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Alors que beaucoup disent que l'avenir de l'élevage ovin - brebis, agneaux, broutards... - est terminé, qu'il n'a pas d'avenir, que les moutons néo-zélandais sont moins chers et donc prennent des parts de marché.... Il semble bien que les rumeurs soient loin de la réalité. C'est une des raisons pour laquelle deux sénateurs de zone de montagne se penchent sur la question car, en fait, la production française ne couvre que la moitié des besoins. Pourquoi?
Voir nos commentaires à la suite de chaque document reproduit.

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- Soutien de l'élevage ovin - Question à l'assemblée nationale.

Mme Marie-Françoise Perol-Dumont - Monsieur le ministre de l'agriculture, les problèmes rencontrés par les éleveurs d'ovins sont graves. Dans le département de la Haute-Vienne, qui occupe la troisième place au niveau national pour la production ovine et la première pour les brebis lourdes, le nombre d'éleveurs d'ovins ne cesse de diminuer, tant ceux-ci sont découragés par la chute répétée des cours du marché ainsi que par l'absence de revalorisation des aides compensatoires.

Ils doivent de surcroît faire face à la baisse des cours de la viande d'agneau - de près de 10 % en 1999 - ainsi que de ceux du cinquième quartier et de la laine. Enfin, leur trésorerie est affectée par les évolutions de la réglementation sur l'enlèvement des déchets d'abattoir. La sécurité alimentaire, pour impérative qu'elle soit, ne peut rester à la seule charge des éleveurs, qui se placent très en amont de la filière.

De surcroît, les aides compensatoires ne cessent de baisser en montant réel puisqu'elles ne sont pas revalorisées, et la prime à l'herbe n'est que faiblement incitative.

Aussi, en l'attente de la réforme de l'organisation mondiale du commerce et après avoir pris connaissance du rapport Launay-Thomas, les éleveurs, inquiets, demandent que leur production ne soit pas considérée comme le parent pauvre de l'agriculture alors qu'elle s'intègre parfaitement aux principes définis par la loi d'orientation agricole, qui vise à promouvoir un développement agricole durable.
Monsieur le ministre, je connais votre attachement à une agriculture de qualité. Pourriez-vous me préciser quelles dispositions peuvent être envisagées afin d'aider le secteur ovin à trouver la place qui lui revient dans la production agricole nationale.

M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche - Votre question ne me surprend pas, car je sais que la Haute-Vienne est une terre de grande tradition ovine et je sais aussi que vous avez toujours été à la pointe du combat en faveur de la défense de cet élevage. Pour avoir constaté, comme vous, les difficultés auxquelles se trouvent confrontés les éleveurs ovins, j'ai confié à MM. Launay et Thomas une mission d'évaluation et de prospective. Leur rapport, qui m'a été remis il y a quelques semaines, montre tous les atouts d'une production qui répond, en effet, aux orientations définies dans la loi d'orientation agricole et dont les Français apprécient la qualité.

Les auteurs du rapport mettent l'accent sur la nécessité de préparer l'évolution inéluctable de la filière en utilisant notamment toutes les possibilités qu'offrent les contrats territoriaux d'exploitation. Ils soulignent encore l'impulsion que permettent les nouveaux contrats d'adaptation, susceptibles d'attirer de jeunes éleveurs, et ils disent qu'il est indispensable de constituer des filières régionales ou interrégionales. Ils insistent enfin sur la nécessaire segmentation des marchés.

Vous l'aurez compris: des mesures structurelles doivent permettre de trouver une nouvelle dynamique, dans le cadre des contrats de plan et en utilisant les moyens supplémentaires de l'enveloppe complémentaire. L'amélioration des conditions de travail dans les élevages devrait contribuer au renforcement de la compétitivité des élevages ovins français, à qualité maintenue ou encore renforcée. Je serai particulièrement attentif à la définition de tels objectifs dans les contrats territoriaux d'exploitation, dont je me réjouis que les éleveurs ovins aient été parmi les premiers signataires.

Par ailleurs, un groupe de travail a été constitué, chargé de réfléchir à la réforme, encore à venir, de l'OMC, question qui sera sans nul doute portée à l'ordre du jour des prochaines réunions communautaires.

