Ci-dessous le communiqué de presse du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) présentant le rapport (en anglais) sur les services essentiels à l'humanité fournit par le pastoralisme et pouvant contribuer à la transition vers une économie verte. Malheureusement, en Europe, et en France en particulier, on privilégie le tout sauvage et les grands prédateurs au détriment du pastoralisme. Pourquoi? Voilà une des grandes ambiguïtés de l'UICN parmi beaucoup d'autres.
Selon un nouveau rapport publié par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et l' Union internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), le pastoralisme - la production extensive de bétail dans les pâturages - offre d'énormes avantages à l'humanité et devrait être considéré comme un élément majeur de la transition mondiale vers une économie verte.
Lancé lords de la 3ème Conférence scientifique de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) à Cancun, Le pastoralisme et l'économie verte - un lien naturel, souligne le rôle du pastoralisme dans la sauvegarde du capital naturel présent dans un quart de la superficie des terres de la planète.
Le rapport constate que le pastoralisme durable dans les écosystèmes de grands pâturages libres tels que les prairies désertiques, les forêts et les steppes préserve la fertilité des terres et le carbone présent dans sol et contribue à la régulation de l'eau et à la conservation de la biodiversité. Les autres avantages qu'il présente se trouvent sous la forme de produits alimentaires de grande valeur.
Le pastoralisme est pratiqué par près d'un demi-milliard de personnes à travers le monde. Malgré ses avantages évidents, des décennies de sous-investissement ont érodé ce mode de vie dans de nombreux pays en développement. Afin d'inverser ce déclin et de profiter du potentiel de l'économie verte du pastoralisme, un leadership et la mise en?uvre d'un cadre de développement global pour le pastoralisme durable seront nécessaires, montre le rapport.
«Alors que le monde devient de plus en plus mécanisé et industrialisé pour la poursuite du progrès, il est facile d'oublier qu'il y a beaucoup à apprendre des modes de vie traditionnels comme le pastoralisme» a déclaré le Sous-secrétaire général de l'ONU et directeur exécutif du PNUE, Achim Steiner. «En effet, un demi-milliard de pasteurs à travers le monde se battent pour maintenir un mode de vie qui est beaucoup plus compatible avec les objectifs de l'économie verte que beaucoup de nos méthodes modernes d'élevage du bétail.»
«Alors même que les économies en développement progressent et que les classes moyennes augmentent, la demande en protéines animales va également croître.» a t-il ajouté. «À l'aide de politiques intelligentes, ciblées, une attention au pastoralisme réaffirmée peut jouer un rôle important pour répondre à cette demande tout en protégeant les services écosystémiques, la biodiversité des grands pâturages libres et réduire les gaz à effet de serre émis dans l'atmosphère.»
La séquestration du carbone fournit un bon exemple de la façon dont le pastoralisme peut contribuer à l'économie verte. Les pâturages recouvrent cinq milliards d'hectares dans le monde et séquestrent entre 200-500 kg de carbone par hectare et par an, jouant un rôle de premier plan dans l'atténuation du changement climatique. Jusqu'à 70 % du carbone présent dans le sol des terres arides peut être perdu en cas de conversion de ces terres pour l'agriculture.
Il est prouvé qu'un système efficace pour faire paître les animaux préserve la biodiversité et favorise la production de biomasse nécessaire à la protection de ces réservoirs à carbone. L'amélioration de la gestion des pâturages pourrait séquestrer 409 millions de tonnes de CO2, soit environ 9,8 % des émissions de carbone d'origine anthropique, indique le rapport.
«La biodiversité, y compris les herbes, les herbacées et les arbustes, sont les ressources productives à la base du pastoralisme», déclare Jonathan Davies, coordonnateur de l'Initiative mondiale des terres arides de l'UICN. «Lorsque le pastoralisme est pratiqué de manière efficace, il permet la conservation de la biodiversité et des environnements des parcours pastoraux, offrant de nombreux avantages à l'humanité.»
Des preuves existent dans le monde entier. Par exemple, en Espagne, le mouvement saisonnier des pasteurs et de leurs troupeaux le long des corridors de migration traditionnels contribuent à la connectivité de l'habitat et de la biodiversité grâce au fait que les moutons véhiculent des semences et des insectes.
En Australie, la pâture du bétail de courte durée par les éleveurs sur des terres recouvertes par des espèces de graminées envahissantes a été jugée d'une importance critique pour la conservation des populations de Wallaby bridé à queue cornée, une espèce endémique à l'Australie, en voie de disparition et figurant sur la Liste rouge des espèces menacées de l'UICN.
«Le pastoralisme recourt à l'usage intensif du capital naturel, humain et social disponibles pour produire une gamme de biens et services économiques, environnementaux et sociaux», a déclaré le Dr. Davies. «Afin de capitaliser sur ces avantages, un changement des paradigmes d'investissement est nécessaire, il faut trouver des alternatives à l'intensification de la production de produits de base et optimiser la production d'une large gamme de produits.»
Les politiques, les services publics et les investissements doivent être adaptés pour participer à cette transformation et s'assurer que l'ensemble des avantages offerts par le pastoralisme soit protégé, affirme le rapport.
Le rapport émet une série de recommandations qui pourraient renforcer le pastoralisme durable, à travers des actions dans des domaines tels que l'amélioration de la gouvernance, une plus grande participation des communautés pastorales et un accès accru aux marchés.
Établir un cadre de développement global pour le pastoralisme durable
Ce cadre devrait renforcer les engagements internationaux, pallier les disparités de développement infranationaux existantes et trouver une solution à la sous-représentation actuelle du pastoralisme dans le discours mondial, tout en le protégeant contre les investissements nuisibles, tels que l'accaparement des terres pour la production de biocarburants.
Des politiques et des investissements sont nécessaires pour relier les éleveurs aux marchés. Des investissements plus importants sont requis pour faciliter la transformation sur place, qui permet de créer une valeur ajoutée au niveau local, autant pour améliorer la capture des recettes locales que pour offrir des possibilités d'emploi dans les zones pastorales.
Les élevages génétiquement variés élevés sur les grands pâturages libres produisent des biens que les systèmes de production intensive ne peuvent pas fournir. La demande croissante des consommateurs pour ces produits a créé des opportunités de marketing de niche sur lesquelles il faut capitaliser.
Les lois et la gouvernance liées aux ressources des grands pâturages libres devraient être améliorées à l'aide du renforcement des capacités et de la sensibilisation en vue d?une meilleure application des lois nationales, la création d'institutions de gestion des ressources naturelles, et l'autonomisation des éleveurs à travers le partage des connaissances et le respect de leur consentement préalable, libre et éclairé.
Les éleveurs devraient être intégrés au développement grâce à une amélioration de leur représentation dans la prise de décision et la promotion de l'innovation dans la prestation de services de base, dont l'éducation, la santé, les communications, l'eau potable, et les énergies renouvelables.
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