Le Desman ne fait jamais la "Une" des journaux et pourtant il est bien plus emblématique que l'ours des Pyrénées d'autant que lui est endémique des Pyrénées. Un
"Plan national d'actions en faveur du desman des Pyrénées (Galemys Pyrenaicus)" a
été mis en place pour la première fois pour la période 2009 - 2014. Tout est donc à faire pour le sauver. Mais il y a bon espoir. Des
zones protégées par Natura 2000 ont été mises
en place depuis 10 ans. Sensible à la qualité de l'eau, la création généralisée de stations d'épuration devrait favoriser son habitat. Néanmoins, les chercheurs et protecteurs
s'alarment avec un temps de retard.
Normal, le Desman est nettement moins porteur que l'ours ou le loup pour les médias.
Comme l'ours, il vit dans les Pyrénées et il est menacé. Mais le desman, amalgame minuscule et improbable d'un rat et d'un fourmilier, est d'une discrétion telle que ses défenseurs ont toutes les peines du monde à le protéger.
"Le principal handicap du desman, c'est un mode de vie d'une extrême discrétion", a expliqué lundi Alain Bertrand, naturaliste, lors d'une conférence de presse destinée à présenter un plan national en faveur de cette bestiole qui a la taille d'un poing et pèse 50 grammes.
"Il n'a pas de relations directes avec l'homme, qui s'est peu préoccupé de lui", ajoute M. Bertrand, vice-président du Conservatoire régional des espaces naturels de Midi-Pyrénées (CREN), animateur de ce plan d'actions piloté par la DREAL (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement).
Le Galemys pyrenaicus, ou rat-trompette, n'a été décrit qu'en 1811 par le naturaliste Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, une découverte relativement tardive qui en dit long sur les difficultés à cerner un mammifère essentiellement nocturne passant le plus clair de son temps dans l'eau.
Présent dans les rivières pyrénéennes mais aussi du nord-ouest de la péninsule ibérique, l'animal est d'aspect étrange. Petite boule doté d'une fourrure épaisse bien utile pour survivre dans des eaux glaciales, il est affublé d'une espèce de trompe qui lui sert à respirer et fait parfois office de tuba. Celle-ci l'aide également à détecter les larves d'insectes aquatiques dont il se nourrit. Ses pieds sont palmés et ses pattes inférieures peuvent se déployer perpendiculairement au reste du corps à la façon d'une paire de rames.
Période de gestation, nombre d'individus (ils seraient entre deux et huit par kilomètre de rivière mais pas dans toutes les rivières), taux de mortalité ou de natalité... ce que les scientifiques ne savent pas pourrait remplir des bibliothèques.
Des lacunes qui rendent sa conservation aléatoire alors que l'espèce est classée "vulnérable" dans la liste rouge mondiale de l'Union internationale pour la Conservation de la Nature, et dans la catégorie "quasi menacée" au niveau national.
"C'est une espèce qui va très, très mal", dit Daniel Marc, directeur du CREN. En Espagne, le chercheur Julio Gisbert a estimé à 68% la régression de leur aire de répartition en 20 ans.
Les causes de sa vulnérabilité sont multiples, détaille Alain Bertrand. Il y a les perturbations du milieu provenant des aménagements de cours d'eau ou des ouvrages hydrauliques, le canyoning qui réduit le nombre des larves d'insectes, les pollutions des rivières ou la prédation par des espèces invasives comme le vison d'Amérique.
Pour faire face, "l'objectif numéro un est d'améliorer les connaissances" sur l'animal, souligne Mallorie Sourie, chargée de mission à la DREAL.
Les spécialistes comptent beaucoup sur l'analyse de l'ADN contenu dans les déjections de l'animal, qui pourrait permettre d'identifier les individus et de déterminer la démographie d'un animal qui supporte mal la capture.
Le plan national d'actions (2010-2015, doté pour 2010 d'un budget de 130.000 euros) vise à améliorer les connaissances biologiques sur l'animal, à sensibiliser le public à son existence et à étudier l'impact de l'homme sur son habitat en vue, à terme, de mettre en place des "havres de paix".
Source: AFP/Romandie.com du 06 décembre 2010