Attaques de loups, éleveurs en colère... ils organisent un barrage filtrant sur la RD 900, ce mercredi dans la vallées de l'Ubaye
Sur leurs banderoles, ils s'adressent directement au président de la République: "Sarko ouvre les yeux, le loup c'est notre mort! Non au loup, oui à la brebis".
Les éleveurs de la vallée de l'Ubaye avaient mis en place un barrage filtrant, hier matin, sur la RD 900 aux Thuiles, pour crier leur détresse. En juin, leurs troupeaux ont subi 17 attaques de loups, toutes en plein jour.
Mardi, la veille de la manifestation, le loup a encore frappé trois fois à Pontis, à Enchastrayes et à Méolans-Revel, où l'attaque a eu lieu dans un parc protégé par une double clôture.
Serge Rebattu, un des 14 éleveurs de Jausiers, en est à sa cinquième attaque en quinze jours. Éc½uré, il a décidé de redescendre ses bêtes à la bergerie pour les mettre à l'abri.
Les attaques sont désormais quotidiennes. Les 63 éleveurs de la vallée sont exaspérés. Ils craignent une hécatombe quand arriveront les groupements pastoraux pour les estives. «Ces attaques de jour sont extrêmement stressantes» explique Isabelle Chatagner, qui élève un troupeau de 550 brebis près du col de la Cayolle à Uvernet-Fours.
«J'ai subi trois attaques à la Meïre, en face des Sanières sur la commune d'Enchastrayes» raconte Philippe Rayne, éleveur à Jausiers. «J'ai vu le loup deux fois. Il m'a pris quatre brebis, malgré le chien patou». La dernière fois, Philippe Rayne était en train de couvrir sa brebis égorgée quand il a été surpris par le loup qui revenait terminer son festin. «Il était à moins de 50 mètres. Je l'ai très bien vu. C'est un loup énorme». L'éleveur a été très impressionné car il n'avait encore jamais rencontré le loup jusqu'à cette année. «Il n'a plus peur de l'homme. Il n'hésite pas à se rapprocher des maisons. C'est inquiétant» souligne Philippe Rayne.
Vendredi, le loup a attaqué un troupeau de chèvres à La Condamine-Châtelard. Une chevrette a disparu. «La propriétaire du troupeau a vu une boule grise dans son dos, à trois mètres» raconte Yves Derbez, président de l'association de défense des traditions pastorales. «Elle était en pleurs au téléphone. Deux jours plus tôt, sa petite fille était sortie de la maison vers 23 heures. En allumant la lumière, elle a vu un loup devant elle».
Les éleveurs réclament le droit à des tirs de défense et l'organisation de battues pour réguler la population de loups, qui seraient entre 40 et 80 dans la vallée de l'Ubaye. «Le loup n'a plus de prédateur. Il ne sait plus ce qu'est qu'un fusil. Il n'a plus peur d'attaquer en plein jour, ni de s'approcher des habitations» commente Yves Derbez.
Une poignée d'élus étaient présents sur le barrage filtrant. «Le loup devient une catastrophe. Le sous-préfet s'implique énormément dans ce dossier, mais la réaction des pouvoirs publics n'est pas assez rapide» regrette Emile Tron, maire de Méolans-Revel. «Toute la vie économique de la vallée est menacée. Si les élevages disparaissent, le tourisme suivra. Car qui entretiendra les paysages?».
Le maire de Jausiers réclame lui aussi des mesures immédiates: «Il faut rendre leur dignité aux éleveurs et les laisser protéger leur outil de travail» explique Lucien Gilly.
Le président de la Fédération des chasseurs a également tiré la sonnette d'alarme à la dernière réunion du comité du loup car la faune sauvage subit également de gros dégâts. «Trois biches ont été tuées au printemps sur la commune, la dernière dans le village du Martinet» annonce le maire de Méolans-Revel.
Les éleveurs prévoient d'autres actions si rien ne bouge. «Nous allons durcir le mouvement si les attaques continuent et tant que nous n'obtiendrons pas gain de cause» annonce Yves Derbez.
Source: Dauphiné Libéré du 24/06/2010