Je vous remercie de m'avoir, par votre question, permis de dire toute l'importance que j'attache, comme vous, au développement de l'élevage ovin en France.

Mme Marie-Françoise Perol-Dumont - Je vous remercie, Monsieur le ministre. Je pense que les perspectives que vous avez laissé entrevoir rassureront les éleveurs ovins, naturellement très attentifs aux négociations qui vont s'ouvrir et qui scelleront l'avenir de la filière.

Source: Assemblée Nationale - Réponse du 1 décembre 1999

- Commentaire

Sauf erreur de notre part, Jean Glavany est resté ministre de l'agriculture jusqu'en mai 2002. En deux ans et demi, il semble que rien n'ai bougé
Par la suite, une mission d'information sénatoriale a été mise en place en 2002 puis en 2006, une mission confiée au député Yves Simon.et en 2007 une nouvelle mission d'information sénatoriale.
En fait, depuis 8 ans, rien n'aura bougé sauf les parlementaires qui voyagent.

- "Avenir de l'élevage: enjeu territorial, enjeu économique"

La mission d'information sur l'avenir de l'élevage, présidée par M. Jean-Paul Emorine, sénateur (RI) de Saône-et-Loire, a rendu public ce 12 novembre [Ndr: 2002] le rapport, intitulé "Avenir de l'élevage: enjeu territorial, enjeu économique".

Constat préoccupant de la situation de l'élevage, en particulier de l'élevage herbager, en France.
Mettant l'accent sur la politique d'installation, le rapport propose notamment la création d'un prêt de carrière bonifié à longue échéance, afin d'aider davantage les jeunes à faire face à leurs charges. Tirant parti d'expériences observées lors de leurs déplacements, les sénateurs suggèrent également la création de bâtiments-relais par les collectivités territoriales dans les zones menacées de déprise. Ils proposent également d'améliorer l'environnement économique et juridique des exploitations, en particulier par un renforcement des soutiens aux équipements, par l'allégement des contraintes de la réglementation environnementale et urbanistique, et par une facilitation du recours aux groupements d'employeurs et aux services de remplacement. Souhaitant encourager le maintien et le développement de l'élevage herbager qu'il soit bovin, ovin, caprin ou équin sur des terres pour lesquelles il n'existe, bien souvent, aucune alternative agricole possible, le rapport formule plusieurs propositions, dont la création d'une prime herbagère agri-environnementale. Il soutient également l'idée d'en revenir à des prix rémunérateurs, et suggère que soit engagée une réflexion sur la possibilité d'alléger la taxe sur le foncier non bâti pesant sur les terres agricoles les moins productives, pour encourager le maintien des animaux dans les zones menacées de déprise. L'objectif de simplification administrative conduit les sénateurs à proposer la réduction des formalités administratives que les éleveurs doivent aujourd'hui accomplir pour percevoir des aides. Une partie du rapport est consacrée aux difficultés rencontrées avec l'aval de la filière pour le partage de la valeur ajoutée. Des machines à classer dans les abattoirs à la création d'un observatoire des marges, en passant par l'adaptation des règles des marchés publics qui s'imposent aux collectivités publiques dans leurs achats de viande, plusieurs solutions sont proposées. Les consommateurs ne sont pas oubliés. Le rapport plaide en faveur d'un développement des signes de qualité, d'une plus grande attention portée aux critères objectifs de la qualité de la viande, tels que la tendreté, ou encore d'une plus grande innovation dans les modes de présentation. L'information portée à leur connaissance devrait également être complétée, en particulier dans le cadre de la restauration hors domicile. Enfin, les sénateurs souhaitent mettre l'accent sur la communication, qui devrait être axée en priorité sur le métier d'éleveur et le plaisir de déguster de la viande, sans négliger une communication à dimension pédagogique et informative. Mise en place en février 2002 par la commission des Affaires économiques du Sénat, la mission d'information "Avenir de l'élevage: enjeu territorial, enjeu économique"; a réalisé une trentaine d'auditions au Sénat et a effectué neuf déplacements en province, à l'invitation des présidents de conseils généraux et régionaux.

