Les recherches, la récupération des corps, des effets personnels et des restes de l’avion ont nécessité beaucoup de personnels dans un milieu difficile de montagne. La protection de ces personnes était également indispensable. La sécurité des enquêteurs par des spécialistes de la montagne était nécessaire. A ces fins, PGHM et CRS du secours en montagne ont été mobilisés. Pour les Pyrénées, la section montagne de la CRS 29 de Lannemezan a participé à cette mission difficile et délicate. Les membres du groupe racontent à La Dépêche du Midi.
Sept secouristes sauveteurs de la CRS Pyrénées de Lannemezan ont été mobilisés sur les lieux du crash de l'Airbus A 320 de la compagnie allemande Germanwings.
Récupérer les restes des dépouilles des victimes de l'accident de l'Airbus A320 de la Germanwings qui s'est écrasé le 27 mars près de la Seyne-les-Alpes, dans les Alpes-de-Haute-Provence, récupérer les effets personnels des passagers et rechercher la deuxième boîte noire de l'Airbus et évacuer les débris de l'avion.
«C'était la mission assignée aux 7 secouristes sauveteurs de la CRS Pyrénées de Lannemezan dépêchés sur les lieux du crash les mercredi 1er et jeudi 2 avril, ainsi qu'à leurs 7 collègues de la CRS Alpes. L'autre facette de la mission était de porter une assistance technique aux enquêteurs, afin de leur permettre de se déplacer en toute sécurité sur la zone de crash.
«Nous les avons assurés, comme des alpinistes, au moyen de cordes, indique le major CRS Pascal Sancho, adjoint au commandant de la CRS Pyrénées. Nous-mêmes, usions des techniques que l'on utilise habituellement sur neige ou glacier - crampons et piolets - afin de nous déplacer sur cette zone, très pentue, escarpée et friable, surtout dans sa partie haute.»
Cela a été une mission psychologiquement très difficile pour les 7 sauveteurs de la CRS 29.
"Rien ne nous avait préparés à cela"
Avec 150 victimes, ils n'étaient plus dans le contexte de leurs missions habituelles de secours. L'objectif fixé était de rendre la zone, de 2 h environ, «propre» de tous restes humains, de la débarrasser de tous les débris et effets personnels des passagers de l'Airbus, jusqu'à la collecte totale des ADN des 150 passagers. Les CRS de la 29 ont travaillé en collaboration avec les gendarmes des divers PGHM. Tout ce qui était trouvé sur zone était ensuite acheminé vers le PC opérationnel aux fins d'analyse ADN et d'enquête judiciaire.
«Psychologiquement, cela a été très difficile», indique le major: «Nous avions l'impression d'être sur une scène de guerre. Il n'y avait plus aucune intégrité physique des victimes. La notion d'équipe a été très importante. Aucun stage, aucune formation ne nous avait préparés à cela. Nous puisions notre motivation dans le groupe. Nous étions suivis par une psychologue. Mais le plus difficile, le plus émouvant, était peut-être l'instant où nous trouvions des effets personnels: une photo de bébé ou de famille, du courrier, une carte d'identité, un passeport. Cela nous ramenait à la réalité. C'était bien des hommes, des femmes, des enfants, des êtres de chair et d'os qui s'étaient fracassés sur cette montagne.
À l'issue de notre mission, lorsque nous sommes rentrés chez nous, tous autant que nous sommes, avons été frappés d'une grosse fatigue, d'une lassitude qui a duré 3 ou 4 jours. Le contrecoup de ce que nous avons vécu et des images que nous avons emmagasinées. Il va nous falloir du temps pour nettoyer tout ça. Une psychologue est mise à notre disposition par le ministère de l'Intérieur. De ce tragique événement, nous retirons tout de même une satisfaction». Face à un événement d'enjeu international, les CRS des unités de montagne, Alpes et Pyrénées ont su mobiliser une centaine d'hommes sur les lieux du crash, tout en assumant la permanence des secours sur l'ensemble des massifs.
Une Expérience unique: la recherche de la boîte noire
L'autre mission qui était assignée aux sauveteurs secouristes CRS de Lannemezan était la recherche de la seconde boîte noire. à cet effet, ils étaient tous munis d'une photo d'une boîte noire.
Propos recueillis par Alain Maillé
Source: La Dépêche du Midi du 11 avril 2015