Ce qui était des traditions ou des accords locaux sont bien souvent devenus des traités internationaux. Nous analyserons toutes ces régles toujours d'actualité à partir des traités frontaliers existant depuis le traité des Pyrénées au XVIIème siècle.
Navarrais et Béarnais étaient réunis hier au col de la Pierre-Saint-Martin pour célébrer l'ancestral traité.
La fête a battu son plein
Les maires des six communes de la vallée du Barétous en écharpe bleu-blanc-rouge. Les "alcade" des sept principaux villages de la vallée de Roncal en costume traditionnel des élus
navarrais. C'est en grande pompe que la 629e cérémonie de la Junte de Roncal s'ouvre sur le sommet du col de la Pierre-Saint-Martin.
Devant les yeux ébahis des génisses en liberté, 5.000 spectateurs ont fait le déplacement afin de célébrer, dans la tradition, le plus vieux traité européen encore en vigueur.
"Ce texte unit les Français et les Espagnols depuis plus de 600 ans. Alors que nous nous entretuions pour des broutilles, il a imposé une paix durable entre les Béarnais et les
Navarrais", explique Dominique, originaire d'Oloron.
A ses côtés, Myriam, une touriste grenobloise, avoue être là, davantage pour le spectacle que pour l'histoire, qu'elle ignorait jusqu'à présent. "Je suis une accro du folklore
navarrais" confie-t-elle. A croire que tout est prévu pour la contenter. Deux troupes traditionnelles espagnoles danseront en costumes d'époque aux côtés de Dançar en Barétous, des
spécialistes du saut béarnais.
Réunis devant la fameuse borne 262 qui marque la frontière entre la France et l'Espagne, les élus prêtent serment de respecter la Junte, de la même manière que leurs homologues en
1375. "C'est une union entre frères de montagne que nous célébrons aujourd'hui" souligne le maire d'Isaba, avant d'ouvrir les festivités.
Parmi elles, "le tribut des trois vaches" remporte un franc succès. Cette tradition consiste à faire venir une quinzaine de génisses âgées de 2 ans. Les élus navarrais en choisissent
trois et soldent ainsi la dette des Français qui traversent la frontière pour faire paâtre leurs troupeaux.
"Elles sont énormes!" s'exclame Noémie, une petite Paloise de 5 ans. Magnifiques, elles le sont sans conteste. Mais le sort qu'on leur réserve aujourd'hui n'est plus le même qu'en
1375, année de l'édit du traité de la Junte. "Elles rentrent tranquillement sur leur pâturage de la montagne de Lèche" précise leur éleveur, Jean-Marc Sarlatte. "Autrefois, on les
donnait aux Espagnols. Aujourd'hui, elles sont évaluées et leur prix est remis en monnaie sonnante et trébuchante" ajoute-t-il. Une tradition perdue.
Auteur: E. A.-C.
Source: Sud-Ouest du 14 juillet 2005