Agrisalon.com du 12 novembre 2002

- Mission sur la production ovine française

Il ne s'agit que d'une mission supplémentaire parmi beaucoup d'autres. Une de plus par raport à ce qui a été dit et fait au Sénat et à l'Assemblée Nationale par les députés sans parler des organisme professionnels de la filière. Mais c'est aainsi... le Premier Ministre, à un an des élections présidentielles et législatives et 7 ans aprés l'ex-ministre de l'agriculture Jean Glavany (PS) dont les projets se sont autant volatilisés que les promesses, prend une décision "forte".

"Depuis le 15 juin 2006 (J.O. 16 juin 2006), le Premier Ministre, Dominique de Villepin, a confié au député Yves Simon une mission sur l'avenir et la relance de la production ovine en France."

Qui, lors du passage des deux Sénateurs en mission dans les Hautes-Pyrénées fait mention de cette misison de 2006?

Personne!

Alors on recommence avec d'autres têtes.... pour dire la même chose

- Le Sénat s'intéresse à l'avenir du mouton français - Communiqué du 4 mai 2007

A l'automne 2006, la commission des affaires économiques du Sénat avait décidé la mise en place d'un cycle d'auditions sur la situation de la filière ovine, devant déboucher sur la rédaction d'un rapport d'information sur le sujet.

Elle avait ensuite procédé, début 2007, à la nomination de deux rapporteurs, MM. Gérard Bailly (Jura - UMP), président du groupe d'études sur l'élevage, et François Fortassin (Hautes-Pyrénées - RDSE).

Les deux sénateurs ont souhaité entendre les principaux acteurs de la filière: éleveurs, abatteurs, négociants, distributeurs, fonctionnaires chargés du secteur au ministère de l'agriculture et à la Commission européenne, député en mission également chargé d'un rapport sur le sujet ... Ils comptent par ailleurs se déplacer sur les lieux d'élevage dans les Pyrénées, le Massif central, les Alpes et le Jura.

La crise que traverse en ce moment le secteur de la viande ovine française est due à la concurrence accrue de grands exportateurs de l'hémisphère australe, qui bénéficient d'avantages comparatifs naturels, mais également à une valorisation insuffisante de ce type de viande auprès du consommateur. Elle appelle un recentrage des aides à la filière sur ses aspects territoriaux et environnementaux, propres à valoriser l'élevage ovin, ainsi qu'une adaptation de l'offre à l'évolution des consommateurs.

MM. Gérard Bailly et François Fortassin présenteront leur rapport à la commission des affaires économiques à la rentrée parlementaire.

Source: Sénat

- Sénat - Un rapport préconise "une revalorisation de la prime "ovin"

Les sénateurs Gérard Bailly (UMP, Jura) et François Fortassin (RDSE, Hautes-Pyrénées) préconisent une "revalorisation de la prime ovin" pour permettre à la filière de faire face à la concurrence de l'hémisphère australe, dans un rapport qui doit être rendu public jeudi.

Cette prime devrait être portée à 125% du montant de celle qui est octroyée aux bovins, alors qu'elle en est actuellement inférieure de 25%, estiment les deux sénateurs, dont le rapport a été approuvé à l'unanimité par la commission des Affaires économiques. Selon MM. Bailly et Fortassin, le cheptel français d'ovins est passé de 13 millions de têtes en 1980 à 8,5 millions en 2006, soit une baisse de 23%, tandis que le nombre d'exploitations diminuait de 197.000 à 75.000 et que les importations représentent aujourd'hui 54% de la consommation nationale.

Les handicaps de la filière tiennent à "la faible accessibilité des lieux de production", à "la forte augmentation des coûts de production", à "la difficulté de trouver de la main d'oeuvre, et à "une concurrence avec les autres pays producteurs de plus en plus vive, notamment ceux de l'hémisphère austral". Elle conserverait toutefois un avenir "dès lors qu'elle serait soutenue par les pouvoirs publics", soulignent les deux rapporteurs, qui mettent l'accent sur le "rôle environnemental majeur" de l'élevage ovin dans "l'entretien de paysages souvent désertés, la préservation de la biodiversité ou encore la prévention des incendies et avalanches".

