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L'exaspération des éleveurs et élus: La tête du loup mise à prix en France

- La tête du loup mise à prix dans la Meuse

On est pourtant bien loin des grandes étendues du Far West mais dans la plaine du Sud meusien, les affiches accrochées depuis hier aux entrées du petit village de Nançois-le-Grand ne laissent planer aucun doute: la tête du loup est officiellement mise à prix.

«J’offre une prime de 2.000 €, de ma poche, à celui qui réussira à le capturer et à me l’amener. Je tiens à préciser que cette récompense n’est valable que sur ma commune. J’invite d’ailleurs les autres maires à faire de même sur leur territoire», confirme sans rire Claude Orbion, premier magistrat de Nançois-le-Grand.

Une blague? Pas le moins du monde! L’annonce est on ne peut plus sérieuse face aux attaques répétées du prédateur dans le département depuis le 14 octobre 2013. La dernière en date, la 53e du nom, est survenue au petit matin du 1er novembre au préjudice d’Olivier Schmitt, éleveur qui a vu 11 de ses ovins touchés, 6 blessés et 5 tués dont 4 euthanasiés. Ce qui porte le total de bêtes blessées en Meuse à 119, de bêtes tuées à 90, dont 2 jeunes bovins.

- «Amplifier le débat et empêcher toute banalisation»

La détresse d’Olivier Schmitt a conduit Claude Orbion à agir. «Olivier a été salarié chez nous pendant plusieurs années et il a choisi d’orienter sa ferme vers l’agriculture biologique, où le cahier des charges oblige à un élevage en plein air, la transformation et la vente directe. L’idée que l’investissement de cette famille puisse être remis en cause par la seule présence du loup est insupportable», défend-il.

La position des associations de défense du loup ou de l’environnement, Claude Orbion les reçoit cinq sur cinq. «Je ne suis pas un anti-loup et en tant d’agriculteur bio depuis quinze ans, je suis bien placé pour parler de l’environnement. Mais ce n’est pas pour ça qu’on est prêt à voir le loup bouffer nos moutons». L’attitude des pouvoirs publics? «Je les renvoie face à leurs incohérences. On ne peut vouloir un territoire habité et créateur d’emplois si on laisse ceux qui ont fait le choix de l’élevage spectateur de ces carnages», analyse le premier magistrat.

Alors Claude Orbion a décidé de passer à l’action. Bien conscient de frôler les limites de la loi. «Cette prime est une manière d’amplifier le débat autour du loup, d’empêcher toute banalisation et d’inciter à sa capture. Dès qu’on l’aura, on verra ce qu’on en fait!»

- Une battue le matin de l’attaque

Refusant toute passivité, le maire de Nançois-le-Grand invite tous ses homologues touchés par les attaques à faire de même. Autre piste suggérée, traquer le loup sur le territoire de l’attaque dès que cette dernière est avérée. «Il faut mener des actions d’effarouchement dans la foulée, pendant sa période de digestion. Si demain le loup frappe encore, j’invite tous les volontaires le matin même à une battue sur le territoire. J’en prends la responsabilité. Si on veut que les choses changent, il faut bouger en tant qu’élu!», poursuit Claude Orbion, en cours de deuxième mandat.

L’édile regrette également que les agents de l’ONCFS n’effectuent pas de prélèvements ADN sur les ovins tués par le prédateur, «pour vraiment savoir s’il n’existe qu’un seul ou plusieurs loups» dans le département. «Il était jusqu’alors cantonné à la vallée de l’Aire. On espérait pourtant que la ligne de chemin de fer du Paris-Strasbourg, grillagée entre Tronville et Loxéville, serve de barrière de protection à notre territoire. Il a apparemment réussi à passer».

Désormais «animalis non grata» à Nançois-le-Grand, le prédateur protégé par la convention de Berne n’a qu’à bien se tenir. En témoigne le message sans ambiguité écrit sur une banderole dressée à proximité des carcasses gonflées des brebis tuées ce week-end, «Paf paf paf le loup»…

- «Vivre en paix»

Connu pour être un ardent défenseur du patrimoine, Georges Duménil s’invite par courrier dans le débat du loup en appelant la technologie à la rescousse, afin que loup et brebis puissent enfin «vivre en paix». Le Barisien propose l’idée d’un «système à base d’électronique», via «un appareil de type émetteur sur le loup ou inséré sous sa peau, et un récepteur installé sur la clôture des parcs ou au cou de plusieurs brebis.» De sorte que si le loup s’approche du troupeau, il serait aussitôt dissuadé de l’attaque par «un bruit violent ou une décharge électrique modérée». «On sait aussi que certains animaux ne supportent par les ultrasons, peut-être une autre piste à étudier par les ingénieurs!», ajoute Georges Duménil, qui ne voit pas pourquoi le loup, «à l’image de nombreux animaux de la faune sauvage, ne pourrait pas être attrapé, anesthésié, bagué ou muni de puce électronique en vue d’un suivi et d’une étude de son comportement». La proposition est lancée…

Auteur: Nicolas Galmiche
Source: Est Républicain du 3 novembre 2014