Dans un article du 7 novembre 2014, Fabrice Nicolino nous rappelle qu’il a découvert les Pyrénées et les Pyrénéens en 2008. A cette occasion nous ressortons l’article qu’il avait écrit et les commentaires que nous avions fait en pleine crise de l’ours après les lâchers contestés de 2006. Cet épisode est assez comique. Il donne l’impression de s’être trompé d’adresse à Siger en allant chez Olivier Ralu, co-président de l’ASPAP. Peut-être aurait-il préféré aller chez Catherine Brunet? Depuis cette visite, il n’est pas certain qu’il ait bien compris les problèmes des éleveurs confrontés aux grands carnivores prédateurs qu’il s’agisse des ours ou des loups. Ses propos se passent de commentaires et nous renvoient à ceux formulés 6 ans plus tôt.
....... Avant de dire un mot sur le fond, une anecdote. Il y a une dizaine d’années, j’étais en reportage dans les Pyrénées pour le magazine Terre Sauvage. Le sujet? L’Ours, autre magnifique mal-aimé. La Confédération paysanne - déjà - était très majoritairement contre. Dans l’Ariège, où je me trouvais, il n’y avait qu’une poignée de valeureux, plaidant pour une «cohabitation pastorale». Je me devais d’aller interroger ceux qui refusaient dans les alpages la présence du Moussu, ce Monsieur-Ours, comme il a été si longtemps appelé dans les hautes vallées.
Un samedi après-midi, je téléphonai à un éleveur de brebis installé au-dessus d’Ax-les-Thermes, membre de la Confédération paysanne, néo-rural ainsi qu’on désigne ces anciens jeunes venus des villes après le grand ébranlement de 68. Nous prîmes rendez-vous chez lui pour le lendemain dimanche, au matin, et j’arrivai tranquillement, ravi par la beauté des lieux, oubliés au fin fond d’une vallée perdue. J’arrêtai ma voiture, l’éleveur vint m’accueillir, mais sans me dire qu’à l’intérieur, il y avait un comité d’accueil, et quel! Une dizaine d’éleveurs avait fait le déplacement, et je dois dire qu’ils étaient très énervés, énervés contre moi. J’avoue que je ne compris pas, mais comme j’ai connu divers moments de haute tension dans ma vie, je compris vite qu’un mot de travers pouvait faire valser les tables et le journaliste que j’étais. Je commencai donc un discours «diplomatique», sans voir tout d’abord que le maître de maison se rapprochait d’une table portant un fax, car on était encore à l’heure du fax.
Je continuai à parler, étalant mon empathie et ma compassion pour le sort des éleveurs et le malheur des brebis éviscérées, et ce n’était au fond pas difficile, car je ne jouais pas. J’étais sincère. Mais j’entendis tout à coup, dans la pièce, à haute voix, les premières lignes d’une chronique que je reconnus aussitôt. Malédiction! Le fax avait chauffé et fait atterrir chez mon éleveur la copie de ce texte, paru deux ou trois ans avant, dans lequel je moquais ouvertement la Confédération paysanne et son refus de défendre les ours et les loups. Aïe! Aïe, aïe, aïe! Pour être franc, je me vis assez mal barré. Je m’en sortis je ne sais plus comment, mais je me revois commenter des photos de brebis éventrées en promettant d’en parler dès le début de mon reportage.
Et je le fis, car je suis et demeure Sensible à la souffrance réelle que peuvent avoir des éleveurs dont les troupeaux sont régulièrement visités par des loups ou des ours. Ce n’est pas un rôle de composition. Il faut tenir compte de cette dimension psychologique si pesante, et ouvrir une discussion de longue durée, conduisant, ainsi que je j’ai écrit tant de fois, à un pacte national entre la société et les éleveurs. Si la première veut vraiment - et il faudra bien le prouver - des loups et des ours, alors elle doit trouver les mots et moyens pour montrer sa sincérité aux seconds.
Même si nous en arrivons là un jour, cela n’effacera pas la peine, le découragement, la colère de cette (petite) fraction des éleveurs qui aiment réellement la montagne, la campagne, leurs bêtes. Et c’est à ce moment-là que je me désigne à mon tour comme une cible, car voici : l’émotion n’est heureusement pas tout. Je comprends ainsi celui qui a envie de buter le salopard qui a tué son épouse ou violé son gosse. Et je comprendrais même celui qui passerait à l’acte. Mais par chance, la société s’interpose par la loi, et refuse la peine de mort. Il en va de même pour toutes les questions, aussi dérangeantes soient-elles. Prétendre régler le sort du sauvage - je parle du vrai sauvage, celui qui dérange les activités humaines - en s’appuyant sur la seule émotion de quelques acteurs en effet victimes, c’est le degré zéro de la politique.
