Mercredi matin, avait lieu la transhumance des vaches de la Bernatoire. Comme chaque année, ce sont environ 1000 vaches qui quittent la vallée du Rio Ara pour venir pacager sur des estives plus vertes du versant nord en vallée d’Ossoue. Malgré le temps incertain et le brouillard, les randonneurs étaient nombreux pour voir cet événement annuel.
Que ce soit en Aragon (Espagne) ou en France, l’estive est pour l’éleveur la continuité de son exploitation. Leur gestion depuis la nuit des temps, répond à la fois à un besoin économique et à une exigence naturelle: la pousse de l’herbe. Ainsi, le troupeau suit l’herbe et tout est question de gestion de l’herbe.
Les aragonais viennent en France, tout simplement parce que jadis les pastoraux ne connaissaient pas de frontières administratives. Seule l’herbe dictait leur conduite. Moderne avant l’heure ou tout simplement protecteurs naturels de leurs territoires, les éleveurs pyrénéens font de l’agriculture / élevage raisonné depuis bien longtemps.
Ces droits de pacages de part et d’autre de ce qui s’appelle aujourd’hui «la frontière» sont l’application des lies et passeries c’est-à-dire des accords passés entre les communautés rurales des vallées espagnoles et françaises. Ce sont, en fait des sortes de traités de paix perpétuelle entre ruraux. Ces accords règlent l’usage des bois, des eaux et des pâturages. Ils sont apparus autour de l’an 1000. Oraux aux débuts, ces accords deviennent écrits à partir du 14ème siècle. Ces accords deviennent de plus en plus difficiles à renouveler avec les guerres successives entre Rois et finissent pratiquement par disparaitre sous l’Empire. Ils réapparaissent avec le traité de Bayonne, conclu le 2 décembre 1856 et se poursuive de nos jours avec le plus grand bonheur de tous.