La méthodologie d'évaluation du nombre de loups en Italie est différente de celle pratiquée en France. Comme partout en Europe, il existe un flou total qui devient vérité scientifique pour assoir une idéologie du tout sauvage. Sachant que ce nombre de loups doit être amputé d'une forte proportion d'hybrides de l'ordre de 50% selon les régions avec des densités dont on ne sait comment elles sont calculées, il parait difficile de prendre tous ces chiffres au sérieux.
Selon une estimation récente du nombre de loups en Italie, l'effectif serait compris entre 1600 et 1900 individus. Estimation (prudente)² - comme le sont toutes les estimations de population qui restent difficiles à établir. Ceci dit, on peut noter que le naturaliste Franco Zunino a lui aussi fait des estimations avec beaucoup de prudence et n'aboutit pas du tout aux mêmes chiffres - selon sa méthode, qu'il explique dans l'article - il semblerait que ce chiffre était déjà dépassé en 2010/2011. (Quand l'estimation des experts "officiels" était de 600/1000 loups, la sienne était de loin supérieure). Et noter aussi que sur le site de référence des spécialistes du loup où cette estimation vient d'être présentée (Canis lupus Italia, CLI), l'un d'eux à d'emblée dit qu'il faudrait en ajouter au moins 1000! Et un autre parle d'une "sous-estimation pour beaucoup de zones" - Voilà qui en dit long sur l'imprécision.
La presse a rapporté qu'entre le début de 2013 et avril 2014, il a été retrouvé 80 loups morts dans le Pays, la majorité d'entre-eux victimes de collisions avec des véhicules.
Dans la période comprise entre 1973 et 1989 l’estimation de la population italienne de Canis lupus est progressivement passée de 100-110 individus à environ 40-500 (Zimen et Boitani, 1975 ; Boitani, 1984 ; Boscagli, 1991 ; Ciucci et Boitani, 1998). Ces valeurs proviennent de l’extrapolation des données des zones d’échantillonnage à la zone restante estimée pour la population, qui est passée de 8.500 à 42.000 km². Au début des années ’70, une densité de 1,70 loups/100km² fut calculée dans une zone témoin protégée et extrapolée au niveau national à 1,25 loups/100 km², tandis qu’en 1998 la densité moyenne était de 2 loups/100 km². Au cours des 15 dernières années, il n’y a eu que les avis des experts, variant entre 600 et 1000 individus. En 2002 le Plan d’action national pour la conservation du loup en Italie (Genovesi, 2002) a souligné le besoin prioritaire d’un programme de suivi national qui n'est cependant pas encore réalisé. Toutefois, ces dix dernières années la génétique et les pièges photo/vidéo ont contribué de manière significative à améliorer les estimations de population et beaucoup de Zones Protégées et d’Administrations Régionales et Provinciales ont mené des projets de suivi du loup à l’échelle locale.
Pour ce travail on a considéré et revu les données relatives au nombre, à la localisation et à la taille des groupes familiaux de loups des vingt zones d’étude, publiées dans des articles scientifiques, thèses, présentations pour des congrès et rapports des institutions (tableau 1). Pour calculer une valeur de densité, tant au niveau des groupes familiaux que des individus, comparable entre les différentes zones, la zone probablement occupée par des groupes familiaux avérés pour chaque site d'étude a été redessinée sur la base de toutes les informations fournies (localisations des sites de rendez-vous estivaux, pistes sur la neige, domaine vital par télémétrie et génétique non invasive) en tenant compte de la distance moyenne entre les groupes familiaux, de l’utilisation du sol (discontinuité entre les aires adaptées pour le loup et celles qui ne le sont pas) et en utilisant une approche prudentielle. On a estimé, dans ces 20 zones étudiés (32.620 km), la présence de 181 groupes familiaux correspondant à au moins 773 individus (estimation hivernale, excluant les individus erratiques). La densité moyenne qui en résulte est de 0,36 groupes familiaux et 1,89 loups/100 km² dans la région alpine Piémont-Ligurie et de 0,63 groupes familiaux/ 100 km² dans les régions des Apennins. Dans ces dernières, la densité des groupes familiaux s’avère supérieure dans les grandes zones protégées.
Densité des groupes familiaux:
La taille moyenne des groupes familiaux s’avère inférieure dans les Alpes par rapport à l’Apennin.
Taille des groupes familiaux (n° loups/ groupe en hiver)
Pour représenter la zone de présence permanente (présence de groupes familiaux pendant plusieurs années), le matériel bibliographique existant a été analysé, mis à jour avec les données inédites sur la présence du loup dans différents endroits d’Italie fournies par 16 collaborateurs. La zone de présence permanente s’élève à environ 74.000 km², dont 6.000 dans les Alpes (Piémont-Ligurie-Val d’Aoste) (figure2)
Deux valeurs d’estimation de la population du loup sont proposées en fonction de deux approches:
Toutefois la population de loup semblent encore en expansion et neuf zones ont été récemment occupées (non prises en compte dans cette estimation): Lessinia, Dolomites Bellunaises, Vallées du Natisone, Mont Conero, Parc de la Maremme, et Monts Arunici (La présente estimation se réfère tant à la population de loups que d’hybrides).
On pourra à l’avenir obtenir une meilleure estimation à travers la planification d’une stratégie nationale de suivi, l’augmentation des zones d’échantillonnage et l’inclusion des zones de colonisation récente. Les techniques de contrôle peuvent se faire en 2 phases:
La génétique non invasive s’avère très utile pour distinguer les différents groupes familiaux et le taux d’hybridation, tandis que les pièges vidéo sont particulièrement efficaces pour estimer la dimension des groupes familiaux dans différents contextes environnementaux, en fournissant de meilleurs résultats que les traces sur la neige.
La difficulté de produire des estimations en phase avec l’évolution réelle de la population de loups a été la conséquence de l’absence d’un network entre les principaux acteurs, publics et privés, employés à des études sur le terrain. Des instruments et des propositions voient le jour ces dernières années. Le but est de développer et de faire grandir une banque de données partagée et accessible qui puisse apporter une aide pour la stratégie de conservation de l’espèce en Italie.
Note de Novembre 2014: on notera qu'au cours de la Conférence internationale sur l'hybridation anthropogénique qui s'est déroulée à Grosseto (Toscane) début novembre, Luigi Boitani, toujours un peu flou avec les chiffres semble-t-il, parle dans sa présentation de plus de 1000. (1000 > 1500?). Peut-être que si l'estimation présentée plus haut n'avait pas été publiée cette année en mai, il aurait conservé le même chiffre de 1000 loups en Italie