A visage découvert, contrairement aux ariégeois cagoulés dans les Pyrénées, des maires, réunis au sein de l' USAPR, lancent un avertissement clair envers le gouvernement sur la présence et les conséquences du loup qui est très probablement un hybride chien / loup, loin d'être une souche italienne apparue spontanément et médiatiquement en 1992-1993. Nous devons considérer ce reportage comme le début d'un engagement qui risque de ne pas s'arrêter là. Ils disent "ne pas être contre le loup"... discours un peu dépassé tenu depuis 25 ans sans aucun résultat. Mais si ce n'est pas un vrai loup gris, il faudra surement appliquer la recommandation 173 de la convention de Berne qui, comme l'article L 113-1 du Code Rural et les conditions du bien-être animal et du bien-être humain en estive ne sont manifestement pas assimilés par les élus autant que par les éleveurs et leurs syndicats qui, curieusement, mais non sans intérêt pour certains d'entre eux, voient jamais leurs droits mis en avant.
"N'obligez pas les maires à faire ça". Fusils en mains, quinze maires de communes touchée par la présence de loups ont recours à une campagne choc. Ils souhaitent profiter des discussions autour du Plan Loup 2018-2023 pour alléger les conditions de prélèvement du prédateur. Et veulent éviter de "recourir au braconnage et à l'illégalité".
Pierre-Yves Bonnivard est maire de Saint-Colomban-des-Villards (Savoie). Il est également président de l'Union pour la sauvegarde des activités pastorales et rurales (USAPR).
Ce n'est pas une réclamation, c'est une alerte. Une alerte sur ce qui se passe dans les départements concernés par la prédation des loups. La pression est de plus en plus forte, elle n'est plus uniquement que sur les éleveurs d'ovins, elle l'est aussi sur les bovins et sur les chevaux. On est en train de mettre en péril toute une économie des territoires. Et on est surtout en train de ne pas s'occuper des conditions humaines et sociales des professionnels agricoles.
Le Plan Loup n'est pas adapté à la situation. La pression augmente. Il y a 20 ans, il y avait un ou deux loups, c'était sporadique. Aujourd'hui, vous avez des éleveurs attaqués tous les deux jours. Ils perdent des bêtes, la situation devient infernale. Les éleveurs viennent nous voir, et nous, maires, on est impuissant. Sur le terrain, on ne peut plus rien faire.
Sur le terrain, la situation est de plus en plus compliquée. La notion de quota de loups à prélever est dépassée. La pression est trop forte. Il faut des souplesses administratives pour pouvoir prélever les loups qui posent problème. Il faut aussi avoir des moyens humains et matériel adaptés. Aujourd'hui, les éleveurs font le travail tout seul. Les journées, elles ne font 24h!
Aujourd'hui, quand on tire un loup, il y a une graduation: tir d'effarouchement, tir de défense et enfin tir de prélèvement. C'est un processus administratif qui est validé par les services préfectoraux que les éleveurs doivent mettre en place. Pour arriver à un tir de prélèvement, vous devez avoir justifié de toutes les étapes antérieures. C'est de la paperasse. Et si jamais vous ne l'avez pas justifié, vous risquez d'être mis en cause. Mais quand vous avez une attaque, il ne faut pas venir trois jours après.
En tant que maire, je pense que si le Plan Loup n'est pas adapté au terrain, on va automatiquement vers des dérives. Je ne vois pas les choses autrement. Je ne vous dis pas que nous les maires allons prendre les fusils. Par contre, on va être obligé de réagir. Notre travail c'est d'alerter. Ce n'est pas un coup de communication. On alerte parce que depuis plusieurs mois on se rend compte de ce qui se passe sur le terrain. A un moment donné, on risque d'aller vers une situation qui n'est pas maîtrisable.
Nous, les maires, on veut rester dans le cadre légal. On ne veut pas devenir hors la loi en défendant notre outil de travail, notre économie. Plus le temps passe, plus vous avez des secteurs en friche, qui sont abandonnés. C'est un cercle vicieux. Des secteurs en friche, c'est toute l'économie touristique derrière qui en pâtit".
Propos recueillis par Antoine Maes
Source:
BFM TV du 31 octobre 2017