Il est effarant que des supposés altermondialistes veuillent fonder un point de vue général sur des phénomènes de cette nature. Au passage, il est marquant de voir l’union nationale réalisée sur le dos de la Bête. Si les esprits fonctionnaient normalement, il est certain qu’un José Bové et tant d’autres s’interrogeraient davantage sur cette quasi-unanimité, qui relie les plus obtus de nos contemporains - ceux par exemple qui ont tabassé à Nantes de pauvres ragondins (ici) et ceux qui affirment vouloir régler les si graves problèmes de l’humanité.
C’est finalement simple: j’affirme qu’il existe en la matière un principe supérieur, dans le cadre duquel tout doit être pensé. Et ce principe, c’est celui de la biodiversité. J’en ai tant marre, des proclamations, des conférences et des larmes de crocodile.
Auteur: Fabrice Nicolino
Source: Extrait de "L’émotion doit-elle conduire le monde (à propos du Loup)?" paru
dans Planète sans visa du 7 novembre 2014
Six ans après sa visite dans les Pyrénées, Nicolino n’a toujours rien compris. Continuer à écrire: «…la colère de cette (petite) fraction des éleveurs qui aiment réellement la montagne, la campagne, leurs bêtes». Une «petite fraction d’éleveurs» capables de réunir plus de 7 000 personnes dans des manifestations, organiser des événements comme les Pastoralies avec plus de 10 000 participants, etc…. Et qu’a fait «la grande fraction» supposée? Une manifestation de 500 personnes, des automnales aux résultats plus contrastés, etc…. Si la démocratie se résume à accepter les exigences suicidaires d’une minorité agissante…
Le résultat en 2014 c’est plus d’introductions…. Et même si cela désole Nicolino, la grande majorité des Pyrénéens s'en réjouit. Et c’est l’essentiel. L’avis de Nicolino n’a pas grand intérêt. Les Pyrénéens ne veulent pas être les derniers indiens à vivre dans le sauvage rêvé par un journaliste qui est loin, très loin des territoires qu’il voudrait voir sauvages.
Voilà des millénaires que les hommes ont fait les paysages pyrénéens que nous connaissons, des millénaires que ces montagnes sont habitées et ne sont plus sauvages, admettez au moins que le summum de la réflexion politique est de laisser décider de leur avenir ceux qui vivent sur ces territoires et non laisser décider ceux qui n’y sont, à aucun moment, attachés.
Si le «principe supérieur, dans le cadre duquel tout doit être pensé» selon Fabrice Nicolino est «celui de la biodiversité» et bien les Pyrénéens ne l’ont pas attendu. S’il est reconnu qu’aujourd’hui les Pyrénées disposent d’une biodiversité remarquable à préserver, ce n’est pas le fait de Nicolino, son courant de pensée, des écologistes ou des mesures de protection de ces dernières années, c’est uniquement le fait des femmes et des hommes, des bergers et leurs bêtes qui ont su façonner une diversité de paysage et entretenir un milieu. Et ils ont bien l’intention de poursuivre sans les réflexions de Nicolino. C’est ce qu’on appelle "la stratégie pyrénéenne de valorisation de la biodiversité".
Louis Dollo, le 8 novembre 2014
Au début de 2002, alors que la neige était encore installée en Ariège, en quelques lieux du moins, je me suis rendu un dimanche matin - je crois - chez Olivier Ralu. Je ne le connaissais pas. Je savais juste qu’il était un éleveur de brebis, et un virulent opposant à la présence de l’ours dans les montagnes avoisinantes. Moi, j’essayais de mieux comprendre la haine séparant les partisans de la cohabitation et les autres.
Je revois les immensités d’herbe qui couraient sous le col Dolent, au bout de la piste menant chez l’éleveur. C’était beau, poignant, c’était un monde. Mais à part cela, je dois dire qu’on m’attendait de pied ferme. Ce n’était pas un guet-apens, pas tout à fait. Ralu n’était pas seul, et avait prévenu ses copains de l’ Association pour le développement durable de l’identité des Pyrénées (Addip), violemment anti-ours. Les premières minutes furent tendues, oui tendues. J’étais seul en face d’une franche hostilité. Ralu s’était fait envoyer le fax d’un mien article, dans lequel je moquais en grand la Confédération paysanne. Celle de Bové, oui, qui à l’époque semblait unanime dans sa condamnation de l’ours. Or Ralu était de la Conf’. Un syndicat de gauche. Un syndicat écolo. J’étais l’ennemi parigot de tout ce que ces gens avaient construit là-haut dans les alpages.
