En octobre 2005 dans le n° 22 de la revue «La Voie du loup», France Nature Environnement entendait faire front à «une nouvelle offensive des opposants au loup» en remettant en cause le fait que «le pastoralisme est présenté comme le garant de la biodiversité montagnarde» et que le loup soit «comme le responsable de réactions en chaîne néfastes aux équilibres naturels». A cette époque, 13 ans après la soi-disant arrivée du loup dans le Mercantour à grand renfort médiatique, FNE prétendait vouloir «ouvrir le débat et voir ce qui se cache réellement sous ces visions simplistes et manichéennes». En 2004, neuf ans après avoir manifestement pris les éleveurs pour des demeurés, la relecture de ce document ne manque pas de piquant.
Pour réaliser ce document de 2005, FNE est allé chercher des «scientifiques» dont il apparait parfaitement aujourd’hui que ce sont de simples idéologues, militants
d’associations écologistes plus que scientifique. Le plus remarquable d’entre eux est Farid Benhamou qui a obtenu son doctorat dans une pochette surprise en portant au
pilori l’IPHB au sujet de l’ours dans
les Pyrénées. Il n’était que le porte serviette de son directeur de thèse lui-même englué dans une affaire étonnante de cabinet d’étude avec un marché d’un million de francs
pour une étude «partagée» sur l’ours, le pastoralisme et… l’IPHB. FNE présente ce doctorant militant de Férus en estimant que «la première condition à un impact positif du
pastoralisme sur la nature serait une gestion intelligente des ressources naturelles, intégrant la faune et la flore sauvage».
Et il précise: «Condition d’ailleurs incontournable à un pastoralisme durable». En clair, les éleveurs et bergers ne connaissent rien à la nature, ne savent pas gérer leur
milieu qui nourrit leur bête et de plus, ne sont pas intelligent. Voilà une excellente base «pour ouvrir le débat» avec les acteurs du pastoralisme. Faut-il rappeler à
l’extrême intelligence de FNE, que les éleveurs et bergers sont présents depuis plusieurs millénaires sur ces territoires, avec des pratiques très semblables depuis la nuit
des temps et que des gens venus d’ailleurs avec leur intelligence ont découvert des espaces préservés au point de vouloir en faire des parcs et réserves. Si ces espaces
sont ce qu’ils sont aujourd’hui, ce n’est pas grâce à FNE, ses scientifiques et autres parcs et réserves…. Mais jusqu’à quand?
Et Michèle Evin, telle une vierge outragée de l’écologie, dresse un «bilan accablant…. Sur le surpâturage dans les Alpes du sud». FNE estime que: «On a plutôt l’impression que bergers et éleveurs scient allègrement (et inconsciemment) la branche sur laquelle ils sont assis». Au lieu de faire un bilan, un simple constat, il aurait sans doute été plus intelligent pour ces sommités de l’intelligence comparées à ces demeurés de paysans, d’analyser les raisons du surpâturage, de l’érosion par piétinement des bêtes, de l’abandon de certains quartiers, etc…. Ça c’est le CERPAM qui le fait depuis de nombreuses années. Et là encore, FNE ferme le débat puisque le débat n’est possible qu’avec leurs idées et leur théorie sans se soucier de l’existence du CERPAM et des rapports qu’il a pu produire.
Mais un tel dossier ne pouvait pas se passer de l’éclairage du grand spécialiste des rapaces du PNR du Vercors Jean-Pierre Choisy, par ailleurs partisan du «rewilding». Avec le vautour et des paysages ensauvagés, tout est possible puisqu’il n’y a plus de pastoralisme.
Prendre Yellowstone comme exemple est assez remarquable lorsque nous savons qu’il n’y a pas d’élevage dans le Parc et que des centaines de loups sont tués chaque année pour réguler l’espèce. Curieusement, cet aspect des choses n’est pas abordé.
Dans tout rapport écologiste, le mensonge et la manipulation font partie des règles de rédaction et de gouvernance. Ainsi donc il existe «une ombre au tableau». Et pas la moindre: «L’usage avéré du poison destiné à éliminer les carnivores, dont le loup, (y a-t-il beaucoup d’autres carnivores??) représente une menace de taille pour les vautours et l’ensemble de la chaîne alimentaire…». Il y a néanmoins un problème. On ne découvre pas de loups et vautours empoisonnés tous les ans. Il ne doit donc pas y en avoir beaucoup. De plus, ces deux populations sont officiellement en expansion. Donc le poison ne doit pas être un réel problème.
Ce dossier de FNE de 2005 est en fait une charge contre le pastoralisme. Les éleveurs et bergers gênent dans la nature. Tous les moyens pour les éliminer sont bons. Ici, ils ne servent pas à la biodiversité alors que ce fut le cas depuis plusieurs milliers d’années. Pourquoi ce brusque changement? En 2014, les écologistes sont toujours sur cette position. Ils restent sur leur position de réensauvagement des milieux prévu dans un document du WWF / UICN de 1997. A cet effet, l’ASPAS a d’ailleurs acheté une propriété dans le Vercors.
Face à une telle idéologie de l’écologie profonde, il est curieux de voir les représentants des éleveurs continuer à dialoguer pour rien et s’assoir à la même table, depuis plus de 20 ans, que ceux qui veulent leur disparition. Cette absence de fermeté de l’élevage alpin en même temps que l’absence de plans et projets de développement du pastoralisme conjointement avec un tourisme durable ne contribuent pas au maintien d’un pastoralisme et d’une ruralité vivante bénéfique à la biodiversité autant qu’aux paysages. Peut-on espérer un sursaut face à cette idéologie écologiste destructrice, humiliante et insultante? Les éleveurs continueront-ils à laisser les écologistes agir de cette manière?
Si dans les Pyrénées la réponse a été donnée sans ambiguïté à l’occasion de la manifestation du 28 juin à Foix, elle est moins évidente dans les autres massifs à l’exception du Massif Central.
Louis Dollo, le 2 juillet 2014
Pastoralisme et biodiversité selon les écologistes de France Nature Environnement - Octobre 2005