Faut-il rappeler aujourd'hui que les lieutenants de louveterie furent créés au 9ème siècle face à la menace grandissante des loups tant sur les exploitations que sur les personnes. Aujourd'hui, notamment la mouvance écologiste, nie le danger potentiel des loups, grands carnivores. Il est assez stupéfiant qu'il soit prêté une attention sérieuse à de telles postions qui relèvent plus de l'idéologie du tout sauvage qu'à la protection de l'environnement et de la biodiversité.
"La louveterie est probablement l'un des premiers corps constitués en France qui existe de façon immémoriale" disait Patrick Barruol avant le renouvellement officiel de la mandature des douze lieutenants de louveterie ardennais.
Cette institution remonte à l'an 813. A l'époque, Charlemagne devant la multitude de loups qui ravageaient les troupeaux et devenaient un danger pour la population ordonna à ses Comtes de désigner, dans leur circonscription, deux officiers dont les fonctions consistaient à chasser les fauves.
Héritiers de ces pionniers, les lieutenants de louveterie sont, aujourd'hui, chargés de la régulation des populations d'animaux classés nuisibles et de l'abattage des espèces occasionnant des dégâts sur les cultures ou aux biens d'autrui et soumis à un plan de chasse et de gestion.
Mais aussi ceux ayant un comportement anormal ou susceptible de présenter un risque pour la sécurité publique. De leur action résulte donc un bon équilibre écologique.
Doté d'une tête de loup
Pour cela, les louvetiers ont la possibilité d'organiser des opérations de tirs de nuit (22 en 2009 pour les sangliers et blaireaux), des battues administratives ordonnées par les maires ou le Préfet (deux l'an passé), ainsi que des piégeages et déterrages.
Agents de l'Etat bénévoles mais assermentés, ils sont nommés par le Préfet. "Pour pouvoir être nominé, le profil idéal est d'avoir le permis de chasse depuis cinq ans et de posséder la compétence cynégétique nécessaire pour remplir la fonction. Notamment la connaissance de la vie et des moeurs des animaux. Enfin, il ne doit pas avoir fait l'objet de condamnation pénale en matière de chasse, de pêche et de protection de la nature. Bref, ça doit être un sage" explique Joël Stevenin, le président départemental.
Le département des Ardennes est découpé en douze circonscriptions. "En 2009, pour mener à bien leur mission, les lieutenants de louveterie locaux ont effectué au total 26.432 kilomètres et dû utiliser plus de 1.401 munitions. Ils sont également intervenus 31 fois dans la constatation des dégâts causés par la faune sauvage" a rappelé Yannick Grandgirard lors de la récente assemblée générale.
En tant que conseiller technique de l'administration, le lieutenant de louveterie a d'autres prérogatives. Il est chargé de l'abattage des animaux sauvages infectés par la rage mais aussi des chiens et chats errants. Il lutte aussi contre le braconnage, constate les infractions à la police de la chasse dans sa circonscription et a aussi un rôle de conciliateur entre les chasseurs et les acteurs du monde agricole. Enfin, il participe à l'élaboration des schémas départementaux.
Lors de leur travail, ces officiers sont reconnaissables à l'insigne représentant... une tête de loup dorée et à une courroie de chasse émaillée bleue portant l'inscription "lieutenant de louveterie" en doré. Ils doivent aussi entretenir des chiens courants pour la chasse au sanglier ou au renard ou pour le déterrage.
Au fil des années, ces hommes de terrain ont été contraints de parfaire régulièrement leurs connaissances en maîtrisant les articles du code rural et textes réglementaires. De manière à remplir leurs tâches avec autorité et diplomatie.
Auteur: Pascal Remy
Source: L'Union des Ardennes du 7 mars 2010