Comme toujours lorsqu'on découvre la présence du loup dans un secteur, c'est l'omerta des pouvoirs publics. C'est ce qui se passe dans le Sancy. L'objectif non avoué est de limiter les manifestations d'hostilité afin de laisser s'installer les meutes. C'est la technique employée en 1992 - 1993 dans le Parc du Mercantour autant par l'administration du Parc que l'ONCFS et le Ministère de l'écologie. Cette méthode se renouvelle partout en France....
Un habitant de Chambon-sur-Lac a tourné la vidéo d’un loup, en janvier, dans le Sancy. Les images ont été expertisées par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage.
Emmanuel Labasse savoure encore «un coup de chance énorme». Cet habitant de Chambon-sur-Lac se promène en voiture, avec un ami, Franck Raynaud, lorsque leur route est coupée par… un loup, au col de la Croix Saint-Robert, dans le massif du Sancy. La surprise est à la hauteur de la découverte. «On ne s’attendait pas à tomber sur lui. Lui non plus?!»
L’information a été rendue publique, hier, par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), dans son dernier Bulletin Loup du réseau. C’était le 26 janvier. «Il s’est arrêté à 50 mètres de la voiture. Il nous a regardés, puis il est parti à toute allure…»
L’animal disparaît vers les hauteurs. Emmanuel Labasse enclenche alors son téléphone portable sur la fonction vidéo. Les deux amis reprennent la route. «On est monté le plus haut possible», retrace ce chasseur, adjoint au maire et président de l’association de pêche de Chambon-sur-Lac.
La chaussée est bloquée par des congères. «Le temps de les casser, c’était trop tard. Le loup nous a de nouveau coupé la route, puis il a plongé en direction du puy de l’Angle». Garés au parking du Cuzeau, au col de la Croix Saint-Robert, les deux hommes aperçoivent à nouveau l’animal sur la crête, au bout d’un quart d’heure, à environ 300 mètres d’eux.
Jumelles dans une main, téléphone dans l’autre, Emmanuel Labasse filme. «Il a continué à avancer, puis quelque chose l’a perturbé. Il est rentré en courant dans le bois de la Benne», se rappelle-t-il. Emmanuel Labasse adresse des traces photographiées dans la neige, des clichés extraits de la vidéo ainsi que cette dernière à différents organismes, notamment au service départemental de l’ONCFS du Puy-de-Dôme.
Les données sont vérifiées. L’expertise de la vidéo, par les services spécialisés de Grenoble, permet bien d’identifier un loup. «On ne sait pas s’il s’agit d’un animal juste de passage ou s’il est toujours là», commente Eric Marboutin, chef de projet «loups et lynx» à l’ONCFS, à Grenoble.
Une certitude: «Depuis janvier, sa présence n’a pas été détectée, mais des informations peuvent nous échapper», concède-t-il. En tout cas, Emmanuel Labasse n’a pas revu le canidé. Son origine?? Eric Marboutin avance une hypothèse: «On a peut-être affaire à un animal “en dispersion”, qui a quitté la meute, et a parcouru une longue distance… En l’absence d’échantillon recueilli, on ignore d’où il vient précisément. Le plus probable est que ce soit du massif alpin».
Auteurs: Sébastien Besse et Jean-Baptiste Ledys
La vidéo d'Emmanuel Labasse:
Des traces de loups, plus hypothétiques, avaient aussi été relevées dans le Cantal en avril dernier.
Source: La Montagne du 13 août 2013