En 1966/67 elle arrive, depuis les Espécières, jusqu'au col des Tentes puis en 1968/69 au Col de Boucharo. Depuis cette période, le paysage de la clientéle du refuge de la Brèche a bien changé de même que la nature des visiteurs de la Brèche de Rolland. Passé du pyrénéisme et l'alpinisme doux et raisonné pour faire place au tourisme à l'état pur avec toutes ses perturbations et pollutions à quelque chose de dramatique pour le milieu.
L'idée était alors de rejoindre Torla par Saint Nicolas de Bujaruelo et le Rio Ara en descendant depuis Boucharo. Mais les espagnols se faisaient tirer l'oreil.
Dans le même temps, la ligne de chemin de fer Oloron-Canfranc fermait. Les espagnols mettaient donc une condition pour débuter le chantier: réouvrir le chemin de fer jusqu'à
Canfranc. Il faut dire que la France, à la fin du XIXème siècle début du XXéme, avait eu la même
réaction pour entreprendre le tunnel de Salau: "nous débuterons le percement lorsque le train sera à Isil".
L'histoire nous montre que la liaison n'a jamais été réalisée. Dans le même temps, le Parc National des Pyrénées est créé (1967). Sa zone centrale est, à cet endroit, la moins large (à peine 1km à vol d'oiseaux) de tout le parc qui s'étend de la vallée d'Aure à la vallée d'Aspe.
Mais l'idée d'une relation tient au coeur des gavarniens qui viennent de créer leur station de ski, avec, pour débuter, seulement un télésiège de la Holle aux Espécières et 2 téléskis (1970). Ce n'est que bien plus tard que sont apparus les télésièges du Pic des Tentes. Pour eux, le développement de la station bien enneigée mais excentrée des axes français, passe par une ouverture sur l'Espagne (Aragon) avec laquelle ils entretiennent des relations ancestrales (lies et passeries pour la transhumance des troupeaux).
Entre temps, le Parc National durcit le ton. Le souhait du Parc et des pouvoirs publics de l'époque (1995: voir la cassette vidéo de la Préfecture des Hautes-Pyrénées sur le recul
de la voiture dans le massif) était de réduire la pénétration de la voiture en montagne et de faire disparaitre les parkings tel que celui du col de Boucharo. Mais cette décision
appartient à la collectivité locale (et au Conseil Général propriétaire de la route). Le Parc National n'ayant pas autorité pour interdire la circulation sur une route
départementale.
A la faveur d'un éboulement entre le col des Tentes et Boucharo (partie entièrement dans le PNP), le Parc National n'autorisera pas l'entrée d'engins de déblaiement. De ce fait,
la route est laissée à l'abandon, le parking de Boucharo n'est plus utilisé et nous pouvons espérer que la nature fera le reste.
Une idée nouvelle est aparue après l'exposition universelle de Séville: un téléporté de Bujaruelo au col de Boucharo. Restait, du côté français, la proximité du Parc National
des Pyrénées qui se serait vu avec un afflux touristique important donc une nuisance potentielle évidente.
L'idée aragonaise était d'arrêter le téléporter sous le col (replat au niveau d'une cabane), à l'abri des coups de vent assez violents à cet endroit. Mais l'intérêt hivernal
devenait inexistant autant pour l'exploitant du téléporté que pour la station de Gavarnie.
[NDR: Je me souviens, au cours d'une réunion, avoir suggéré un tunnel avec tapis roulant skis aux pieds pour parvenir à la station des Espécières]
Maintenant il est question d'un téléporté au Port Vieux des Espécières. Plusieurs options techniques sont évoquées tel que le percement de la crête frontière pour éviter à la
télécabine de passer par la crête.
Une étude a été confiée à MC2 en association avec BDCE (Tourisme), Dianeige, Cressel et DCSA qui exploitent le téléphérique de La Grave (étude technique). Du côté espagnol cette pré-étude sera ssurée par ECAS. Coût de cette préétude: 130 000 Euros.
Conséquences éventuelles:
Selon les acteurs du tourisme hauts-pyrénéens, cette liaison permettrait de renforcer "l'attractivité de la haute vallée des Gaves". Elle offrirait un débouché sur le versant
sud et le Parc National d'Ordesa. Elle ouvrirait également le domaine skiable des Espécières à une clientèle espagnole et permettrait peut être de stopper (ou reporter) des
aménagements lourds prévus versant sud (par exemple sur le massif de Liéna au-dessus de Bielsa qui pourrait concurrencer Piau-Engaly).
Par ailleurs, il est évident que c'est encore un territoire non équipé qui va être sournoisement livré au tourisme de masse. Même si la zone du Parc National des Pyrénées
n'est pas emputée par un télé porté, il est évident que sa proximité aura des conséquences néfastes pour la nature et certaines espèces végétales et animales protégées.
Nous pouvons également nous interroger sur l'oportunité de créer des Parcs nationaux ou autres zones de protection renforcée.
En effet, il apparait que pour les acteurs d'un certain tourisme et pour les cabinets d'étude, ces zones natureles deviennent des arguements de vente même si leur activité a
tendance à les détériorer ou les détruire.
Consulter également la circulation en montagne dans les Pyrénées
Louis Dollo 02/11/2002