Si Jean-Louis Borloo estime qu'il y a un malentendu c'est que probablement il a mal expliqué. Mais pour avoir autant de mécontents qui n'ont manifestement rien compris,
c'est qu'il y a un problème qu'il lui appartient de régler au lieu de se limiter à le commenter.
Il faudrait, peut-être aussi, penser que l'agriculture n'est pas une activité uniforme. Contrairement à l'industrie et au commerce, elle dépend des conditions météo, de
la géographie, du lieu, de l'altitude, du type de production, des uses et coutumes, etc...
L'agriculture française est diversifiée et a une histoire.
Ce sont des éléments dont il faut savoir tenir compte afin de laisser à chacun la possibilité de s'adapter dans un même but.
Le Grenelle de l'environnement, ce n'est "que des aides pour l'agriculture", a estimé mardi le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, jugeant qu'il y avait sur ce sujet un réel "malentendu".
"Prenez l'exemple de l'agriculture, (...) c'est le prototype du malentendu", a-t-il déclaré en marge d'un point de presse sur les enjeux du projet de loi Grenelle 2 qui doit être
examiné à partir de mardi par les députés.
"Le Grenelle c'est, jusqu'à nouvel ordre, que des aides pour l'agriculture", a-t-il affirmé.
"Des aides pour des agriculteurs qui veulent faire évoluer leur modèle - je ne dis pas qu'ils doivent tous le faire -, des engagements d'achat des cantines pour les agriculteurs,
des aides fiscales quand on fait la mutation, des tarifs de rachat de l'électricité pour les exploitations agricoles", a-t-il détaillé.
"Tout cela, ce sont des aides à l'agriculture. Et puis il y a des points complémentaires comme les bandes enherbées le long des cours d'eau. Ce n'est pas cela qui crée la
crise agricole. Mais il y a une forme d'amalgame", a-t-il ajouté, tout en soulignant qu'il "comprenait" la crise agro-alimentaire.
"On fait souvent porter au Grenelle des maux dont il n'est pas responsable", a déclaré la secrétaire d'Etat, Chantal Jouanno, en réponse à une question sur la colère des
agriculteurs français.
Plusieurs milliers d'agriculteurs, céréaliers pour la plupart, ont défilé mardi dans Paris pour protester contre la baisse de leurs revenus. Ils ont dénoncé la baisse des
cours mondiaux des céréales ou encore ce qu'ils estiment être un excès de règles environnementales avec des slogans tels que "Sarko + Borloo = revenu 0".
"Il faut faire une pause dans tous ces règlements environnementaux que l'on nous impose et bien réfléchir aux conséquences", a ainsi demandé un manifestant de Poitou-Charentes
à la sono.
La place réservée à l'agriculture dans le Grenelle de l'environnement est un sujet sensible.
Début mars, une petite phrase de Nicolas Sarkozy au Salon de l'agriculture avait provoqué de vives réactions chez certains acteurs du Grenelle. "Je voudrais dire un mot de
toutes ces questions d'environnement. Parce que là aussi, ça commence à bien faire", avait-il lancé.
Les défenseurs de l'environnement avaient immédiatement dénoncé un coup de canif dans le Grenelle, certains y voyant une "trahison" par rapport à la "révolution verte" promise
en 2007 par le chef de l'Etat.
Source: Agrisalon du 27 avril 2010