Il semble parfois que l'agriculteur français est le mal aimé. Considéré par certains comme pollueurs, par d'autres comme profiteur de subvention, il est en fait apprécié
des français selon un sondage réalisé par Opinion-way. L'agriculteur, l'éleveur, serait-il victime de certains lobbies
environnementalistes?
Le fait est que, par ailleurs, l'environnement a besoin de l'agriculteur et de l'éleveur pour entretenir le milieu naturel... qui, de toute manière, n'est plus naturel depuis très
longtemps. Notre environnement est façonné par l'homme depuis des millénaires et arrêté ce travail serait un retour en arrière vers un ensauvagement total de notre environnement.
Ce qui n'est pas forcément plus vivable.
Selon une étude OpinionWay,
les agriculteurs ont largement pris conscience des enjeux environnementaux liés à leur activité tandis que les Français restent réticents à l'augmentation des prix agricoles
en cas de modification des modes de production.
OpinionWay, spécialisé dans le marché des études, a interrogé 1.125 agriculteurs, chefs d'exploitations, jugés représentatifs des 350.000 agriculteurs professionnels du 16 septembre au 08 octobre 2007. De plus, une étude parallèle a été réalisée auprès de 1057 Français majeurs jugés représentatifs. Cette étude réalisée pour le mensuel Agriculture & Nouvelles Technologies montre que la sensibilisation écologique gagne les esprits mais ne pousse pas forcément à l'action.
Selon les résultats de l'étude d'OpinionWay, plus de 9 agriculteurs sur 10 affirment être attentifs à l'environnement, une prise de conscience qui a été progressive puisque
la moitié avoue qu'elle n'était pas aussi sensible au moment de son installation. De plus, "trois quart des agriculteurs approuve le fait qu'une partie des aides communautaires
soit conditionnée à un strict respect de règles environnementales": une preuve d'engagement certain pour la filière.
Toutefois, seulement la moitié des agriculteurs sont prêts à engager plus de dépenses pour préserver l'environnement dans la gestion quotidienne de leur exploitation. Cependant, si
le surcoût est réduit, près de 9 agriculteurs sur 10 se lanceraient...
Les agriculteurs sont donc conscients des enjeux environnementaux et de leurs responsabilités. Toutefois, les questions économiques, légitimes, peuvent freiner ou retarder leur
implication.
Enfin, 84 % des agriculteurs se considèrent plutôt plus ou nettement plus attentifs sur les questions environnementales que le reste de la population jugée assez sévèrement
puisque les agriculteurs considèrent qu'elle n'est pas forcément bien placée dans ses critiques régulières envers la profession.
Selon l'étude d'OpinionWay, 98 % des agriculteurs pensent que leurs pratiques agricoles devront évoluer pour assurer leur avenir! Près de 60 % ont foi dans le développement d'une
agriculture raisonnée et durable, où ils seraient mieux formés "dans l'utilisation des produits chimiques et des ressources naturelles telles que l'eau". Seulement 8 % aspire à
"faire de l'agriculture française une agriculture biologique, sans produits chimiques ni OGM", enfin 32 % souhaite "développer la recherche pour améliorer le respect
environnemental des produits de traitement et des modes de production actuels". Si l'environnement est bien au coeur du futur de la profession, le manque d'intérêt pour
l'agriculture biologique est regrettable, d'autant plus que l'agriculture raisonnée ne fournit aucune garantie environnementale sérieuse et autorise tous les produits
phytosanitaires incompatibles avec la gestion durable des terres agricoles.
Toutefois, "pour une nette majorité des agriculteurs, il ne fait aucun doute que l'industrie agrochimique a d'ores et déjà engagé un travail de recherche pour améliorer l'impact
environnemental de ses produits. Il sont onze fois plus nombreux à le penser que ceux qui jugent l'inverse (66%/6%)". En complément, 72% des agriculteurs affirment avoir réduit
leur utilisation de produits chimiques (ce qui est confirmé par les statistiques officielles).
