Les refuges meurent aussi!
C’est le triste sort survenu au refuge CAF de Gabas, en Vallée d’Ossau, dans les Pyrénées-Atlantiques.
De même que les chats ont neuf vies, le refuge de Gabas en eut à peine un peu moins. Avant la création du Parc National, il accueille les gardes de la réserve d’Ossau. Puis il passe entre les mains de l’association des montagnards des Pyrénées-Atlantiques avant d’échoir dans l’escarcelle du Club Alpin.
De toute sa longue vie de refuge, le vénérable établissement voit de nombreuses et fortes personnalités se succéder derrière son comptoir parmi lesquels Jean Oscaby, guide et
aubergiste à ses heures perdues, le Père Daudu avec sa légendaire bouffarde et sa chemise à carreaux.
Marie France Paca sera la dernière tenancière ou gardienne. Selon l’expression consacrée, un refuge ne se gère pas, mais se tient ou se garde.
Dans les années 70 / 80, la station d’Artouste en est à ses débuts. La vallée est agitée d’un formidable espoir de voir un grand domaine se développer dans sa jonction avec Gourette.
Seul problème, on accède à la neige par un téléphérique très exposé au mauvais temps. Les jours de tempête, Gabas est une véritable fontaine à Ricard. En ces temps héroïques, la
Régie, (les employés de la station), carburait exclusivement au célèbre liquide jaune.
Le refuge Gabas était le point culminant de la tournée des bars qui pouvait durer un jour et une nuit.
On y poussait des «cantères» à faire trembler les murs autant imbibés que des mèches de lampes à pétrole, certains éprouvaient les plus grandes difficultés à monter l’escalier et
à fortiori le redescendre.
Depuis quelques années le refuge de Gabas était en sursis. De nombreuses menaces lui pesaient sur la charpente Les stratèges du Caf, préconisant un recentrage sur la montagne,
souhaitent se désengager des établissements para-hôteliers en station. Gabas est sur la black list.
La nécessité de mise aux normes qui donnera le coup de grâce. L’administration dans sa grande prudence considère que le montagnard ayant risqué sa vie dans les parois de l’Ossau ne
doit pas prendre le risque de chuter dans l’escalier.
Le refuge de Gabas fermé, de nombreux problèmes se posent. L’étape sur le GR10, entre Ayous et Gourette, déjà virile en temps normal, s’en trouve rallongée d’autant.
Certes les quelques chambres d’hôtel sont là pour y suppléer. La tente reste une solution. Le randonneur aux mollets fluets a toujours le loisir de prendre un prendre un taxi pour
rejoindre Gourette.
Aujourd’hui les volets du refuge de Gabas sont définitivement clos.
Seule une lumière oubliée, brille dans la nuit.
Gérard Caubet, le 27 décembre 2012