Parmi leurs recommandations figure le transfert vers le soutien de la filière d'une partie des "crédits consacrés aux prédateurs" - loup, lynx et ours - dont la conservation représente aujourd'hui à leur yeux un "coût exorbitant". Dénonçant "un maillage insatisfaisant du réseau d'abattoirs", qui pèse sur les coûts de production en imposant le transport des animaux sur de longues distances, ils jugent également nécessaire "l'implantation de petites unités d'abattage (...) au plus proche de lieux de production".

Le redressement de la filière passe aussi par "un renforcement de la promotion auprès des consommateurs", font valoir les deux sénateurs, qui souhaitent impliquer de "grands chefs" dans "la présentation des différentes façons d'accommoder l'agneau".

Source: AFP / Terre.net du 21 janvier 2008

- Gigot mais pas trop

Emblème de la fête de Pâques, il est de moins en moins consommé en France. Le gigot a toujours ses adeptes, mais la relance passe par les "petites pièces"

- Elevage ovin: Deux agneaux sur trois consommés en France sont importés

L'agneau est un plat fédérateur, commun aux repas de fêtes des religions chrétienne, juive, musulmane. "Pour les chrétiens, le Christ est devenu l'agneau de Dieu qui rachète les péchés du monde. L'habitude de consommer un gigot à Pâques en est un lointain rappel", soulignait le père Alain de La Morandais (1) dans un entretien à "Sud Ouest"; (notre édition du 17 décembre 2007).
Mais, tout auréolé de symbole qu'il est, l'agneau peine de nos jours à trouver une place de choix dans nos assiettes. Selon le Centre d'information des viandes (CIV), sa consommation est en baisse régulière: de 5 kilos par an et par habitant en 1999, on est passé à 4,1 kilos en 2006.
C'est en Midi-Pyrénées, Aquitaine et Poitou-Charentes que se concentre une bonne partie des 4,3 millions de brebis allaitantes en France, destinées à produire les agneaux de boucherie. Mais la production nationale reste faible: deux agneaux sur trois consommés dans notre pays sont importés, tandis que les importations globales de viande ovine s'élèvent à 50 %.
De surcroît, les éleveurs vivent une période difficile. Pascal Laurent, qui gère un troupeau de 530 brebis à Saint-Christophe (16), estime que la hausse des céréales et des engrais a fait augmenter ses charges de 10 000 euros depuis l'été dernier. Or, dit-il, "10 000 euros c'est à peu près le revenu moyen annuel d'un élevage ovin spécialisé en Poitou-Charentes". Ce militant de la Confédération paysanne attend de la réforme de la politique agricole commune (PAC) un "rééquilibrage des soutiens", sachant qu'aujourd'hui il faut "6,15 brebis à l'hectare pour toucher la même aide qu'une vache", soit 180 euros.

Nouvelle-Zélande.
Son autre combat porte sur la concurrence des produits importés, notamment ceux en provenance de Nouvelle-Zélande. Les Néo-Zélandais ont mis au point des méthodes de conservation révolutionnaires pour compenser un transport maritime de longue durée. "La technologie de la réfrigération sous atmosphère contrôlée leur permet de conserver la viande de telle sorte qu'elle est présentée à l'arrivée dans les rayons frais de la grande distribution. C'est légal, mais le consommateur n'en est pas informé", s'insurge-t-il.
Car les prix ne sont pas les mêmes selon que l'agneau est néo-zélandais ou français sous IGP (indication géographique protégée) comme c'est le cas pour l'agneau de Poitou-Charentes, du Périgord, e lait des Pyrénées, de Pauillac. Ces jours-ci, une grande enseigne communique sur de l'agneau néo-zélandais à moins de 6 euros le kilo. Pour de l'agneau français sous signe de qualité, il faut compter au minimum 15 euros.
"Au consommateur de choisir", estime Jean-Marie Salvetat, éleveur à Chavagnac (24). Pour lui, goûter c'est comparer. De son point de vue, l'agneau de nos contrées a tout pour séduire: une "jolie couleur rosée, une texture ferme, un goût léger, subtil, avec des notes de noisette" qui n'ont rien à voir avec les idées reçues de viande "forte".

