Il est courant d’entendre des randonneurs dire aux bergers un jour de beau temps où il fait bon de randonner: "Vous faites un beau métier". Et pourtant, le métier est physiquement et moralement dur, sujet à toutes les critiques et quolibets développées, notamment, par les écologistes voir même par d’anciens «cadre» du Club Alpin Français (cf. morsure d’un randonneur sur le chemin du refuge de l’Alpe dans les Hautes-Alpes), soumis aux pressions judiciaires et n’est pas sans risques liés au terrain ou la présence de loups. Ce fut le cas en juin 2014 pour Laurent Crampe, berger dans les Pyrénées. Ce qui s’est passé mercredi 3 septembre 2014 sur une estive d'Odon dans les Alpes-Maritimes est tout à fait significatif d’une situation de plus en plus intenable avec le loup.
Lorsque mercredi soir vers 21h je reçois le SMS ci-dessous on se dit qu’il y en a qu’on aimerait ne jamais recevoir. Encore un berger mis en danger du fait du loup. Est-ce admissible en 2014? Qi parle de cohabitation possible?
"22 brebis tombent dans le vide et l’éleveur poussé par son troupeau effrayé par les chiens en combat avec 7 loups noirs a failli lui aussi sauter de la falaise.
"Merci de transférer ce sms à tous"
Transcription d’un SMS de Valérie Auber pour le GP de Sallevieille (éleveur du 83) à Beuil (o6)
Ce message dit tout. Inutile d’en rajouter. Mais il suggère de nombreuses questions, notamment celles-ci:
Nous ne sommes plus au 19ème siècle et aucun berger n’aspire à y revenir. Les pouvoirs publics sont absents. Les syndicats inefficaces voir même absents à de nombreuses occasions. Ici, seule la Confédération Paysanne a réagi au lendemain soir. Et ce n’est pas une question d’appartenance à tel ou tel syndicat mais un problème de société qui concerne tout le monde. Pourquoi un tel comportement?
Aujourd’hui, nombreux sont les bergers et éleveurs qui n’ont plus rien à perdre. Le bilan des prédations est là pour le montrer. Ils n’ont plus rien à espérer. Et quand un peuple n’a plus rien à espérer, tous les excès sont possibles sans qu’aucune structure ne puisse canaliser la colère. De cette observation, tout est envisageables.
Louis Dollo, le 4 septembre 2014
Hier, à midi, un berger des Alpes-Maritimes a vu son troupeau attaqué par une meute de sept loups au bord d’une barre rocheuse. La fuite des brebis vers la falaise, l’emportant au passage, a failli lui coûter la vie. Plus de 20 animaux ont sauté. C’est la huitième attaque sur ce troupeau cette saison malgré une présence humaine permanente et 11 chiens de protection. On continue?
La réunion du Groupe national loup mercredi permettra de dresser le constat d’une saison 2014 catastrophique. Au 25 août, on dénombrait déjà 4800 animaux tués, contre 3800 à la même date l’an dernier, et près de 30 départements sont touchés. Il y a quelques jours, un premier loup a été prélevé. Un premier, sur les 36 autorisés par la ministre de l’Ecologie.
Les éleveurs et bergers sont à bout. Les attaques ont lieu jour et nuit, en alpage comme sur les fermes, que les troupeaux soient gardés ou pas. La seule solution sera bientôt l’élevage hors-sol. L’absence de réaction des ministres de l’Agriculture et de l’Ecologie ne fait que favoriser l’industrialisation de l’élevage et la disparition des paysans.
Nous réaffirmons que les loups doivent être retirés d’urgence de la convention de Berne et de la directive Habitat pour qu’enfin puisse être mise en place une régulation efficace.
Communiqué de presse du 4 septembre 2014
Confédération Paysanne
Un éleveur a été projeté dans le vide par son troupeau alors que les brebis ont été effrayées par une attaque d'une meute de loups. Les faits se sont produits ce mercredi à la mi-journée. La fuite des brebis vers la falaise, a emportanté au passage le berger. Plus de 20 animaux ont sauté. Il s'agit de la 8e attaque sur ce troupeau depuis le début de la saison d'alpages, et ce malgré une présence humaine permanente et celle de 11 chiens protecteurs. Selon la Confédération paysanne, "les éleveurs sont à bout".
