Eleveurs et bergers de montagne, pourquoi les écologistes sont intéressés par la maîtrise de vos territoires?
La finance carbone dans les parcours
Une évaluation du potentiel dans les parcours collectifs
Timm Tennigkeit et Andreas Wilkes Kunming, Chine - 30 septembre 2008
Pourquoi les écologistes sont tant attachés à la maitrise des territoires pastoraux de montagne? Pourquoi font-ils tout pour que bergers et éleveurs quittent leurs territoires? Pourquoi veulent-ils du tout sauvage?
L’ours, le loup, le lynx ne sont que des moyens pour parvenir à un but: vider le paysage de toute emprunte humaine. Motif: le marché carbone. Toutes ces montagnes déjà peu peuplées sont de vrais puits de carbone avec leurs forêts et prairies… qui deviendront forêts sans intervention humaine, sans aucun frais. Autant de superficie à mettre sur le marché pour la spéculation «carbone».
Comme en témoigne ce rapport de 2008, l’affaire est pensée depuis longtemps. Elle dépasse largement les élus politiques locaux. Quelques individus se font manœuvrer et payer pour rentrer dans le jeu et se taire. Les associations écologistes ne sont que des marionnettes aux mains du «grand capital» en y trouvant leur compte à travers leur idéologie d’extrême droite soigneusement camouflée par des apparences de gauche. Les enjeux de gestion des territoires sont liés à la financiarisation de l'environnement de ces territoires, les Parcs Nationaux étant un des instruments du système. Nous verrons prochainement que leur privatisation ou la privatisation de certains aspects de cette gestion échappera totalement aux pouvoirs locaux. Les partenariats avec des organismes tels que la LPO en sont les prémisses. Voilà comment les bergers et éleveurs de montagne de toute l’Europe deviennent des marchandises d’échange sans qu'ils ne bénéficient de la valeur de leurs territoires. Jusqu’à quand seront-ils ces otages? Tout dépendra de leur comportement et celui de leurs élus par rapport à la gestion de leurs territoires, l'abandon ou non de certains aspects de cette gestion environnementaliste. Lire le rapport complet
Au niveau mondial, plus de 120 millions de pasteurs sont responsables de la conservation de plus de 5.000 Mha de parcours; lesquels parcours stockent jusqu’à 30% du carbone du sol du monde. De nombreux pasteurs vivent dans la pauvreté. En 2007, les transactions au niveau des marchés du carbone ont atteint plus de 64 millions de dollars US. Les meilleures données disponibles à l’heure actuelle montrent qu’avec une gestion améliorée des parcours, il est potentiellement possible au plan biophysique de fixer 1300-200 MtCO2e au niveau mondial jusqu’en 2030. La présente étude s’attache à examiner le rôle que le pastoralisme peut jouer dans la fixation du carbone et à évaluer la faisabilité de l’accès aux marchés du carbone afin de soutenir l’utilisation durable des ressources ainsi que le développement des moyens de subsistance au niveau des pasteurs. Le rapport-ci explique également les marchés du carbone et la manière dont ils fonctionnent, et il décrit les conditions de base pour concevoir un projet Finance Carbone (FC).
Les marchés du carbone existent en raison des obligations faites aux acteurs du marché de réduire les émissions CO2, ou alors en raison de leur propre désire d’opérer ces réductions. Il existe trois principaux segments de marché: (i) le marché lié à la conformité avec Kyoto, qui comprend le Mécanisme de Développement Propre (MDP); (ii) les autres marchés de conformité ou de pré-conformité, comme par exemple les plateformes d’échanges des émissions créées par la législation étatique en Australie et aux USA, et (iii) un marché volontaire de carbone, qui échange des réductions des émissions ne pouvant pas être échangées dans les marchés de conformité. Les crédits liés aux carbones sont fournis par les gouvernements en vue d’atteindre les objectifs en matière de réduction des émissions dans le cadre du Protocole de Kyoto, et par les entreprises soumises à la régulation des émissions. La compensation volontaire privée des émissions demeure une proportion minime du total des crédits de carbone acheté.
Actuellement, les activités de gestion des parcours pastoraux (à l’exception du reboisement et de la reforestation) ne sont pas éligibles dans le cadre du MDP et de la plupart des systèmes de pré-conformité. Seuls les acheteurs des crédits du carbone des parcours se trouvent actuellement dans le marché volontaire. A moins que les crédits du carbone des parcours puissent être utilisés pour l’atteinte des objectifs de conformité, la demande demeurera limitée. Il n’existe pas de normes et méthodologies acceptées pour la production de Réductions d’émissions certifiées (REC) à partir des activités de gestions des parcours. Au niveau de certaines entreprises privées et de certains Fonds du Carbone, il existe un certain intérêt pour les crédits du carbone dérivés de l’utilisation des terres, et ce, en raison, partiellement, des attentes par rapport à ce que ces actifs du carbone peuvent rapporter en termes de prix fort dans l’avenir. Les principales contraintes actuelles à l’entrée des RE (Réduction des Emissions) liées à l’utilisation des terres dans les marchés de conformité tiennent aux risques que la fixation du carbone basée sur l’utilisation des terres ne puisse pas être permanente, et sont également des contraintes méthodologiques. La Déclaration de la CCNUCC en 2007 à Bali a donné le feu vert pour résoudre les questions méthodologiques qui empêchent l’inclusion d’un ensemble d’activités forestières dans un accord post 2012. Certaines personnes revendiquent l’inclusion de tout le carbone terrestre (y compris le carbone du sol des parcours) dans un accord futur sur le changement climatique.
