Le Monde des Pyrénées

L'enquête de l'ADET sur les chiens de protection est elle significative?

Analyse d'une enquête de l'ADET et l'ACP sur l'efficacité des chiens de protection face à l'ours.

L'enquête que nous trouvons sur la plaquette de présentation des chiens de protection (Patou ou Pastous) a été réalisée par Pays de l'Ours - Adet et l'Association Cohabitation Pastorale (ACP). Elle a été publiée dans le cadre du programme européen Life Coex
Cette enquête a sans doute été réalisée sérieusement selon des convictions et des critères propres aux deux associations concernées dont la spécialité n'est probablement pas la réalisation d'enquêtes pour obtenir des résultats "scientifiques". Cette enquête, ou du moins les résultats, donnent le sentiment d'avoir été un alibi pour justifier les aides de l'Union Européenne dans le cadre du programme Life Coex.

Pour nous interroger, nous ne reprendrons que deux éléments:

1/ Définitions, sources de données et méthodes statistiques.
Sans rentrer dans le détail, tout le monde comprendra que les résultats et l'interprétation de ceux-ci dépend essentiellement de la collecte des informations et du choix de l'échantillon. Je ne conteste pas l'objectivité et le sérieux de la collecte de l'information mais je conteste le choix de l'échantillon. Il n'existe aucune information sur la méthode employée, le taux de représentation de cet échantillon pour chaque département, le type d'élevage (viande, laitier, avec ou sans gardiennage), le type d'estive, transhumant ou non, local ou délocalisé, etc...
Par ailleurs, le choix dépend de ce qu'on veut bien nous démontrer. Dans ce cas, il est difficile de savoir si les pertes dans une même exploitation ont été moindres avant ou après la présence d'un Patou ou si on a voulu comparer des exploitation avec ou sans Patou.
D'autre part, l'ours se déplaçant souvent et ceux-ci n'étant pas très nombreux sur la chaîne des Pyrénées, il n'est pas précisé si le troupeau a été mis ou non en présence de l'ours au cours des périodes de récolte des informations. Il est, en effet, toujours possible de choisir des exploitations qui n'ont jamais été mises au contact d'un ours. Ceci aurait pour effet de modifier les résultats par une absence évident de prédation pour laquelle le Patou n'aurait aucune incidence.

2/ Quelques éléments surprenant du tableau page 5 du document pdf

a/ Département du Gers: à quel titre ces 3 exploitations sont concernées? Transhumant dans quel département? Quel type d'élevage (viande ou laitier)
b/ Département de l'Aude, des Pyrénées-Orientales, Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées avec seulement un échantillon de 3 à 5 exploitations contre 11 pour le département de l'Ariège, la disproportion est assez considérable en sachant que les département des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées ont le plus fort cheptel d'ovins.

Je ne m'étendrai pas non plus sur le choix des exploitations: choix aléatoire? Sur quelle liste d'exploitants (Syndicats professionnels, MSA, Ministère de l'agriculture)? Taux de représentation en nombre d'exploitation et en nombre d'ovins par département? etc...

Il faut noter que dans le cadre du programme européen Life Coex, la France et l'Espagne sont les seuls pays et ne pas avoir comme partenaire des institutionnels ou des groupements pastoraux suffisamment représentatifs. L'ACP ne regroupe que quelques exploitants (il semble pas plus de 10), ce qui explique sans doute le peu de données collectées sur l'ensemble des Pyrénées

Il apparaît donc que cette enquête n'a qu'un résultat indicatif limité mais ne peut, en aucune manière, être référent pour en tirer des conclusions qui, manifestement, semblent hâtives, sans pouvoir dire si elles sont bonnes ou mauvaises.
Pour être sérieux, des approfondissements s'imposent.