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Le mécontentement des éleveurs et bergers à l'égard de l'ours et assez général sur toute la chaîne des Pyrénées. L'Ariège n'échappe pas à cette situation. D'ailleurs, lorsque nous voyons que des dossiers d'indemnisation de 2003 ne sont traités en commission qu'en 2005, nous ne pouvons que nous interroger sur la responsabilité de l'administration dans ce domaine.

- Les "anti-ours" dérapent devant la préfecture

FAIT DU JOUR. LE COLLECTIF DES BERGERS ET ELEVEURS MANIFESTE PENDANT LA REUNION DE LA COMMISSION D'INDEMNISATION DES DEGATS DE L'OURS.

Une trentaine de personnes du collectif des éleveurs et bergers de l'Ariège s'est rassemblée hier matin devant la préfecture en soutien à ceux qui ont subi les dégâts de l'ours. Car à l'intérieur des locaux siégeait la commission chargée de l'indemnisation; au cours de la journée une cinquantaine de dossiers, dont certains de 2003, devaient être examinés afin de fixer le montant des indemnisations pour chaque troupeau touché. Le collectif, par sa présence entendait, une fois de plus, montrer son mécontentement devant la politique d'introduction de l'ours. Les éleveurs gardent d'ailleurs une lueur d'espoir que les nouvelles introductions n'aient pas lieu malgré les récentes déclarations concernant cinq autres plantigrades slovènes dans le massif pyrénéen.

"L'estive, un paradis devenu un enfer": ce slogan affiché hier sur les grilles de la préfecture résumait le point du collectif sur la situation actuelle. Selon un communiqué de celui-ci le ministère ne semble pas réaliser le coût des mesures de protection qu'il préconise. La dépense serait telle qu'il ne pourrait pas l'honorer. Les éleveurs ont calculé les dépenses d'investissement pour les 573 000 ovins du massif sur la base de 2000 troupeaux de 300 têtes. Selon leurs calculs il faudrait dépenser 222, 8 millions d'euros, chaque troupeau coûtant à lui seul 111 400 euros. Le calcul prend en compte la cabane du berger, les patous, les clôtures électriques et les communications. Quant aux dépenses de fonctionnement annuelles, elles sont évaluées globalement à 24,6 millions d'euros. Par ailleurs les éleveurs notent que ces chiffres ne prennent pas en compte la protection des bovins (102 400) et les chevaux (14 250) sur lesquels les attaques de l'ours seraient de plus en plus nombreuses. "L'ours est une désertification programmée des Pyrénées, un leurre écologiste sans lien avec la biodiversité. Chaque décideur et chaque promoteur de cette réintroduction portera la responsabilité à moyen terme de la disparition des éleveurs", disent les éleveurs qui réaffirment "l'incompatibilité du pastoralisme et des prédateurs."

- Cinq voitures dégradées

Hier matin, au sortir de la séance de la commission, des participants à la réunion ont découvert que leurs véhicules avaient été vandalisés. Au total cinq voitures ont été endommagées au milieu d'autres: pour chacune les quatre pneus ont été crevés à coups de couteau; des bris de pare-brise, un rétroviseur arraché, des tags à la peinture indiquant "non à l'ours" ou "non imputabilité" ont été également constatés. Deux des véhicules visés appartiennent à la cohabitation pastorale, deux autres à la direction régionale de l'environnement (DIREN) et un autre à l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).

Dans un communiqué, le préfet indique que cela "ne laisse aucun doute sur le lien entre la manifestation et ces dégradations". La réunion de la commission a été suspendue et celle-ci ne se réunira pas "tant que la lumière ne sera pas faite sur cette affaire et que les dommages subis n'auront pas été réparés."

Une plainte a été déposée auprès du procureur de la République. Lors d'une précédente réunion, un des membres de la cohabitation pastorale avait été victime de faits similaires. Pour le préfet "De tels actes ne s'inscrivent aucunement dans un débat démocratique et respectable. De surcroît, les menaces et injures adressées aux membres d'une association ne sont pas acceptables."

Auteur: Jean Martinet
Source: la Dépêche du Midi du 9 novembre 2005

- Commentaires

Si aucun acte de violence n'est justifiable, nous pouvons au moins le comprendre. Comment?
A une période où nous voyons des destructions importantes dans les citées qui finissent par obtenir des moyens contre des condamnations assez peu convaincantes, cela peut donner de bonnes idées à d'autres milieux socioculturels ou professionnels.

Par ailleurs, lorsque la presse signale que la commission d'indemnisation se réunie en Préfecture en novembre 2005 pour statuer sur des dossiers de prédations de 2003 soit 2 ans après les faits, nous pouvons nous interroger sur la part de responsabilité du Préfet et des services de l'Etat sur ces réactions violentes.
A chacun ses responsabilités, mais le Préfet ne semble pas blanc comme neige.

Louis Dollo, le 9 novembre 2005