Quand je lis que les parcs de Paris sont fermés pour cause de neige "glissante", je souris de moquerie et, en même temps, je suis triste. Je ne peux concevoir qu'il soit possible, dans l'esprit de qui que ce soit, d'empêcher les enfants, et les grands, de jouer dans la neige en respirant un bon bol d'air frais, même froid, et qui, selon mes souvenirs d'enfant et de maman, se conclut par un chocolat chaud. La vie, quoi! Version bonheur.
Quand je lis qu'il y aura enquête d'Etat parce qu'il y a eu des retards dans les aéroports et les autoroutes pour cause de tempête de neige surprise suivie de verglas, je hausse le sourcil, gauche, et j'ouvre grands les yeux pour m'assurer que je lis bien. Oui, oui, je lis bien! Monsieur Raffarin est furieux et veut connaître les coupables. Ici, pays de neige, où la vie s'est adaptée à l'hiver, les tempêtes de neige causent des retards et même parfois des fermetures d'aéroport. Et c'est normal! Cela fait partie du décor, de la vie. On ne cherche pas des coupables pour un phénomène ennuyant certes, mais normal. Pas encore.
Mais il est vrai que votre gouvernement répond à un mandat de sécurité. Sécurité à tout prix! Une sorte d'assurance contre la vie, ses aléas, ses risques et sa neige, glissante, mouillante, collante, joyeuse, amusante, magique. De grâce, laissez les Parisiens jouer dehors, avant qu'ils ne deviennent trop frileux. Et faites-vous une idée, la vie, on n'en sort pas vivant, personne! Autant en profiter plutôt que de s'en protéger dans une illusoire sécurité.
Louise Brissette, Montréal (Québec)
Source: Extrait de Libé