Ce matin-là, on me sommait de m’expliquer, et j’étais embêté. Car sincèrement, je n’ai jamais considéré que la vie pastorale dans une zone où vivent des ours est toute facile. De leur côté, Ralu et les siens - je crois me souvenir du ton extrême d’Hélène Huez et, à un degré moindre, de celui de Dominique Destribois - hurlaient, tempêtaient, montraient des photos de brebis égorgées. Si l’un(e) ou l’autre lisent ces lignes, qu’ils sachent que je ne me moque pas d’eux. Au reste, je crois qu’ils le savent, car j’ai ensuite écrit un article (dans Terre Sauvage) qui leur rend, je le pense en tout cas, certaine justice.
Il est étonnant que Fabrice Nicolino fasse l’ignorant quant au rôle majeur tenu par Olivier Ralu, Hélène Huez et Dominique Destribois.
Tous les trois ont joué un rôle déterminant dans la création de l’ASPAP et de l’ADDIP avec quelques autres dès 2000 donc depuis plus de 8 ans par rapport à la visite de Nicolino. Mieux encore, Olivier Ralu, habitant de Siger, "voisin" de Catherine Brunet, pro-ours et, à l’époque, présidente de l’ACP, était un des trois co-présidents de l’ASPAP. Avec Hélène Huez, ils sont administrateurs de la coordination pyrénéenne ADDIP.
A noter également qu’Hélène Huez est une des 10 condamnées de Saint Gaudens pour avoir relooké la fontaine d’Arbas en 2006 au cours d’une manifestation dans le village pro-ours. Cette affaire avait fait suffisemment de bruit pour qu'un journaliste avisé comme Nicolino ne le sache pas.
La notion de confédération paysanne = altermondialiste = écolo = pro-ours n’existe pas dans les Pyrénées au sujet de l’ours. Preuve d’une quasi-unanimité contre les introductions volontairement niée par les pro-ours et leurs propagandistes comme Fabrice Nicolino qui n’est pas dans son rôle de journaliste mais dans celui de militant. On comprend mieux pourquoi et comment l’opinion a été manipulée en faveur de l'ours.
Nous observons que quelques semaines plus tard, le 24 octobre 2008, Fabrice Nicolino écrit: "Louis Dollo et la haine de la nature". Sachant que je partage les mêmes idées qu'Olivier Ralu, Hélène Huez et Dominique Destribois dans les mêmes associations, nous pouvons apprécier soit le comportement de "faux cul" de Nicolino soit son très haut niveau d'ignorance lorsqu'il écrit un article.
Cela ne m’empêchera jamais de défendre autant que je le peux la présence de TOUS les animaux possibles et imaginables, partout où l’incroyable arrogance des humains le permet. Partout, et bien sûr dans ces montagnes pyrénéennes où les ours sont chez eux sans contestation possible. Là-bas, il est manifeste qu’ils sont devenus malgré eux le porte-parole d’une armée de ventriloques. Je vais m’expliquer, rassurez-vous.
Sommairement, il existe deux groupes de pression politique qui veulent la peau de l’ours (il en reste chez nous moins de 20, la plupart immigrés de Slovénie, réintroduits donc). À l’ouest de la chaîne, en Béarn, le député Jean Lassalle, grand copain de Bayrou. Depuis qu’il s’est emparé du dossier, il y a une quinzaine d’années, l’ours autochtone des vallées d’Aspe et d’Ossau s’est rapproché à pas rapides de l’extinction pure et simple. Deux ou trois y survivent peut-être. Il y aurait un pamphlet à faire contre Lassalle, mais les lecteurs manqueraient. Sachez qu’il fut un fervent défenseur du tunnel du Somport, qui devait - mais si - «désenclaver» la vallée d’Aspe et conduire ses habitants à Pau à la vitesse du gave, le torrent du coin. Pauvre garçon.
Lassalle sera passé des dizaines (des centaines?) de fois à la télé grâce à l’ours, qui lui a fait un nom. Serait-il député sans l’animal? Je n’en jurerais pas. Car l’ours est le «bon client» par excellence des médias locaux et nationaux. L’imaginaire de pacotille que les journalistes y ajoutent - pâturages, bergers, flûteaux, clochettes et cabanes - permet de ne pas trop se fouler l’esprit à la recherche d’un autre sujet. Lassalle doit (presque) tout à l’ours.
