Transpyrénéenne.
Les opposants au projet de liaison routière Pampelune-A 64 Pau-Bayonne, via Roncevaux, manifestent demain à Saint-Jean-Pied-de-Port.
Deux façons de voir s'affrontent nettement
La route qui fâche =: Anne-Marie Bordes
LEIA. L'association s'était déjà manifestée en 1999
La Navarre a décidé de se désenclaver à tout prix. Adossée au versant sud des Pyrénées, limitrophe de la Basse-Navarre française et du Béarn, engoncée entre l'Aragon à l'est et la
partie la plus montagneuse du Guipuzcoa à l'ouest, elle veut absolument s'offrir une nouvelle sortie vers la France et le nord de l'Europe. Question vitale pour ce territoire à peu
près équivalent aux Pyrénées-Atlantiques (superficie et population) qui développe d'importants projets d'infrastructures en direction de Madrid, Logroño, Jaca, Pau-Bayonne... Il en
a fait une priorité.
Cette volonté de fer ne justifie pas que son vis à vis basque français en fasse les frais et devienne un "couloir à camions". Voilà ce que proclament les opposants au projet de
voie rapide transfrontalière qui se manifesteront demain à Saint-Jean-Pied-de-Port. 36 entités communales et plus de 80 organisations (associations, syndicats, partis politiques...)
ont adhéré à l'initiative de LEIA, association à l'origine de cette initiative. Présente de part et d'autre de la frontière, celle-ci nourrit un mouvement qui s'est conforté au fil
des derniers mois, côté français du moins.
2 millions d'euros. Dans la continuité du tronçon navarrais espagnol avec passage probable de frontière par Roncevaux-Arneguy, le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques porte un
projet dont on ignore la physionomie définitive. Et pour cause. Il sera en effet l'objet d'une étude de deux ans de durée environ, dont le financement conjoint a été décidé à Pau
et à Pampelune les 13 décembre 2002 et 10 mars 2003. Etude d'un montant de 2 millions d'euros, dont l'Union européenne financera la moitié de la dépense espèrent gouvernement
navarrais et Conseil général. Elle aurait valeur d'"avant-projet sommaire".
Jean-Jacques Lasserre (UDF), président du Conseil général, assure que ce projet s'inscrit dans un schéma d'aménagement global allant au-delà de cette future voie d'intérêt
"régional", dans laquelle il voit un nouveau poumon pour l'économie du Pays Basque intérieur. Côté navarrais, le gouvernement autonome, pressé, doté de capacités de décision
largement supérieures à celles de ses homologues français, parle de construire une autoroute. Ignacio Palacios, chargé des infrastructures, a toute la confiance de son président
Miguel Sanz (UPN, proche du Parti populaire). Il est d'ailleurs l'un des rares à avoir conservé son poste au cours des remaniements consécutifs aux élections de juin dernier.
Côté français, l'idée d'autoroute a été bannie. Le Conseil général parle de réaménagement des voies existantes, soit de la départementale 933 reliant le village frontalier
d'Arneguy à l'autoroute A 64 Bayonne-Pau, via des chefs-lieux comme Saint-Jean-Pied-de-Port, Saint-Palais et Salies-de-Béarn.
Le PS opposé. Le texte de la convention que les conseillers généraux basques et béarnais eurent dans les mains en décembre 2002 ouvrait sur "la volonté départementale de
désenclaver le Pays Basque intérieur "sur un axe qui" pourra présenter les caractéristiques de route à 2 x 2 voies.
"Halte là!" lancent les opposants, parmi lesquels figurent les partis nationalistes basques de tous bords et le bureau fédéral du PS du Pays Basque. "Ce projet, assure
le conseiller régional socialiste François Maitia, brouille complètement la lisibilité des priorités exprimées tant par l'Etat et la Région au niveau du Contrat de plan que la
Commission européenne au niveau du Livre blanc des transports, que par la communauté de travail des Pyrénées dans ses déclarations concernant les insfrastructures. Aucun rapport
officiel, surtout pas le dernier en date, celui de M. Becker, ne donne crédit au grand gabarit international de cet axe, dans un contexte où la reconquête des modes de transport
ferroviaire et maritime est remis à l'ordre du jour".
On l'a compris, le président du Conseil général marche sur des oeufs, pris entre ses voisins navarrais (avec lesquels les relations ont parfois été difficiles), ses opposants
et sa volonté de ne pas laisser passer un train en marche...
(1) LEIA: Lekuko Ekonomia eta Ingurumenaren Alde (Pour le respect de l'économie locale et de l'environnement). Manifestation:
samedi 13 septembre, 15 h 30, au marché couvert.
Source: Sud-Ouest