- Les Constats et Histoire
Sur son
communiqué de presse du 16 janvier 2013, la Préfecture des Hautes-Pyrénées indique: «Evitez toute sortie en montagne, hors des pistes sécurisées par les stations d'altitude».
Voilà un langage parfois difficile à comprendre pour un randonneur à ski (ski alpinisme), à raquettes à neige ou tout simplement à pied sur des itinéraires de promenade estivaux.
En effet, si nous faisons de la randonnée c’est précisément pour échapper aux stations de ski aseptisées et surpeuplées.
- Histoire et situation exceptionnelle en 2013!
La situation, de la mi-janvier 2013, sur l’ensemble de la chaîne des Pyrénées, est qualifiée d’exceptionnelle. Pour qui? Par rapport à quoi?
C’est tout l’aspect subjectif du qualificatif qui reste ambigu. En tout cas, pas si exceptionnel que ça pour ceux qui ont connu les années 1960-1970.
Mais à cette époque, on ne parlait pas de ski de randonnée et encore moins de ski alpinisme et la pratique de la raquette à neige était très marginale voire inexistante.
Le tout avec un matériel bien moins performant qu’aujourd’hui. C’était l’époque où l’on faisait du ski… de printemps. Une fois les beaux jours arrivés, c’était l’occasion
de s’évader à partir du mois de mars et jusqu’en juin, alors que le manteau neigeux était relativement stabilisé avec beaucoup plus de neige que ce que nous connaissons aujourd’hui.
Les risques n’étaient donc pas les mêmes et pas à la même période et avec des neiges différentes.
La normalité d’hier devient l’exceptionnel d’aujourd’hui. Météo-France va jusqu’à dire dans son
bulletin de suivi pour les Pyrénées du 16 février 2013 à 16h que:
"Des phénomènes de cette importance se produisent tous les 3 à 5 ans". Actuellement, nous avons eu de fortes accumulations avec une neige lourde jusque haut en altitude.
Une exception à court terme dont il faut néanmoins tenir compte dans la pratique d’aujourd’hui.
Le manteau est peu stable sur une sous couche parfois inexistante. Le risque est important de
4 à 5 sur l’échelle européenne.
Voilà deux jours qu’il neige, et il faut s’attendre à d’autres chutes d’ici le prochain week-end.
Dans tous les cas, difficile d’imaginer, pour un skieur de randonnée (ou alpiniste) une sortie sur des pistes balisées d’une station, ce qui, par ailleurs, pourrait ne pas être apprécié
par le service des pistes. Encore moins y faire de la raquette ou de la marche pédestre. La première des sécurités consiste donc à choisir un itinéraire non exposé aux avalanches ou
simples petites coulées. A défaut, imaginer une sortie pédestre sur un itinéraire non enneigé…. Pour prendre l’air et maintenir la forme. Mais ne jamais s’obstiner à faire la sortie
prévue si les conditions ne sont pas bonnes et au motif que l’on a fait X kilomètre pour en arriver là.
- Choisir son point de départ
Il ne s’agit pas de se jeter sur un itinéraire sans avoir pensé au moyen d’y parvenir en fonction des conditions du moment. Faut-il encore s’assurer que la route est ouverte (ce n’est pas le cas du Pont d’Espagne actuellement pour aller vers le Marcadau peu dangereux en rive droite) et qu’il y a la possibilité de stationner les véhicules tout en sachant que la neige peut encombrer un parking ou une place de village (par exemple le village de Sirex pour aller vers le Cabaliros par la forêt)
- Le choix de l’itinéraire
Ce choix est important pour éviter de déclencher soit même une coulée ou de traverser des couloirs exposés, ceci que l’on soit à ski, raquette ou simplement à pied, pour une grande
randonnée ou une simple promenade. Avoir bien en tête, surtout pour les randonneurs à pied ou à raquettes, qu’un itinéraires facile l’été, non enneigé, peut-être très difficile et très
délicat en hiver (Exemple: Barèges Saint Justin à Sers ou, à Cauterets, la montée à Ilhéou depuis le Courbet). Si vous n’avez pas les compétences nécessaires pour apprécier le choix
d’un itinéraire, faites appel à un professionnel local (Guide de Haute Montagne ou Accompagnateur en Montagne) qui connait parfaitement sa vallée et les itinéraires et qui aura suivi
le phénomène neigeux actuel pour en apprécier les avantages (il y en a) et les inconvénients. On peut également se diriger vers des
itinéraires balisés pour raquette en forêt comme à Payolle ou à Barèges
(accès gratuit depuis le village), dans la forêt de l’Ayré et terminer par un bon repas réparateur dans une auberge comme au
Lienz "Chez Louisette".