Selon les déclarations des enquêtés, leurs actions en faveur de l'environnement ne se borne pas aux pesticides mais couvrent également la préservation et l'entretien des paysages,
la sauvegarde de la fertilité des sols et la préservation de la biodiversité pour une majorité d'entre eux. Cet engagement ne semble guère considéré par le reste de la population
puisque plus de 80 % des agriculteurs pensent que leurs efforts ne sont pas ou mal connus et reconnus.
Enfin, les agriculteurs sont disposés à fournir des efforts supplémentaires pour l'environnement à condition qu'ils soient soutenus financièrement notamment via des prix de vente plus élevés (pour 62 % des interrogés) et qu'ils soient davantage reconnus par la population (pour 47 % d'entre eux). En effet, "produire en respectant l'environnement implique des coûts de production supérieurs (...) l'engagement environnemental ne sera durable qu'avec le soutien concret des consommateurs." selon l'étude d'OpinionWay.
Selon un sondage précédent également réalisé par OpinionWay du 11 au 15 septembre 2007 sur un panel jugé représentatif, 9 Français sur dix "affirment que leur sensibilité à
l'environnement influe sur leur mode de vie". Pourtant, dans les actes, "un Français sur deux avoue peu se soucier des origines et modes de production des produits alimentaires
qu'il achète." Ceci est confirmé par le fait que plus d'un Français sur deux déclare ne pas respecter la saisonnalité dans l'achat de ses fruits et légumes. Les consommations
irresponsables dans les restaurants collectifs, non étudiés dans cette étude, montrerait certainement des proportions approchantes.
Autre limite à l'engagement effectif des consommateurs, seulement "un Français sur quatre serait prêt à accepter plus de 10 % de hausse des prix alimentaires" en contrepartie de
produits respectant davantage l'environnement. Or, selon les agriculteurs interrogés, il s'agit là d'un préalable incontournable...
Selon l'étude d'OpinionWay, "60% des Français se sentent aujourd'hui déconnectés du monde agricole, des modes de gestion et de production des exploitations". Leur connaissance
de cette profession est majoritairement liée aux médias dont on connaît parfois les raccourcis...
Néanmoins, les Français ont une vision largement positive de leurs agriculteurs (courage, compétence, savoir-faire) et pensent que leur rémunération n'est pas à la hauteur de ces
qualités. Cet élan de générosité ne doit pas cacher une réalité où le budget alloué à l'alimentation est passé de près de 30% en 1960 à environ 14% en 2005 (INSEE), au bénéfice du
logement bien sûr, mais aussi des loisirs et du confort. Sur ce point, nous soulignerons l'écart important entre les statistiques et le vécu puisque selon l'étude d'OpinionWay,
80 % des Français pensent que les dépenses en produits alimentaires pèsent "assez lourd" ou "très lourd" sur l'ensemble des dépenses du foyer. De plus, le recours massif à la
grande distribution et surtout aux magasins discount qui privilégient souvent des produits de mauvaise qualité à bas prix ne favorise aucunement le revenu des agriculteurs.
Toutefois, les Français sont confiants dans l'agriculture nationale et "estiment que le pays doit se donner les moyens de préserver son agriculture et son indépendance alimentaire." Et même si plus de la moitié des Français sondés ne font pas confiance aux agriculteurs en matière de protection de l'environnement, ils désignent majoritairement l'industrie et les transports comme les premiers responsables. Et "sept Français sur dix jugent que la situation environnementale s'améliore sur les exploitations contre deux sur dix qui pensent le contraire."
Pour l'avenir, les Français "optent majoritairement pour une agriculture raisonnée plus respectueuse de l'environnement" mais seulement un Français sur cinq serait prêt à "faire de l'agriculture française une agriculture biologique, sans produits chimiques ni OGM"... contrairement aux idées souvent véhiculées.
Au final, les Français placent le prix des denrées alimentaires au premier rang des priorités de l'agriculture, juste devant la qualité gustative et la santé, et nettement devant la préservation de l'environnement.
Auteur: Christophe Magdelaine
Source: Notre-Planete