Le Monde des Pyrénées

Bio... Pas si bio que ça!

Plusieurs émissions de télévision ont mis en cause le caractère biologique de l’agriculture bio. Sont également en cause des pratiques douteuses dans des exploitations à l’étranger. Mais, même en restant en France, bio, c’est-à-dire biologique, ne signifie pas «sans produit phytosanitaire». Et c’est bien ce qui est surprenant pour ne pas dire choquant. En effet, 5 associations, qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’agriculture, lancent une campagne sur le thème "0 phyto 100% bio!". Sachant qu’il existe un "Guide des intrants utilisables en agriculture biologique", n’y-a-t-il pas de la part de ces militants une tromperie pour ne pas dire une escroquerie au moins morale? A moins que ce ne soit l’expression d’un lobbying, méthode par ailleurs dénoncée lorsqu’il ne s’agit pas d’associations écologistes?

- 100% bio = 349 phytos

Danger Sulfate Cuivre

Le 27 février, Générations Futures et d’autres associations (Agir pour l’Environnement, Bio Consom’acteurs, le Collectif citoyen les Engraineurs et NatureParif) lancent une nouvelle campagne, décrite comme une «mobilisation citoyenne pour une France des collectivités bio et sans pesticides». En fait, dans le contexte des élections municipales, il s’agit de recenser les communes qui réduisent ou éliminent l’usage des pesticides et/ou promeuvent l’agriculture bio via notamment la restauration collective.

Mais passés maîtres dans l’art de l’intox, les écolos ont décidé de baptiser cette campagne "0 phyto-100% bio". L’idée est évidemment d’incruster dans la tête des gens un amalgame trompeur à savoir que 100% bio égale à zéro phyto. Trompeur parce que pas moins de 349 produits phytos sont autorisés en agriculture en jardinage bio, dont certains ne sont pas anodins. Parmi ceux-ci, on trouve 97 spécialités classées «Risque de Toxicologie-N-dangereux pour l’environnement» (notamment la fameuse bouillie bordelaise), 87 classées «Très toxique pour les organismes aquatiques, peut entrainer des effets néfastes à long terme pour l’environnement aquatique» et 23 spécialités classées «Dangereux pour les abeilles».

L’autre entourloupe que l’on peut lire dans la présentation de la campagne, c’est que ce projet est «lancé par des organisations de la société civile». La bonne blague! Ils oublient de mentionner les liens très étroits que Générations Futures entretient avec l’industrie du bio, notamment par le biais de sa présidente Maria Pelletier, également administratrice du Synabio. Sans parler de Bio Consom’acteurs, l’association de lobbying pro-bio qui siège chez Biocoop, leader de la distribution alimentaire bio dont le chiffre d’affaires dépasse le demi-milliard d’euros en 2013 (voir ici ). Espérons que tous les journalistes ne tomberont pas dans le panneau.

En savoir plus: Alerte Environnement du 26 février 2014