La journée sera réussie quel que soit les conditions météo et nivologiques. On peut aussi s’orienter vers des itinéraires de raquettes sécurisés sur des domaines payants comme
le Val d’Azun dans la mesure où ceux-ci sont ouverts.
- S’informer…
La préparation d’une sortie nécessite de bien s’informer sur l’itinéraire, consulter le bulletin météo et nivologique.
Disposer d’une carte n’est pas suffisant. Il faut savoir la lire et l’interpréter pour la transposer sur le terrain.
Avoir un topo guide sérieux dont l'auteur a de bonnes références est également indispensable. Ce ne sont pas toujours
les auteurs les plus connus qui sont les meilleurs.
Attention aux pièges de l’Internet, avec parfois des topos d'amateurs assez étonnants, où certains donneurs de leçons sont plus dangereux que les muets.
Attention également à ces forums où sévissent des «organisateurs» d’opérette de sorties sous couvert de formation d’une «bande de copains» qui ne se connaissent pas.
Partir avec un ou des compagnons nécessite d’être sûr de ses partenaires, de leur niveau, de leurs compétences et
leur comportement, car en montagne, on ne délègue jamais ses responsabilités, on les assume et si ça se passe mal, on paie cash.
- Le matériel
En dehors des itinéraires balisés, surveillés et sécurisés, quelques soit la pratique, ski, raquette ou pédestre, il est indispensable de partir avec
pelle, sonde et DVA en sachant s’en servir, afin d’être autonome pour assurer les
premières recherches en cas d’accident (voir le temps de survie en cas d’enfouissement). Savoir évoluer en tenant des distances entre les personnes afin d’éviter de voir tout
le groupe enseveli, même en descente à ski.
Dans tous les cas, prévoir boissons chaudes et vêtements en cas de problème.
Sans vouloir jouer sur le catastrophisme, il faut admettre et accepter que la pratique de la montagne hivernale ne s’improvise pas. La montagne n’est pas plus dangereuse que
l’automobile si on sait sans servir. Lorsque l’on part, même pour une petite sortie, en autonomie sans professionnel ou bénévole de club confirmé et diplômé, elle nécessite des
compétences qui s’acquiert, pas seulement au cours d’une formation mais également avec le temps et la pratique avec d’autres plus aguerris que soi. L’expérience est souvent aussi
importante que la formation. L’avantage de sortir avec un club affilié à la FFME ou la
FFCAM est de pouvoir acquérir cette expérience auprès de camarades mais aussi au contact d’un éducateur sportif professionnel
ou bénévole qui transmettra ses connaissances dans un but d’autonomie future du pratiquant. A défaut, il est absolument indispensable de faire appel à un professionnel (c’est aussi
ce que font certains clubs) qui saura guider, accompagner et faire découvrir une pratique et un milieu. Pour cela, il suffit de s’adresser à n’importe quel office de tourisme des
vallées pyrénéennes qui saura vous diriger.
Louis Dollo, le 16 janvier 2013
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- Voir également....
- Echelle Européenne de Risque d'Avalanches
- La Sécurité en Montagne en Hiver
- Les Avalanches
- Un DVA, ça sert à quoi?
- Les Chances de Survie sous une Avalanche
- Avalanches, Chances de Survie (ANENA - F. Sivardiàre)
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