Selon une nouvelle étude, abattre des loups fait souvent augmenter le nombre d’attaques
L’abattage des grands prédateurs fait augmenter ou reste sans effet sur le nombre d’attaques du bétail dans plus de 70% des cas: c’est ce que démontre l’étude publiée jeudi dans la
revue Frontiers in Ecology and the Environment. A l’inverse, les méthodes
préservant la vie du loup, comme la protection des troupeaux, permet de réduire le nombre d’attaques sur le bétail dans 80% des cas étudiés.
Dans le monde entier, autorités, chasseurs et éleveurs recourent par réflexe à la solution de facilité, qui consiste à abattre les prédateurs tels que les ours, les loups ou les
grands félins, pour éviter les dommages aux troupeaux. Les nouveaux résultats qui viennent d’être publiés montrent toutefois qu’en agissant ainsi, ils créent souvent plus de
problèmes qu’ils n’en règlent.
L’équipe internationale de recherche a analysé les résultats et la pertinence de diverses études réalisées en Amérique et en Europe. Les résultats relevés en Afrique et en Asie
confirment également ces conclusions.
Si les résultats principaux de l’étude ne sont pas nouveaux, la base de données internationale et complète sur laquelle ils reposent les rendent plus clairs que jamais:
Sur la base des connaissances actuelles, les chercheurs recommandent aux autorités et aux décideurs de renoncer à abattre les prédateurs pour éviter les attaques.
Pour la période juillet 2016 – juin 2017, les abattages de loups sont autorisés par dérogation sur arrêté préfectoral, jusqu’à un nombre maximum de 36 individus dans 20 départements français. Chaque année, ce plafond est révisé à la hausse. L’estimation du nombre de loups en France par les services de l’Etat montre une stagnation des effectifs, alors que le nombre d’attaques continue de progresser significativement ces dernières années (+5% en 2015). A longue échéance, les tirs ne sont pas la solution. Seuls la mise en place avérée et le suivi de mesures de protection des troupeaux pourront permettre une cohabitation pérenne entre l’Homme et l’animal.
Le 24 août, le Conseil fédéral suisse a ouvert la procédure de consultation pour la révision de la loi sur la chasse. La proposition de loi prévoit que les loups puissent bientôt
être abattus à titre préventif dans le but d’éviter les dégâts aux troupeaux. Dans un premier temps, seul le loup, prédateur protégé, doit figurer sur la liste des animaux à abattre.
Mais le lynx et d’autres espèces protégées pourraient bien le rejoindre prochainement.
Il ne faut pas non plus oublier que les grands prédateurs vivant dans l’espace alpin transfrontalier sont des espèces fortement menacées de disparition. Les expériences décidées à la
hâte n’ont pas leur place dans ce contexte. Dans le cas du loup en particulier, la décimation de sa population consiste, dans la pratique, à des tirs non spécifiques. Dans pareil cas,
le danger est grand que des individus jouant un rôle essentiel dans la structure familiale et la recherche de nourriture soient tués. Le risque d’aggraver la situation au lieu de
l’améliorer est trop important.
Treves, A., Krofel, M., McManus, J. (equal co-authors) 2016 Predator control should not be a shot in the dark. Frontiers in Ecology and the Environment (September 2016 issue)
Source: W.W.F. du 7 septembre 2016
Résumé
Les propriétaires de bétail utilisent traditionnellement diverses méthodes non létales et mortelles pour protéger leurs animaux domestiques contre les prédateurs sauvages.
Toutefois, bon nombre de ces méthodes sont mises en œuvre sans considérer d'abord la preuve expérimentale de leur efficacité dans l'atténuation des menaces liées à la prédation
ou éviter la dégradation écologique. Pour éclairer les politiques et les recherches futures sur les prédateurs, nous avons systématiquement évalué des preuves pour les
interventions contre carnivore (canidés, félidés et ursidé) la prédation sur le bétail en Amérique du Nord et les exploitations agricoles européennes. Nous avons également
examiné une sélection de tests provenant d'autres continents pour aider à évaluer la généralité globale de nos conclusions. Douze essais publiés - représentant cinq méthodes non
létales et 7 méthodes létales - répondaient à la norme acceptée de l'inférence scientifique (assignation aléatoire ou quasi-expérimental cas-témoins) sans biais dans
l'échantillonnage, le traitement, la mesure, ou de rapports. Parmi ces douze, la prévention de la prédation du bétail a été démontrée dans six essais (quatre non-létale et deux
mortels), alors que l'augmentation de la prédation contre-intuitifs ont été présentés dans deux essais (zéro non létale et deux mortels); les quatre (un non-létale et trois
létale) restant a montré aucun effet sur la prédation. Seules deux méthodes non létales (un associé avec des chiens d'élevage-garde et l'autre avec un moyen de dissuasion visuel
appelé "de fladry") traitements assignés au hasard, à condition inférence fiable, et ont démontré des effets préventifs. Nous recommandons que les décideurs de suspendre les
efforts de lutte contre les prédateurs qui manquent de preuves de l'efficacité fonctionnelle et que les scientifiques mettent l'accent sur les normes rigoureuses des preuves
dans les tests de contrôle des prédateurs.