- Les régions ciblent Bruxelles
Plus d'infos EUROPE. Aquitaine et Poitou-Charentes sont présentes auprès de l'Union. Le lobbying est devenu indispensable
- La Commission européenne.
Le rendez-vous de tous les groupes de pression. Il existe même un site spécialisé dans le lobbying.
Le "métier" a parfois mauvaise réputation, mais les groupes de pression de toute nature sont devenus des rouages essentiels de l'Union européenne.
Toutes les régions, ou presque, sont présentes à Bruxelles.
Pour la France, il n'y a guère que l'Auvergne qui comptait sur Valéry Giscard d'Estaing et le Languedoc-Roussillon qui manquent encore à l'appel. Poitou-Charentes vient de décider
de vendre ses bureaux dans la capitale belge, mais cela ne signifie pas que la région se désintéresse de ce qui se passe à Bruxelles. Au contraire, elle dit "attendre beaucoup
de choses" de son rapprochement avec les régions Bretagne et Pays de la Loire. "Nous n'allons pas partager uniquement les locaux. Nous allons mutualiser tout ce qui concerne
l'information ou la veille stratégique", souligne-t-on à Poitiers.
- Faire avancer les dossiers.
Alors que Midi-Pyrénées a constitué avec ses départements et l'agglomération de Toulouse une association chargée de représenter les intérêts de la région, l'Aquitaine a directement confié à l'un de ses services, rattaché à la Direction des affaires européennes, le soin de défendre ses intérêts dans la capitale. Il est hébergé au quatrième étage d'un immeuble appartenant au Land de Hesse, la région allemande jumelée avec l'Aquitaine et qui dispose de moyens beaucoup plus importants pour faire entendre sa voix à Bruxelles. Ce bâtiment, situé dans le quartier dit "européen", abrite d'ailleurs les représentations de deux autres régions: l'Emilie-Romagne, la région italienne autour de Bologne, et la Grande Pologne, autour de Poznan.
"En France, le lobbying est encore perçu de façon plutôt négative. Mais, à Bruxelles, le système fonctionne de façon tout à fait différente. Ici, il est normal que tout le monde
cherche à savoir ce qui se passe et essaye de faire avancer ses dossiers", souligne la responsable du service, Marie-Pierre Mesplède, une Landaise installée à Bruxelles depuis
quinze ans et recrutée par la région Aquitaine il y a cinq ans.
Dans une ville où les bureaux de lobbying se comptent par centaines et où presque tout le monde se connaît, les professionnels travaillent seuls ou en réseau.
L'Aquitaine, qui s'est retrouvée aux côtés de Midi-Pyrénées et de l'Aragon dans le projet de traversée des Pyrénées, a été l'une des premières à rejoindre un groupe constitué à
l'initiative de la Toscane pour tenter de limiter l'usage des OGM. Poitou-Charentes, qui l'a suivi, fait maintenant partie des vingt régions européennes qui travaillent sur
le sujet et espèrent attirer encore une trentaine d'autres régions pour peser le plus lourd possible dans le débat.
Dans le dossier des programmes innovants, l'Aquitaine est en revanche montée toute seule, et discrètement, au créneau, ce qui lui a permis de lancer plus rapidement que d'autres
plusieurs projets liés à l'Internet.
Des retombées importantes. "Le lobbying permet bien évidemment d'obtenir des financements pour des projets régionaux, mais il y a aussi des retombées plus difficiles à évaluer et au moins aussi importantes", note Elie Spiroux, qui a travaillé pendant plusieurs années à Bruxelles avant de prendre, récemment, la direction du cabinet d'Alain Rousset, président de la région Aquitaine. "Plus de 60 % de nos lois sont d'émanation communautaire. Il est important de pouvoir intervenir très en amont pour essayer de faire valoir ses intérêts. Il est aussi nécessaire de pouvoir dialoguer avec les autres régions."
Dans cette bataille, toutes les régions ne sont pas à égalité, mais il est vrai que leurs compétences ne sont pas non plus les mêmes. Le Land de Hesse dispose à Bruxelles d'une
vingtaine de personnes; la Bavière, d'une cinquantaine.
Le service bruxellois du Conseil régional d'Aquitaine comporte quatre personnes seulement, mais cela suffit à le placer plutôt dans la bonne moyenne des régions françaises.
Poitou-Charentes ne possède quant à lui qu'un seul représentant sur place, mais l'Association Poitou-Charentes-Europe (Apce), à laquelle il appartient, compte en fait sept salariés.
Créée par le Conseil régional, les départements et les organismes consulaires, l'Apce s'est vu confier une double mission: défendre les intérêts picto-charentais à Bruxelles et
faire connaître l'Union européenne en Poitou-Charentes.
Auteur: Pierre Tillinac - Bruxelles.