Source: Radio d'Ici du 4 septembre 2014
Une attaque de loups a semé la panique dans un troupeau de la vallée de la Tinée (Alpes-Maritimes). Les brebis ont manqué d'entraîner le berger dans leur chute. Christian Estrosi demande que plus de loups soient abattus.
Vingt-deux brebis qui font une chute mortelle, et leur berger qui en réchappe in extremis. La scène, racontée par Nice Matin, s'est déroulée mercredi dans la vallée de la Tinée, au lieu-dit Roya sur la commune de Saint-Etienne-de-Tinée. "J'étais avec mes brebis en train d'essayer de les retenir, mais je me suis retrouvé sous leur poussée au bord de la barre rocheuse et je me suis rattrapé à un mélèze" raconte Dominique Deminale au quotidien local.
Ce sont des loups, sept selon les témoignages, qui ont semé la panique dans le troupeau, pourtant protégé par des chiens Patous. L'attaque s'est produite en plein jour, ce qui serait de plus en plus fréquent selon les éleveurs. En juillet, ils confiaient à metronews se sentir "harcelés" par les loups.
"Je suis extrêmement choqué" a fait savoir Christian Estrosi dans un communiqué. Pour le maire de Nice et président de la Métropole, qui en avril dernier avait accusé l'Etat d'avoir réintroduit le loup dans le parc du Mercantour, "il est temps de constater l’incompatibilité entre la présence de ce grand prédateur et l’activité humaine sur notre territoire!
"A une semaine de l’ouverture de la chasse", Christian Estrosi "demande au préfet de permettre aux chasseurs et aux bergers d’avoir plus de latitude dans le tir du loup, notamment à l’affût et à l’approche sur toutes les communes du département concernées par les attaques".
Durant l'été la préfecture des Alpes-Maritimes a dénombré au total 257 attaques de loups. Le bilan depuis le début de l'année atteint 480 attaques et plus de 1700 brebis tuées. Vendredi dernier, une jeune louve de 12 kilos avait été abattue dans le cadre d'un "tir de prélèvement" autorité par le préfet près de Guillaumes, dans la vallée du Var.
Auteur: Michel Bernouin
Source: Metro News du 5 septembre 2014
Nouvelle attaque de loups dans les Alpes-Maritimes, qui aurait entraîné mercredi la mort de vingt-deux brebis.
Les bêtes ont "déroché", c'est-à-dire sauté une barre rocheuse, près du mont Mounier à Saint-Étienne-de-Tinée dans le Mercantour.
Jeudi après-midi, des agents du parc du Mercantour devaient se rendre sur les lieux, afin de retrouver les cadavres et établir le constat en vue d'un éventuel dossier d'indemnisation.
Bernard Bellini, un éleveur de Châteauvieux dans le Var, est l'un des propriétaires du troupeau qui compte deux mille têtes.
«L'attaque a eu lieu mercredi en plein jour, mes onze chiens Patous se sont mis entre les loups qui étaient sept et les bêtes et sont battus, mais des brebis apeurées ont réussi à passer et ont sauté la barre rocheuse», raconte cet éleveur qui a perdu trente moutons en juillet lors de huit attaques.
«Mais nous avons évité le pire, car le berger a failli mourir», ajoute Bernard Bellini, également victime d'une attaque dans le Var en janvier dernier.
Le berger, Dominique Deminale, raconte en effet «qu'il a eu très chaud». «J'étais avec mes brebis en train d'essayer de les retenir, mais je me suis retrouvé sous leur poussée au bord de la barre rocheuse et je me suis rattrapé à un mélèze», témoigne ce Varois qui a dénombré vingt-deux cadavres mercredi.
Les attaques diurnes sont de plus en plus fréquentes. Une jeune louve de 12 kg a été abattue vendredi dernier non loin de là, à Guillaumes, dans le cadre d'un tir de prélèvement.
Source: Nice matin du 5 septembre 2014