11 heures Discours d'accueil et de bienvenue par Joachim Solanilla, Alcade de Ainsa. Présentation des différents intervenants. Il remercie chacun ainsi que la Fondacion de la Nueva Cultura del Agua (essentiellement composée d'universitaire de tout le territoire espagnol) qui a pris cet accueil en charge (contact: Oscar Garcia, doctorant).
Intervention ensuite de Alberto Contrevas Trivino, directeur général du milieu naturel du Gouvernement d'Aragon qui rappelle qu'un accord est intervenu avec le MaB espagnol pour la protection du rio Ara suite à une menace de construction d'un barrage sur son cours. Il précise que l'Autonomie a aussi collaboré avec le comité MaB lors de la mise en place de la réserve Ordesa-Vignemale.
Pedro Santaroman, président de l'Aldeva (Association des Entités Locales des Pyrénées Aragonaises, en fait "la mairie des mairies" dira son président) exprime les sentiments divers, positifs et négatifs, que suscitent localement le projet d'élargissement de la Réserve de Biosphère. Il attend des précisions aussi de l'Unesco au sujet du patrimoine mondial, car il considère que leur zone MaB-patrimoine mondial est comme "la belle au bois dormant", elle attend celui qui va la réveiller! Pour sa part il est prêt à participer à "l'ouverture des consciences" sur ce sujet et aussi à participer a une démarche de recherche des éléments et renseignements utiles à une bonne compréhension du projet. Enfin, au nom de l'Aldeva, il invite tous les présents à un repas de bienvenue.
Javier Castroviejo, président du comité MaB espagnol, présente le projet de réserve de biosphère transfrontalière comme une "offre" faites aux populations locales et à leurs élus et que la décision de l'accepter ou de la refuser leur appartient. Il ajoute que "nous avons tout le temps nécessaire avant de prendre cette décision". Il propose aussi d'avancer à différentes vitesses sur les divers aspects du projet et de s'appuyer sur les expériences nombreuses de sites proches, en Espagne (Pays Basque,...) et en France (Lubéron, Limousin,...). Des visites et des contacts avec les populations résidentes seront très utiles. Il décrit le MaB de Lanzarotte, des Iles Baléares... et évoque un autre projet en cours d'étude, celui des Asturies, présenté comme une alternative au projet d'exploitation de mines de charbon à ciel ouvert.
Robert Barbault, président du comité MaB français, intervient plus brièvement pour souligner que dans le projet MaB il y a d'abord une idée d'un nouveau type de développement, plus respectueux de l'environnement, mieux approprié au territoire pour cette zone liée au patrimoine mondial. Il dit que le mot "Réserve" n'est peut-être pas le mieux choisi, tant il est mal connoté (réserve d'indiens,...).
Pedro Santaroman reprend et développe le concept de la consultation des populations locales sur ce projet auquel il adhère fortement.
Georges Azavant, président du Parc national des Pyrénées, précise qu'il représente aussi le Conseil général des Hautes- Pyrénées. Il se dit d'accord avec les maires aragonais sur la consultation des populations concernées. Mais il craint beaucoup que le MaB vienne ajouter une nouvelle procédure de gestion administrative sur un territoire qui bénéficie déjà, en France, de statuts comme: Parc national, Opération Grand site, classement loi 1930, Natura 2000, Patrimoine mondial, ...sans compter le projet de mise en Réseau des espaces naturels pyrénéens qui sera présenté lors d'une Conférence internationale, à Tarbes, en fin d'année. Il aborde le volet "patrimoine mondial" en rappelant que pendant quelques années le dossier avait avancé correctement, mais depuis quelques mois, le projet de valorisation de cette inscription semble bloqué. Il annonce qu'il va très prochainement rencontrer le préfet pour lui demander de relancer rapidement cette procédure...
Michel Geoffre, Secrétaire général de MPPM, présente un bref historique de l'association, son rôle essentiel et unique dans la création du patrimoine mondial. Il décrit sobrement les difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre de la valorisation du site et la nécessité de respecter les engagements pris envers l'Unesco dont l'aval sera nécessaire pour la création de la zone MaB-Pyrénées. Il souligne l'intérêt des propos de Georges Azavant et prend acte de sa volonté de relancer la discussion sur le dossier Unesco. Il espère que cela permettra de sortir rapidement de l'impasse actuelle. Il informe que le projet MaB transfrontalier est né d'une proposition de MPPM faite aux représentants des comités français et espagnol, qu'il s'agit d'une très belle idée, parfaitement en phase avec les préoccupations de notre temps (planète en feu...) et une alternative économique réellement "durable" pour le territoire concerné. Il souhaite aussi la réduction des procédures administratives, une gestion collective, ouverte,... mais il est conscient que bien des questions seront posées sur l'intérêt économique et les "contraintes supposées" d'un tel projet MaB.