Agneau "presto"
Jean-Marie Salvetat (FDSEA) juge, lui aussi, la période difficile mais n'est pas trop pessimiste à moyen terme. D'une part, il croit au rééquilibrage des aides PAC "indispensable au maintien des élevages". D'autre part, il mise sur la reconquête du consommateur. "Il n'y a pas de désamour avec l'agneau, mais les habitudes de consommation ont changé", constate Denis Lerouge, de l'agence Camoral qui coordonne la campagne (en cours) "Agneau presto" pour le compte d'Interbev ovins. "Le gigot, l'épaule sont des grosses pièces pas faciles à cuisiner alors que les familles sont plus petites qu'autrefrois. Ce sont les ménages les plus jeunes, ceux dont le chef de famille est âgé de moins de 50 ans, qui mangent de moins en moins souvent de viande d'agneau", explique-t-il. D'où l'idée de proposer "de nouvelles recettes", de "nouvelles découpes" plus adaptées à la demande. Concrètement: "Des pièces à rôtir en moins de trente minutes, des pièces à griller en moins de dix minutes, des portions plus petites jusqu'à quatre personnes maximum." L'agneau veut aussi s'inviter dans le grand concert des grillades d'été. Pâques reste un moment important, mais de nos jours le maître mot est "désaisonnaliser".

(1) Il est l'auteur, avec le restaurateur Jacques Le Divellec, de l'ouvrage "à table avec Jésus, Moïse et Mahomet" (éd. Solar).
Auteur: Jacques Ripoche
Source: Sud-Ouest du 20 mars 2008

- Commentaire

Un gigot sans os, est-ce vraiment un gigot ou... un rôti? Quelle différence de goût? Le boucher, en changeant le nom ne dénature-t-il pas le produit et ne trompe-t-il pas le consommateur sur la nature et la qualité du produit?
Il y a souvent la conjonction de deux acteurs qui ne se comprennent pas et ne se parlent pas: le producteur et le consommateur. L'intermédiaire, le commerçant boucher, constitue un barrage. Pourquoi?
Le producteur cherche à produire de la viande de qualité. On l'y oblige par des contraintes diverses et on l'a convaincu de cette nécessité pour le consommateur: traçabilité, élevage extensif, alimentation des bêtes, etc... tendre vers le bio sans toujours avoir le label et ne pas vendre au tarif du bio pour des raisons économique.

Le consommateur achète en fonction de ses moyens. Il est l'acteur principal du marché. Son budget n'est pas extensible. Ses habitudes alimentaires n'ont pas forcément changé ces 10 dernières années mais il achète de moins grosses quantités pour des raisons économiques ou sociales (personnes seules, couples sans enfants). De plus en plus, les jeunes ménages n'ont pas le temps de cuisiner ou ne savent pas cuisiner. Il s'agit là d'évolutions de modes de consommations et non alimentaires.
Au milieu, il y a le boucher. Souvent le boucher de grande surface dont beaucoup ne sont que des commerçants, pas des techniciens. Leurs objectifs sont simples: chiffre d'affaire et marge. Le reste tel que label, traçabilité, présentation (en fait, la couleur), qualité ne sont que des arguments de vente dont le fond est vrai ou faux, peu importe, l'essentiellement est de pouvoir l'afficher sans être juridiquement inquiété. C'est le cas du label rouge avec l'agneau des Pyrénées qui n'a de Pyrénées que le fait d'y avoir séjourné quelque temps. Mais quel crédit apporter à un agneau de race anglaise (Suffolk) élevé aux produits "Sanders" dans une ferme des Pyrénées pour le vendre au tarif du néo-zélandais dont on ignore tout de la méthode et des moyens d'élevage?
Il faut repenser la filière, envisager des filières courtes où le consommateur puisse directement faire appel au producteur sans intermédiaire qui participe à un accroissement de marge souvent inutile et ne garanti aucune qualité. Il faut peut-être aussi faire confiance et mieux former les artisans bouchers, s'assurer de leur sérieux (le consommateur saura souvent faire la distinction entre un bon et un mauvais) et imaginer que les producteurs de qualité ne vendent plus aux grandes surfaces sauf à des conditions à rediscuter pour ne pas tromper le consommateur.

Louis Dollo, le 10 avril 2008