Les éleveurs de l'Ardèche éprouvent aussi des difficultés, comme dans les Pyrénées, qu'il s'agisse de bovins ou d'ovins. Nous essayons ici de donner un apperçu par quelques exemples, sans prétention, trouvés dans la presse.
A Jaunac, quelques kilomètres de pente séparent deux des exploitations les plus importantes de ce pays entre le Cheylard et Saint-Martin-de-Valamas.
Ici, les exploitations se raréfient, doivent se reconvertir ou se tarir; les vocations sont peu nombreuses sur des terres moins disponibles.
C'est que l'élevage a beaucoup évolué au cours des dernières décennies.
Les deux éleveurs jaunacois en témoignent chacun à leur façon. En bas, Jean-Luc Boulon s'est installé avec son épouse il y a 20 ans. Tous deux ingénieurs agricoles ayant de
l'expérience, partis matériellement de zéro dans une ruine héritée. "Nous sommes à la frontière du courant néo-rural et du retour au pays" résume-t-il.
Avec le lait de 90 chèvres et 8 vaches, soit 45.000 litres de lait transformés, il fabrique des fromages en agriculture biologique. Il a aussi des poules, des chevaux, quatre
hectares de châtaigneraie, un petit camping et deux gîtes en cours d'installation.
Son épouse est salariée à la chambre d'agriculture et contribue à l'exploitation. Jean-Luc Boulon trouve le temps d'être maire (c'est son second mandat), de prendre quelque congé
grâce au service de remplacement et continue à afficher la passion de son métier qui fait vivre sa famille.
"On travaille le week-end, le soir (il faut être à la fromagerie à 1 h du matin), on est complètement décalés socialement, mais on fait partie de ceux qui n'attendent pas la fin"
souligne-t-il.
"Avec ça, on vivait mieux que maintenant..."
Plus haut, ce n'est pas la même chanson.
Monique Maza est devenue chef de l'exploitation depuis que son mari Roger est à la retraite. Ils ont pris de plein fouet la cessation du ramassage du lait car ils n'en faisaient pas
la transformation. Eux aussi sont partis de zéro avec 36 hectares, puis une quarantaine de plus, et 8 vaches achetées à la famille, après sept ans passés à l'usine. C'était en 1969.
"Avec ça on vivait mieux que maintenant. Il n'y avait pas toutes ces charges sociales, ces retenues, ces frais d'analyse". Maintenant, c'est pourtant une centaine d'hectares, un
cheptel (en diminution) de 29 bovins et 34 ovins. Les premiers ont été recyclés en viande de boucherie, les seconds pour la plupart en débroussailleurs.
"J'avais ce métier dans les tripes. Je voulais vivre de ce travail. Mais avec les bêtes seulement c'est pas possible. Il faut des aides, une autre rentrée d'argent car il faut
investir. Et quand on emprunte, on ne peut plus partir: on rendait 10.000 F par mois. Aujourd'hui ce serait pas possible... C'est devenu compliqué." confie Roger.
Son épouse indique cependant que les différentes compensations financières et primes constituent plus de la moitié de leurs revenus actuels.
Auteur: Olivier Beylon
Source: Dauphiné Libéré du 30 novembre 2006