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Prédateur. Depuis le moi de mai, des troupeaux ovins sont attaqués sur les communes ardéchoises de Cellier-du-Luc et Saint-Étienne-de-Lugdarès, deux territoires voisins au sud du département. Il est peu probable qu’une frontière administrative impressionne le loup

L’extraordinaire arnaque de la protection du loup
Par Françoise Degert

- Si le loup est en Ardèche, qu’est-ce qui l’empêchera de venir en Haute-Loire?

Prédateur. Depuis le moi de mai, des troupeaux ovins sont attaqués sur les communes ardéchoises de Cellier-du-Luc et Saint-Étienne-de-Lugdarès, deux territoires voisins au sud du département. Il est peu probable qu’une frontière administrative impressionne le loup.

Faut-il avoir peur du loup? Derrière cette question, qui peut paraître un brin ironique, se cachent des faits dont la nature n’incline pas à la légèreté.

Il suffit de prêter l’oreille aux préoccupations des éleveurs de moutons ardéchois sur le massif du Tanargue pour s’en convaincre, et plus particulièrement ceux installés sur le territoire des communes de Cellier-du-Luc et Saint-Étienne-de-Lugdarès. Une zone pas si éloignée que cela, le secteur est limitrophe des départements de la Lozère et de la Haute-Loire.

«Nous avons découvert une attaque le 19 juin, alors que nos brebis étaient dehors depuis moins d’une semaine. Une a été dévorée, trois ont dû être euthanasiées et trois autres n’ont pas survécu à leurs blessures. Au départ, nous pensions à un lynx», explique Jean-Marie Bousseroles, un éleveur de Saint-Étienne-de-Lugdarès.

Le moutonnier n’est pas un cas unique. À nos confrères du Dauphiné Libéré, le président du syndicat ovin de l’Ardèche, Mickaël Giraud, estime les pertes à 80 brebis tuées et une cinquantaine de blessées depuis la première attaque qui remonte au mois d’avril, près du village voisin de Montselgues.

Accusations gratuites contre un animal protégé - voire surprotégé de l’avis de ses détracteurs - par des directives et convention européennes? Pas franchement. Un canidé a été authentifié sur photographies, rodant en Lozère au printemps. Sachant que le loup peut parcourir de grandes distances (plusieurs dizaines de kilomètres par jour) avant de trouver une proie, les frontières administratives ne doivent pas réellement lui de poser des problèmes. «À moins qu’il fasse comme le nuage de Tchernobyl» se méfie un éleveur de Haute-Loire, inquiet par la présence du prédateur à quelques encablures de son troupeau.

De son côté, l’ONCFS (1), dans ses rapports d’expertise, n’écarte pas la responsabilité du loup dans les attaques de Cellier-du-Luc et Saint-Étienne-de-Lugdarès. «Ils ne sont pas sûrs à 100 %, mais un collègue éleveur de Cellier-du-Luc, qui a perdu plusieurs bêtes comme moi, l’a bien vu de ses yeux», rétorque Jean-Marie Bousseroles.

Selon le Dauphiné Libéré, même si la préfecture d’Ardèche n’a toujours pas communiqué sur le sujet, des indemnisations sont désormais possibles pour les éleveurs, pour peu que le loup soit incriminé dans les attaques, et des filets de protection sont pris en charge dans le cadre des mesures d’urgence inspirées du «plan loup». Par ailleurs, dans quelques jours, le représentant de l’État dans ce département doit mettre en place un comité «grands prédateurs» réunissant ses services et les acteurs de terrain.

(1): L’office national de la chasse et de la faune sauvage est un organisme placé sous la double tutelle du ministère chargé de l’Environnement et de celui de l’Agriculture. L’établissement a notamment pour vocation d’exercer les missions de police de la chasse et de l’environnement et de veiller à la conservation, la restauration et la gestion de la faune sauvage et ses habitats. En Haute-Loire, son antenne départementale est basée à Loudes.

Auteur: Christophe Bouyer
Source: Le Progrès.fr du 3 septembre 2012