "Cathares, Provençaux, Gascons, Occitans...Portrait historique de la France du Sud" est centré totalement sur l'histoire du Languedoc et ignore l'histoire particulière de l'Aquitaine-Gascogne et de la Provence, pourtant plus passionnante après 1250 que celle du Languedoc qui devient parfaitement fidèle à la monarchie française.
Nous pouvons d'ailleurs remarquer que de nombreux militants occitanistes et régionalistes sont tout aussi ignorants de l'histoire de l'Aquitaine-Gascogne ou de la Provence que ces historiens. Leurs quelques connaissances se limite à 20 ans de l'histoire du seul Languedoc avec la Croisade contre les Cathares (dites "des albigeois"). D'ailleurs les fausses interprétations sont plutôt légion dans l'histoire "occitaniste" comme cette fameuse révolte du Languedoc de Montmorency en 1632 qui était la révolte du gouverneur de cette province et du frère du roi de France et non celle de patriotes occitans!
Les articles de la revue L'Histoire conforte la vision de Le Roy Ladurie et de ses disciples historiens qui défendent la thèse de Pays d'Oc qui, certes, s'opposèrent à la France mais qui furent très rapidement assimilé à celle-ci. Ils dénient d'ailleurs le fait que les Gascons, les Provençaux etc... se soient sentis comme des peuples différents de Français. D'ailleurs Le Roy Ladurie dans la revue Le Point (semaine du 21 au 26 mai 2001) affirme qu'il était scandalisé qu'un de ses professuers à Hulm est rapporté les propos de Mirabeau en 1789 comme quoi la France était "un agrégat inconstitué de peuples désunis" puisque pour lui, à l'époque et aujourd'hui, il est tout à fait ridicule de parler d'autre peuple que celui de Français. Le "peuple corse" n'existe pas pour lui et il est d'ailleurs violemment opposé au processus de Matignon. C'est pourtant, lui, qui s'empare une fois de plus de l'histoire des identités régionales en France: c'est donc lui qui donne le "la" dans les médias au sujet de l'histoire des pays d'oc, de la Bretagne,etc... Et que penser de l'interview du linguiste Claude Hagège dans la revue Historia du mois d'avril 2001. Déjà, dans son livre sur la "mort des langues" il consacre 1 page aux langues régionales de France pourtant menacé de mort. Il n'est d'ailleurs pas vraiment favorable à leur survie car il semble bien que pour lui, défendre les autres langues est politiquement correct, mais pour celles de France cela ne le semble pas. Il répond à la question:"ce qui se passe en Corse peut-il être considéré comme un bon exemple?" "La question des langues de France, pays jacobin, est une question grave. N'oublions pas les mots de Barère : "Le fanatisme parle basque, le fédéralisme et la superstition parle breton."
Et pourtant, c'était un petit noble bigourdan.
Les historiens ont parfois des visions trés parisiennes de la réalité des provinces.