Côté Est, côté Ariège cette fois, il faut citer Augustin Bonrepaux. C’est un socialiste à la mode locale, et ce n’est pas un compliment. Député à six reprises - il ne l’est plus -, longtemps président du Conseil général, il aura passé les dernières années de sa vie politique active à brailler contre l’ours. Encore faudrait-il décrire comme! Car ici, l’ours d’origine n’est plus depuis des décennies. Ceux qui s’y trouvent, je l’ai dit plus haut, ont été ramenés en camion depuis la Slovénie. En Ariège, l’ours est un immigré de fraîche date, dont les papiers sentent le faux. Je vous laisse penser la suite.
La fable est heureuse: l’Ariège de gauche et le Béarn de droite détestent donc l’animal sauvage. Entre les deux Excellences que je vous ai brièvement présentées, une microsociété de braillards. L’Addip déjà citée comprend en son sein des associations locales, dont l’Aspap (Association de Sauvegarde du Patrimoine d’Ariège-Pyrénées). Son responsable, Philippe Lacube, est désormais le président de l’Addip et représente donc le combat de la société authentique contre notre grand voyou. Lisez plutôt la phrase-fétiche de l’Aspap, qu’on retrouve à l’entrée de son site Internet (ici): «L’introduction et l’expansion des grands carnivores menacent le modèle pastoral pyrénéen, patrimoine et avenir d’un espace montagnard pour tous». Franchement, ça me fait rire. Les ennemis de l’ours, dont beaucoup des plus actifs sont des soixante-huitards venus dans les Pyrénées après la révolte d’il y a quarante ans, sont souvent des comiques.
Ainsi donc, 18 ours menaceraient le modèle pastoral pyrénéen. L’ami Alain Reynes - un abrazo, cher Alain - dirige depuis le petit village d’Arbas l’association du Pays de l’Ours-Adet, favorable à l’affreux carnivore. Arbas a pour maire un homme que j’estime beaucoup, François Arcangeli - otro abrazo, François - dont les rues calmes ont été dévastées le 1er avril 2006 par les copains de Lacube. Dévastées, je répète: outre de gentilles menaces de mort, les gens de l’Aspap s’en étaient pris ce jour-là à des bâtiments, jetant du sang, des pierres, des pétards contre la mairie et brûlant une belle statue en bois de l’ours, installée au beau milieu d’Arbas.
Alain Reynes vient de m’envoyer un communiqué de l’Adet (ici) que je trouve formidable, et qui m’a décidé à écrire cet article. Voyez-vous, la FCO vient de lancer une énième attaque contre les brebis des Pyrénées. La FCO, c’est la Fièvre catarrhale ovine, autrement appelée maladie de la langue bleue. Des dizaines de foyers d’une souche de type 1, très virulente, ont été découverts, notamment en Ariège et en Haute-Garonne, deux pays de l’ours. Véhiculé par un moucheron (Culicoides imicola), qui d’habitude demeure en Afrique du nord, le virus aurait déjà coûté bien davantage aux élevages des Pyrénées ces derniers jours que l’ensemble des ours en dix ans. C’est ce qu’écrit Alain dans le communiqué de l’Adet, et comme j’ai grande confiance en lui, je sais qu’il dit vrai.
Il accuse au passage - et comme j’en suis d’accord! - les opposants à la présence de l’ours d’être incapables de défendre les intérêts de la montagne et du pastoralisme. La question est certes redoutablement complexe, et dépasse le cadre de ce blog. L’association d’Alain, l’Adet elle-même, n’est au mieux qu’un ferment, le ferment d’un avenir possible pour les Pyrénées, avec l’ours bien sûr. En l’occurrence en tout cas, cette fin d’été rappelle quelques fortes évidences. L’ours n’est pour certains qu’une peau sous laquelle il est aisé de camoufler sa véritable identité. L’ours n’est jamais que l’émissaire d’une folie aussi vieille que notre espèce. L’ours est l’objet d’une haine recuite et proprement anthropologique.
Remarquez-le avec moi: depuis qu’il a commencé sa conquête du monde, l’homme ne s’est pratiquement jamais arrêté. Il est au désert, sur la banquise, dans les îles, au coeur des villes, il chasse jusqu’au profond des plus profondes forêts. Dans les Pyrénées, non. Pour des raisons locales et conjoncturelles, là, et pour la première fois depuis le Néolithique, il recule et baisse pavillon. Les humains de cette antique montagne sont descendus d’un cran, et n’occupent plus comme avant les hauteurs, les prés d’altitude, les abords des hêtraies. On appelle cela la déprise. On appelle cela l’exode. C’est une fuite.
