Longtemps, les associations environnementalistes relayées par les pouvoirs publics qui, dans ce domaine, ne font que suivre, ont laissé croire au grand public que le loup (comme l’ours d’ailleurs) se limitait aux territoires montagneux. Ces affirmations sont évidemment fausses. Le loup n’est pas un animal de montagne. C’est opportuniste qui sait s’adapter à tous les territoires. Il peut parfaitement être présent en plaine. La Lorraine et les Vosges font cette découverte et confirment que le loup peut être partout comme c’est d’ailleurs le cas dans les Asturies en Espagne où il est possible de le voir sur les plages de l’Océan.
L'absence de contôle et de régulation des populations de loups en France, sa protection totale, ne peut que créer un accroissement de cette population. De plus en plus de loups sont donc en recherche de territoire et quitteront, un jour ou l'autre, la montagne pour se répendre dans les plaines. Il ne faut pas être grand technicien pour le comprendre. Mais les associations écologistes nient cette hypothèse et, par idéologie du tout sauvage, impose leur dictature de protection totale.
Pour Robert et Martial Morlot, Cyril Soyer, Guy Cocard ou Michel Mongin, le constat est implacablement le même. Depuis la nuit du 5 au 6 avril, les attaques se suivent et se ressemblent chez ces quatre éleveurs installés dans la plaine des Vosges, autour de Grand, petite commune proche de Neufchâteau. Les deux dernières ont eu lieu ce week-end, toujours sur le même mode opératoire, «des bêtes étranglées et ouvertes sur le flanc, avec le cœur, le foi et les poumons consommés.» De nouvelles tueries qui portent à environ 18 le nombre d’attaques en près de deux mois, pour 59 pertes recensées. Un tableau de chasse impressionnant qui laisse libre cours aux rumeurs les plus folles sur le nombre de loups présents sur le secteur. Pour les spécialistes du Groupe d’étude des mammifères de Lorraine (GEML) et de l’association de protection Ferus, le prédateur qui sévit dans la plaine pourrait être seul, mais jeune. Il apprendrait à chasser, ce qui expliquerait ce phénomène de sur-chase, baptisé par les experts over killing.
La situation préoccupe en tout cas les éleveurs, qui reçoivent aujourd’hui la visite de la direction départementale du territoire, afin d’évoquer avec eux la mise en place de mesures dissuasives face à l’envahisseur. Sur le massif, où la présence de deux loups a été officialisée, la situation semble légèrement s’apaiser sur le front des attaques, toujours aussi régulières mais plus ciblées et moins sanglantes. Bien que protégée, l’espèce a pourtant été tuée mercredi matin près d’Utelle, à une trentaine de kilomètres de Nice, par des chasseurs assermentés. Face à la recrudescence des attaques, la préfecture avait en effet autorisé sur une période d’un mois les tirs de prélèvements dans les Alpes-Maritimes.
Auteur: Ph. M.
Source: Le Républicain Lorrain du 08/06/2012
Etabli sur les hauteurs, autour de La Bresse, le loup des Vosges ne cesse d’élargir son terrain de chasse. En un mois, il a massacré 38 bêtes à l’ouest du département, près de Neufchâteau.
La vision fait froid dans le dos. Sept cadavres de brebis, jetés à même le sol, attendent depuis quatre jours l’équarrisseur dans une cour de ferme. Celle de Robert Morlot, à Grand dans les Vosges.
Une nuée de mouches se complaisent au beau milieu de cette odeur pestilentielle. Mais les dépouilles ont vécu des assauts bien plus violents ce week-end. Deux ont été éventrées au niveau de la panse. De manière à ce que le canidé se délecte de ses morceaux de prédilection: les viscères rouges. «À chaque fois, il consomme le foie, les poumons et le cœur et laisse les intestins et les tripes», constate l’éleveur face à ce spectacle de désolation. Les cinq autres sont quasiment intactes. Hormis à la gorge, où elles ont été saisies. Gratuitement. Juste pour le plaisir de tuer.
Le loup, ou plutôt les loups des Vosges, ont encore frappé. Grande nouveauté: si on les savait bien implantés sur les hauteurs du département, une attaque a encore été enregistrée à La Bresse fin mai, les voilà désormais dans la plaine. Plus exactement dans l’ouest du département, à une vingtaine de kilomètres de Neufchâteau. Dans une zone très rurale et forestière, située aux confins de la Haute-Marne et de la Meuse. Depuis le 6 avril, en l’espace d’un mois, ce secteur a enregistré la bagatelle de quatorze attaques. Sur cinq communes proches de Grand. Le tableau de chasse s’élève à 38 bêtes massacrées.
Le «serial croqueur» y a trouvé un frigo à sa démesure. Cinq éleveurs d’ovins y ont installé environ 2.500 bêtes. Quatre ont pour l’instant été touchés. Ensemble, ils ont essayé de dissimuler l’affaire. Pour pouvoir se faire justice eux-mêmes. En vain. L’espèce protégée n’est pas tombée dans leurs pièges.
Et continue à les narguer. L’affaire s’étant peu à peu ébruitée, ils ont décidé, hier, de lever le voile. Robert Morlot ne décolère pas. Le week-end dernier, il a subi trois attaques consécutives pour dix pertes: «Tous mes copains sont prêts à m’aider et à prendre leur fusil. Les écolos n’ont qu’à venir surveiller mon troupeau. Le loup est en train de décimer un cheptel qu’on a mis deux générations à construire.» Il pointe rageusement du doigt la forêt au loin, où l’espèce est censée se cacher. Un immense corridor écologique qui va de Commercy (55) à Chaumont (52). Son beau-frère et voisin, Michel Mongin, en est à treize pertes. Premier à sortir ses bêtes, dès février, il a subi les trois premières attaques, entre le 6 et le 8 avril: «La dernière à vingt mètres des premières habitations.» Preuve que la nouvelle bête des Vosges ne craint personne.
Textes: Philippe Marque
Source: Le Républicain Lorrain du 13 août 2012