Contrairement à ce que l’on tente de nous faire croire depuis des décennies, le loup comme l’ours ne sont pas spécialement des animaux de montagne. L’ours Balou a été vu à proximité de Narbonne plage, un autre à proximité de Lannemazan, et Franska s’est promenée du côté de Saint Gaudens. Maintenant nous avons la preuve qu’il en est de même pour le loup qui traverse par plaisir le Rhône pour aller en Ardèche et coloniser le Massif central et même les Pyrénées et c’est au tour de la plaine des Vosges. Espérons qu’il parvienne aux porte de Paris, forêt de Compiègne, d’Orléans, Blois et pourquoi pas le bois de Boulogne.
Le plus significatif dans cette affaire est la volonté des pouvoirs publics, notamment l’ONCFS (encore eux!) à cacher ce fait et de ne le publier que sous la pression des médias. Se sentiraient-ils débordés par les événements? En tout cas, cela fait désordre.
Le loup qui sème la terreur dans la plaine des Vosges, près de Grand, a désormais un visage. Nous publions ses premières photos. On lui attribue la bagatelle de 41 attaques, pour 81 ovins tués, depuis le 6 avril. Série en cours.
Les néophytes qui jettent un coup d’œil à ces photos y verront un vulgaire berger allemand. Et pourtant, les spécialistes sont formels. Les clichés pris par l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) ne laissent aucune place au doute. Ces images sont bien celles d’un loup. Ou plus précisément du loup qui terrorise depuis le 6 avril dernier les troupeaux d’ovins de la plaine des Vosges, aux alentours de Grand. Le tableau de chasse de ce «serial croqueur» fait froid dans le dos. En date du 25 août dernier, soit près de cinq mois après la première prédation, on lui attribuait la bagatelle de 41 attaques pour 81 victimes. La dernière a eu lieu ce week-end à Midrevaux.
Jalousement gardées par la préfecture des Vosges, qui ne souhaitait pas les divulguer (lire RL du 11 juillet) ces images sont tombées dans le domaine public depuis leur récente publication dans le dernier bulletin du réseau loup. Elles ont été réalisées par deux des cinq appareils disposés dans les forêts du secteur et qui se déclenchent automatiquement à chaque mouvement. La première a été prise le 27 mai, dans les bois de Midrevaux, à 4h48. Les deux autres datent du même jour, le 10 juin. Mais à trois heures de différence et à une dizaine de kilomètres de distance. L'une toujours à Midrevaux, à 3h29. La seconde au lever du jour, à 6h46, à Avranville. Une quatrième, prise début juillet, est en expertise. Le loup y est cette fois photographié avec un bout de viande ovine entre les crocs! Chacune recèle une foule d’informations permettant d’y reconnaître le fameux Canis lupus.
«Il y a tout d’abord cette allure lupoïde caractéristique» , détaille Benoît Clerc, chef du service départemental de l’ONCFS des Vosges. À savoir une tête triangulaire avec le museau allongé et étroit, des lèvres fines et bien collées et un corps bien proportionné et athlétique. Autres signes distinctifs: les oreilles courtes, la queue portée dans le prolongement du corps, le fameux masque labial de couleur blanche ou encore le dégradé progressif de la couleur du pelage entre la partie dorsale gris foncé, et la partie ventrale plus claire. À cela s’ajoute le liseré brun qu’on aperçoit sur les antérieurs et qui permet même de déterminer l’origine italo-alpine de l’animal.
Passées au crible par le Centre national d’études et recherches appliquées (Cnera) du réseau loup, ces trois photos permettent aussi aux spécialistes d’affirmer qu’il s’agit à chaque fois du même animal. Grâce à un signe particulier qui aurait ravi Jack London, l’auteur de Croc-Blanc: «Ce loup a très certainement une malformation de la mâchoire qui fait ressortir un de ses crocs par dessus les babines.» Ce détail accrédite l’hypothèse de l’ONCFS qui prétend que l’animal est seul, comme le laisserait penser sa consommation, de cinq à huit kilogrammes de viande par attaque: «C’est caractéristique d’un loup chassé d’une meute et en recherche de territoire.» En revanche, impossible de déterminer son sexe.
Rappelons que ce loup est le troisième du genre à opérer sur le département. La présence de deux autres individus sur le massif montagneux, du côté de La Bresse, ayant déjà été attestée. Un échantillon d’urine, collecté en janvier 2012, a ainsi permis d’individualiser une femelle, en plus du mâle mis en évidence par photographie en juin 2011.
Auteur: Philippe Marque
Source:
Le Républicain Lorrain du 28 août 2012
Photos de la page: Le loup a été photographié à trois reprises. Deux fois de nuit au même endroit à Midrevaux, le 27 mai et le 10 juin et une fois au lever du jour, le 10 juin à Avranville. Photos CROC-ONCFS
La Fédération des Acteurs Ruraux pose plusieurs questions quant à la situation dans les Vosges mais aussi sur les conditions de prises de vue.