Moi, je gage qu’une obscure souffrance, hideuse mais fondamentale, est au centre de la controverse sur l’ours. Ceux qui veulent la mort de l’animal n’acceptent pas de lui laisser la place. Dans les tréfonds, il y a comme le refus du moindre recul, le dégoût de cette défaite pourtant dérisoire contre le sauvage. La nature, la vraie, la seule, celle qui vit sans rien demander à personne, voilà le grand ennemi. Le reste, tout le reste n’est que fable et pauvre littérature. Il était une fois un moucheron qui faisait bien plus de mal qu’un ours. Mais qui passait moins bien à la télévision.
Auteur: Fabrice Nicolino
Source: Planète sans visa du 30 août 2008
Nous reproduisons les 41 commentaires publiés à la suite de l’article de Fabrice Nicolino d’août 2008 dans «Planète sans visa»: "Le méchant ours et le pauvre moucheron (fable des Pyrénées)"
Nous observons que quelques semaines plus tard, le 24 octobre 2008, Fabrice Nicolino écrit: "Louis Dollo et la haine de la nature". Voilà une ouverture d'esprit pour un dislogue constructif qui en dit long
D’une manière générale, nous pouvons noter que les commentaires n’ont duré qu’un mois et que les commentateurs sont pratiquement tous anonymes ce qui montre le courage que ces personnes ont pour exposer leurs idées souvent surréalistes lorsque nous lisons: «ce n’est peut-être pas une expérience mystique, mais spirituelle, assurément». Il est assez peu probable que, confronté à beaucoup plus de réalisme, l’éleveur-berger des Pyrénées philosophe sur ce sujet. C’est bien là que nous prenons conscience que cette affaire d’ours n’a strictement rien à voir avec la réalité et a été conduite par des personnes qui sont totalement déconnectée de la réalité pyrénéenne. Pour simplifier nous ne reprendrons que ce dernier commentaires, les autres étant du même jus, les éleveurs / bergers opposants à l’ours étant beaucoup plus occupés par leurs bêtes qu’à palabrer sur le Web pour faire valoir leur position.
L’auteur du commentaire ne fait aucune distinction entre le «Patou», Berger des Pyrénées, qui est un chien dit de protection et le «Labrit», chien de troupeau pour le travail et non la protection, auquel il est préféré le «border» plus efficace.
Lorsque l’auteur parle de «territoire de l’ours», de quoi parle-t-il? L’ours avait-il un territoire délimité par des frontières? Il est évident que non. Parler en ces termes est totalement stupide et déconnecté de la réalité.
Pour ce qui est de la taille des troupeaux, il est assez peu probable que les éleveurs et bergers reviennent au travail du Moyen Âge. Si jadis on vivait bien avec 50 brebis, le contexte économique national, européen et mondial, ne le permet plus. Ce n’est pas la faute aux Pyrénées mais aux penseurs économiques. Les éleveurs pyrénéens ne font que s’adapter. Par ailleurs, il faut rappeler, que les défenseurs de l’ours, qui ne sont pas des professionnels de l’élevage, (même jamais) préconisent le regroupement des troupeaux pour lutter / cohabiter avec l’ours en ayant un seul berger, une seule cabane, un seul enclos…. Un système économique contre nature qui veut que les bêtes soient en liberté pour éviter le stress et mangent librement à leur guise, sans contrainte, et profitent au mieux. Une fois de plus, nous voyons que le commentateur parle sans rien connaître.
Quant à l’historique qu’il fait, il oublie un point essentiel toujours passé sous silence: la chasse et la possibilité de se défendre. Outre le fait que les archives nous prouvent qu’il y a eu des morts et des blessés du fait de l’ours, mais aussi du loup, il était possible d’abattre un ours perturbateur et de le chasser. Les chasseurs tuant des ours étant même primés par l’Etat. Un chasseur d’ours dans les vallées était un héros. Aujourd’hui, on le considère et on le traite comme un criminel. Face à cette multitude de commentaires de la part de personnes qui affirment sans savoir, nous en arrivons à un véritable lavage de cerveau qui ne correspond à aucune réalité, aucune donnée technique, aucune référence historique. La parole du dernier des bouffons qui a parlé devient une vérité. C’est sur ces bases ahurissantes, ne tenant aucun compte des avis et observations des éleveurs pyrénéens ou autres, que la politique d’introduction d’ours et de cohabitation s’est construite.
Louis Dollo, le 10 janvier 2009