Pedro Arrojo, membre du comité MaB espagnol, professeur d'économie à l'université de Zaragoza, développe longuement la notion MaB, rappelle que les membres des comités nationaux sont nommés par les gouvernements et ne bénéficient que d'indemnités de déplacement. Concernant la réserve Ordesa- Vignemale, il regrette qu'elle ait été trop rapidement créée et qu'il faudra profiter de son élargissement sur le versant français pour repenser quelques critères originels et surtout y intégrer le Mont-perdu et la vallée d'Arazas. Les comités MaB n'ont aucun pouvoir. Sauf, celui du retrait du label. En revanche, le comité permet de parvenir, aux cotés des responsables locaux, à des résultats heureux. Exemple: l'abandon du barrage de Janovas. Relevant la réflexion de Robert Barbault sur la notion de "Réserve", il pense que cette appellation pourrait être associée à une idée de qualité (comme sur certains sites dans le monde) lorsqu'elle aura été mieux explicitée. Il propose qu'une équipe de chercheurs, scientifiques, universitaires, responsables associatifs,... sur les deux versants, constituent une petite équipe et travaillent en "interactivité" et, que pour cela, quelques moyens financiers lui soient octroyés. Il termine sur la formule: "le MaB c'est avoir du futur".
Eduardo Martinez de Pison, professeur universitaire, spécialiste de géographie et de paysages de montagne, alpiniste, dont l'autorité dans ces matières est mondialement connue (amoureux fou de la montagne ajoute-t-on), décrit en détail l'actuelle réserve espagnole en rappelant que son contour avait été décidé en joignant à l'ancien périmètre du Parc national d'Ordesa (élargi depuis), la Réserve de chasse du Vignemale. Il souligne le manque de cohérence de cet ensemble dont il souhaite lui aussi la modification. Il dit qu'il y a deux propositions. Une, avec un territoire minimun de 10.000ha, c'est-à-dire l'actuelle réserve légèrement modifiée. L'autre, optimiste, avec élargissement sur le territoire français et aussi espagnol qui engloberait les Posets, la Maladetta, à l'est. L'Anayet, la vallée d'Aspe à l'ouest... Il précise que cela peut se faire par étape et alors ce serait un espace d'intérêt communautaire européen. Lui aussi présente ce projet "ouvert sur le futur"... Il est réalisable dans la mesure où 60 % de la réserve se trouverait en haute montagne. Il détaille ensuite les particularités et les richesses (végétation, faune et flore spécifique, les paysages naturels, la géomorphologie,...) des différents sites qu'il présente comme des "unités de gestion à assembler peu à peu" pour réaliser le MaB-Pyrénées. Il rappelle enfin qu'une réserve MaB est constituée d'un "noyau" nécessairement entouré d'une "zone tampon" et, au-delà, d'une "zone d'agrandissement futur".
Patrice de Bellefon, de MPPM, membre de la commission supérieure des sites en France, guide de haute montagne et instigateur du patrimoine mondial Gavarnie-Mont Perdu, donne des précisions sur la notion de patrimoine culturel, rappelant qu'il existe seulement 22 patrimoines mondiaux "mixtes" classés au titre des richesses naturelles et culturelles. Il rappelle les réflexions et recommandations de la récente Rencontre d'Amsterdam organisée par la Commission nationale Unesco des Pays-Bas sur le thème: "Union des valeurs universelles et locales: la gestion d'un avenir durable pour le patrimoine mondial". A cette occasion l'Unesco a dit sa volonté de renforcer les habituelles approches naturalistes par la notion de "paysages culturels ruraux vivants et évolutifs". Cela afin de mettre en lumière le rôle essentiel de l'agropastoralisme et des autochtones dans un patrimoine mondial. Cela est également applicable aux zones MaB dont la création doit dépendre uniquement des populations concernées, les indigènes. Il conclut en précisant qu'une opération MaB est éminemment fédératrice.
La parole est donnée à la salle.
Joachim Fantova, conseiller municipal de Plan, évoque les difficultés économiques de sa vallée, des jeunes qui partent, le pastoralisme qui disparaît, ...il espère qu'une proposition comme le MaB pourra aider à la revitalisation du secteur...D'autres interventions (habitants de Gistain, des journalistes,...) reprennent ces questions.
Rosa Manuelo, de l'Aldeva (bureaux de Huesca), dit que l'image de protection a encore une connotation trop négative, que cela est mauvais, qu'il faut trouver l'argumentation pour
faire évoluer l'opinion.
Quelques autres échanges terminent la réunion.
En conclusion, Pedro Arrojo fait adopter une motion:
1 Former une petite équipe de chercheurs, associatifs, volontaires, commune aux deux cotés de la frontière;
2 Demander des financements pour aider ces recherches et soutenir l'action. Pour le versant espagnol, il demandera 12.000€ aux collectivités aragonaises;
3 Lancer immédiatement une première action de communication MaB-Pyrénées;
4 Commencer l'organisation des visites de terrain;
5 Renforcer les liens franco-espagnols par des réunions périodiques de la petite équipe de chercheurs franco-espagnole;
6 Préparer un programme de formation à destination des animateurs locaux, administrations, élus,...
7 Organiser la prochaine rencontre MaB-Pyrénées en France, sous l'égide du comité MaB-France.
15 heures, fin de la réunion. Conférence de presse et présentation d'un ouvrage collectif de Edouardo Martinez de Pison, Maria Eugenia Arozeno et Enrique Serrano, intitulé "Las
Unidades de Paisajes Naturales de la Reserva de la Biosfera Ordesa-Vinamala", distribué aux participants de la réunion.