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Pour beaucoup de penseurs soi-disant scientifiques, les territoires de montagne sont au mieux "des territoires reculés" et au pire des "territoires sauvages". Comme ces deux penseurs universitaires portugais, Laetitia M. Navarro, Henrique M. Pereira, ces territoires sont destinés au "rewilding" c’est-à-dire l’ensauvagement sans aucune préoccupation pour les populations humaines qui les peuplent. Pour eux, ces territoires nécessitent trop de travail pour les maintenir, donc il faut les abandonner et ils pourraient ainsi, sans interventions humaines, offrir des services tels que la séquestration du carbone et les loisirs de masse autour de la nature sauvage. Mais qui doit décider? Les financiers pour les marchés du carbone et de la compensation écologique ou les habitants de ces territoires?

"Pendant des millénaires, l'humanité a façonné les paysages, en particulier grâce à l'agriculture. En Europe, l'interaction séculaire entre les humains et les écosystèmes a fortement influencé le patrimoine culturel. Pourtant des terres agricoles européennes sont maintenant abandonnées, en particulier dans les zones reculées. La perte des paysages agricoles traditionnels et ses conséquences pour la biodiversité et les services écosystémiques génère des préoccupations à la fois dans la communauté scientifique et le public. Ici, nous demandons à ce que l'abandon des terres agricoles puisse être considéré comme une opportunité pour le rewilding des écosystèmes. Nous analysons les perceptions de l'agriculture traditionnelle en Europe et leur influence dans les politiques de gestion des terres. Nous soutenons que, contrairement à la perception commune, des pratiques agricoles traditionnelles ne sont pas respectueuses de l'environnement et que les conditions de vie des populations rurales étaient faibles. Nous suggérons que les politiques actuelles consistant à maintenir de vastes paysages agricoles sous-estiment le travail humain nécessaire pour maintenir ces paysages et les dynamiques récentes et futures des pilotes socio-économiques derrière l'abandon. Nous examinons les avantages potentiels pour les écosystèmes et les populations de rewilding. Nous identifions les espèces qui pourraient bénéficier de l'abandon des terres et la régénération de la forêt et les services qui pourraient être fournis, tels que la séquestration du carbone et les loisirs. Enfin, nous discutons les défis associés au rewilding, y compris la nécessité de maintenir des zones ouvertes, les risques d'incendie et les conflits entre les humains et la faune. Malgré ces défis, nous soutenons que le rewilding devrait être reconnu par les décideurs politiques comme l'une des options de gestion des terres possibles en Europe, en particulier sur les zones marginales".

Source:
Traduction de l'abstract de Rewilding Abandoned Landscapes in Europe
Auteurs:
Laetitia M. Navarro (1), Henrique M. Pereira (1-2)

(1) Centro de Biologia Ambiental, Faculdade de Ciencias da Universidade de Lisboa, 1749-016 Lisbon, Portugal;

(2) Departamento de Engenharia Civil, Arquitectura e Georrecursos, Instituto Superior Tecnico, 1049-001 Lisbon, Portugal