Les traces connues du premier téléski remontent à 1908 en Forêt-Noire (Allemagne). Robert Winterhalder (1), patron de l'établissement thermal de Schollach, au nord de Titisee-Neustadt, y construit un remonte-pente d'abord destiné à remonter les sacs de céréales, qu'il mettra très vite à disposition des lugeurs et skieurs (l'appareil pouvant tracter les deux). L'appareil est long de 280 mètres, dispose de 5 pylônes en bois et offre une dénivelée de 28 mètres. Mais le téléski se développe réellement dans années 1930, avec l'apparition du tourisme hivernal et la pratique du ski alpin (2). Les remontées mécaniques étaient jusqu'alors des engins lourds, téléphériques, funiculaires ou trains à crémaillère. Pour répondre au besoin nouveau et aider les skieurs à remonter la pente, on conçoit des engins plus légers, moins coûteux et plus rapides d'installation.
En 1934, la société Adolf Bleichert & Co. installe sur les pentes du Bolgen près de Davos, selon le brevet de l'ingénieur Ernst Constam, le premier téléski à enrouleurs (3), (4). L'appareil sera rapidement suivi par d'autres réalisations dans toute l'Europe dès l'année suivante à Montgenèvre, Megève et Saint Moritz.
Parmi les pionniers français on peut citer le téléski de Charles Rossat au col de Porte (1934) au lieu-dit «La Prairie» reprenant, le premier, le concept d'agrès débrayables (5), ou encore le téléski de la Jasserie dans le massif du Pilat construit par Jean Masson en 1937 et dont subsistent encore aujourd'hui les restes des gares de départ et d'arrivée (6).
En 1935, Jean Pomagalski, ingénieur et entrepreneur français d'origine polonaise, se lance également dans l'installation d'un remonte-pente à attaches fixes sur les pentes de l'Éclose, à L'Alpe d'Huez, en France. Il sera opérationnel en février 1936 (7). Le système fonctionnait à l'aide d'un pont de camion, d'un câble tendu entre des pylônes en bois mû par un moteur thermique et de perches en noisetier accrochées au câble par des attaches fixes. Il fut au départ l'objet de critiques des puristes qui continuaient à monter à l'aide de peaux de phoque. Ils surnommèrent par exemple le couloir du téléski «la piste des idiots». Malgré ces critiques, le succès survint tout de même rapidement. Au bout d'un an, les commandes affluèrent des Alpes, du Massif central et des Pyrénées. L'entreprise Pomagalski va alors, durant des décennies, largement contribuer au développement du téléski en installant des centaines d'exemplaires, d'abord en France, puis à l'étranger, notamment aux USA, où un téléski est aujourd'hui communément appelé un Pomalift7.
Dans les Pyrénées en 1921, Barèges possédait déjà une école de ski et en 1936, elle eut la première remontée mécanique des Hautes-Pyrénées avec le funiculaire du Lienz.
Si le succès ne va jamais se démentir, c'est que Jean Pomagalski va s'attacher durant plusieurs années à améliorer le téléski, d'abord en inventant le démarrage progressif en incluant un amortisseur dans la partie haute de la perche, puis, avec son ami Pierre Montaz, en reprenant et améliorant l'idée de l'attache débrayable aboutissant, en 1944, à l'attache à douille toujours utilisée actuellement sur les téléskis à perches (9).
Si, en France, la perche débrayable remporte tous les suffrages, à l'étranger c'est le système à enrouleurs qui a la préférence des exploitants. Ce système a l'avantage de permettre des gares de départ plus compactes, à la mécanique moins complexe du fait de l'absence de débrayage.
Les grandes stations de ski ont aujourd'hui tendance à remplacer leurs téléskis par des télésièges (notamment pour désenclaver, et avoir un accès direct sur le haut d'une montagne par exemple), plus appréciés par une majorité de skieurs, à l'exception des installations pour débutants situées sur le front de neige ou des équipements sur glaciers.
(1) Robert Winterhalder et l'histoire du premier téléski (en anglais et espagnol.... en attente de traduction)
(2) Thierry Terret et Pierre Arnaud, «Le ski, roi des sports d'hiver», in Histoire des sports, L'harmattan, 1996, p. 179
(3) Jack Lesage, Pierre Ratinaud, La saga des remontées mécaniques, p. 32 - Ed. Publialp, 1993, 190 p. (ISBN 2-9506307-2-3)
(4) Pierre Montaz, Les pionniers du téléski, p. 7 - Ed. à compte d'auteur, 2006, 316 p. (ISBN 2-9526615-0-2)
(5) Pierre Montaz, Les pionniers du téléski, p. 1 - Ed. à compte d'auteur, 2006, 316 p. (ISBN 2-9526615-0-2)
(6) Le téléski de la Jasserie, sur Remontees-mecaniques.net (consulté le 20 décembre 2013)
(7) L'aventure Poma, sur Remontees-mecaniques.net (consulté le 20 décembre 2013)
(9) Pierre Montaz, Les pionniers du téléski, p. 24 - Ed. à compte d'auteur, 2006, 316 p. (ISBN 2-9526615-0-2)
- Jean Pomagalski, constructeur de transport par câble
D’origine polonaise, Jean Pomagalski (1905-1969) suit des études de mécanicien à l’école professionnelle Vaucanson à Grenoble. Il installe en 1935 un premier téléski à l’Alpe d’Huez sur les pentes de l’Éclose (215 m de longueur, 65 m de dénivelé) avec des pylônes en bois. Il dépose un brevet en 1937, crée son entreprise et construit la même année d’autres appareils au Col de la Morte (téléski du Mollard), à Villard-de-Lans (téléski des Bains), à l’Alpe d’Huez (second téléski de l’Éclose)… Dès la fin de la guerre, J. Pomagalski construit les téléskis de Courchevel 1850.
Par la suite son entreprise, installée à Fontaine (Isère), donne naissance à toute une gamme d’appareils de remontées mécaniques (télésiège, télécabine, téléphérique, funiculaire, télémétro…) qui participeront à l’essor des stations de sports d’hiver en France et dans le monde entier. Avec plus de 7 000 installations, la société Pomagalski s’est imposée comme l’un des premiers constructeurs mondiaux de transport par câble, employant plus de 600 personnes dans plus de 60 pays différents.