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Carbone dans les parcours En raison de la préoccupation mondiale par rapport au changement climatique, il est attendu que les marchés du carbone se développent plus rapidement et bénéficient d’un soutien financier plus substantiel que les autres marchés des services de l’écosystème. Pour le court terme, il est plus probable que les actifs attractifs du carbone des parcours qui peuvent contribuer à l’image publique de l’acheteur soient d’intérêt pour le marché volontaire. Des projets pilotes et l’élaboration des méthodologies généreront d’importantes expériences pour le marché de conformité et pour les approches sectorielles. Les projets de parcours qui satisfont aux critères suivants auront plus de chance d’être transformés en projets FC:
Lorsque les institutions impliquées ont la capacité de concevoir des projets en conformité avec les normes courantes des FC, et de soutenir la mise en oeuvre. Lorsque ces critères ne sont pas satisfaits, cela indique néanmoins les domaines clés nécessitant un renforcement des capacités en matière de préparation pour les opportunités futures des marchés de FC.
La plus grande contrainte pour le développement de la Finance Carbone des parcours concerne l’exclusion des activités des parcours de l’éligibilité aux marchés de conformité. Il reste à voir si le cadre international post-2012 créera la demande pour une plus large gamme d’actifs du carbone terrestre, y compris le carbone des parcours.
Il existe également d’importantes insuffisances en matière de connaissance par rapport aux aspects suivants:
Renforcement des capacités en rapport avec un Fonds Fiduciaire centré sur les parcours Les coûts nécessaires pour élaborer les premiers projets FC des parcours et les méthodologies seront plus élevés mais rendront l’élaboration des projets ultérieurs moins chère. Le renforcement des capacités des parties prenantes pour leur permettre de s’engager dans les marchés du carbone devrait être entrepris en interaction avec les sources de Finance Carbone, et non sous forme d’exercices de formation isolés. Une approche heureuse consiste à mettre en place un Fonds Fiduciaire, avec pour objectif de préparer un certain nombre de projets pilotes centrés sur les parcours pastoraux. Le Fonds Fiduciaire devrait être suffisamment important pour permettre l’élaboration d’un ensemble de projets dans une région, de manière à faciliter une interaction rapprochée entre les promoteurs de projets et faciliter l’apprentissage auprès de l’expertise disponible.
L’importance des parcours pastoraux devrait faire l’objet d’une meilleure reconnaissance dans les processus d’atténuation du changement climatique et d’adaptation des politiques de développement aux niveaux national et intergouvernemental. Un appui pour l’élaboration de systèmes nationaux de comptabilité GES pour le carbone terrestre, y compris celui des parcours pastoraux, serait nécessaire. Ces systèmes peuvent servir de base pour prioriser les sources d’atténuation et cibler la conception de programmes en vue de récompenser les éleveurs pour leurs efforts d’atténuation des émissions de CO2 aux niveaux national ou sous-national.
Dans de nombreux pays, les décideurs politiques et les gestionnaires des parcours pastoraux, ainsi que les acteurs clés dans le secteur de la Finance Carbone, sont très peu sensibles au potentiel de fixation du carbone des parcours. La plupart des données existantes ne sont pas disponibles sous des formes accessibles. Une base de données pouvant être mise à jour devrait être créée pour fournir aux praticiens et décideurs politiques des connaissances de pointe sur les pratiques de fixation du carbone des parcours, sur les interactions avec le changement climatique, et sur les coûts de mise en œuvre. Des notes d’orientation identifiant les meilleures pratiques peuvent être aussi élaborées.
Les parcours pastoraux sont souvent compris à tort comme des terres non productives, et le pastoralisme est perçu comme arriéré, sans grande valeur économique et souvent aussi destructeur de l’environnement. Dans un tel contexte, le risque est que les droits de pâturage des pasteurs soient profondément altérés dans le cadre des projets Finance Carbone des parcours. L’étude de WISP sur l’évaluation des systèmes pastoraux, sur le rôle crucial de la mobilité dans le maintien des écosystèmes, et sur la propriété foncière et les droits fonciers peut bien s’avérer très pertinente pour le marché en développement du carbone.