Pour annoncer son plan de renforcement ou restauration de la population d'ours dans les Pyrénées, la Ministre de l'écologie, Nelly Olin, a organisé une conférence de presse à Paris.
Messieurs les Maires
d'Arbas, de Bagnères de Bigorre, de Burgalays et de Luchon,
Messieurs les Préfets,
Mesdames et Messieurs.
Nous sommes aujourd'hui réunis pour une étape importante dans la préservation de la population d'ours bruns dans les Pyrénées.
Comme vous le savez, la diversité biologique est aujourd'hui, dans le monde entier, gravement menacée.
Voici quatorze années déjà que la communauté internationale a adopté, à Rio de Janeiro, en 1992, la Convention pour la Diversité Biologique mais, depuis cette date, la situation de la nature n'a cessé de se dégrader à travers le monde.
Tous les peuples de la Terre sont solidaires face à cette menace et chacun a le devoir de prendre les mesures nécessaires sur son territoire, pour les espèces et les milieux naturels qu'il a reçus en héritage.
La France, comme bien d'autres nations, est engagée dans ce combat.
A de nombreuses occasions et la dernière fois en accueillant, à Paris, in janvier 2005, la conférence internationale "Biodiversité science et gouvernance", le Président de la République a manifesté l'engagement très fort de notre pays sur ce sujet, par ailleurs très symbolique, qui lui tient à coeur.
J'ai présenté en Conseil des ministres les sept premiers plans d'actions de la stratégie nationale pour la biodiversité le 23 novembre dernier. Ils témoignent de l'engagement de l'ensemble du Gouvernement.
C'est dans ce contexte qu'il faut apprécier la décision du Gouvernement de renforcer la population d'ours bruns dans les Pyrénées.
La renforcer pour la sauver.
La sauver d'une disparition inéluctable si nous ne faisons rien.
Peut-on réellement imaginer les Pyrénées sans plus aucun ours? Je ne le pense pas mais je respecte les positions des uns et des autres, notamment des éleveurs dont on sait que le métier n'est pas facile.
Je rappelle qu'une importante phase de concertation a été ouverte par l'Etat dès février 2005.
Et je souhaite vivement remercier Messieurs les Préfets ici présents ainsi que leurs collaborateurs: le DIREN Midi-Pyrénées, en tant que chef de projet, les Sous-Préfets, les Directeurs régionaux et départementaux, les agents de l'office national de la chasse et de la faune sauvage, particulièrement sollicités, les agents de l'Office national des forêts, pour les qualités d'écoute et de dialogue dont ils ont su faire preuve depuis plus d'un an sur ce sujet.
Le plan de renforcement que je vous présente aujourd'hui est le fruit de ce travail déterminé, patient et ouvert.
Son volume important témoigne de l'abondance des informations rassemblées et de la diversité des sujets abordés.
Les premiers mois de la concertation ont cependant révélé une grande inquiétude devant le nombre de lâchers d'ours qui avait été initialement annoncé.
Dès ma prise de fonction, j'ai tenu à rencontrer les élus concernés et tous les acteurs.
Ceci m'a conduit à ramener le nombre d'ours relâchés à un chiffre bien plus raisonnable et rassurant, même s'il reste significatif dans la perspective de la préservation de
la population ursine pyrénéenne.
En ne relâchant plus, désormais, que cinq ours dans le massif pyrénéen je ne fais d'abord que remplacer les trois ours morts par accident: Canelle en 2004, Melba en 1997 et Claude en 1994, et ensuite avec deux de plus, je ne fais que compenser très partiellement les naissances d'ours qui n'ont pas eu lieu du fait de ces disparitions prématurées.
En même temps, par la diversification génétique qu'apportent ces nouveaux ours, nous réduisons fortement les risques de consanguinité, qui est l'une des principales menaces
actuelles.
Le nombre d'ours relâchés est donc réduit mais l'effet attendu sur la population générale et son bon état de conservation est réel.
Le Gouvernement s'est évidemment dans le même temps préoccupé de renforcer les actions déjà existantes en faveur des activités humaines, voire, à cette occasion, de développer les partenariats, y compris, sur un autre plan, avec nos voisins espagnols et andorrans.
Dès 2006, le Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable renforce les moyens qu'il consacre à l'ours:
Affectation de personnels supplémentaires auprès de l'équipe technique ours pour le suivi biologique des animaux ainsi que pour l'accompagnement des éleveurs (notamment 2 nouveaux
postes de techniciens pastoraux potrant le total à 7; un poste de technicien, d'ingénieur et d'animateur Chiens-Patou);
Consolidation des moyens dédiés à la prévention des attaques et introduction de mesures nouvelles comme les diagnostics de vulnérabilité des troupeaux et la protection des
troupeaux en zones intermédiaires;
Amplification de la diffusion d'informations sur l'ours auprès du public.
Pour leur part, les chasseurs ont toujours été considérés comme des alliés de la faune sauvage, et c'est dans cet esprit qu'avec l'ensemble des Présidents des fédérations départementales des chasseurs une "charte" a été discutée.
Celle-ci reconnaît et consolide l'importante contribution des chasseurs au suivi des ours.
Elle prévoit également des modalités de discussion rapide entre les préfets et les sociétés de chasse lorsque la présence d'une ourse suitée est signalée sur un secteur de façon à
éviter absolument les situations à risques, celles qui ont, ces dernières années, conduit à des accidents.
Des discussions sont également en cours avec les forestiers. Le plan fait ainsi état de plusieurs recommandations de gestion forestière, dont la mise en oe;uvre s'effectuera en concertation avec les gestionnaires.
Il s'agit tout d'abord d'améliorer les biotopes favorables à l'ours sur l'ensemble du massif: les sites vitaux pour l'espèce, tels les sites de tanière, devront faire l'objet d'une attention particulière.
Par ailleurs, certaines opérations pourront faire l'objet d'un soutien financier.
Nous prévoyons par exemple de pouvoir passer un contrat avec un gestionnaire forestier pour suspendre un chantier de coupe lorsque la présence d'une ourse avec son ourson sera détectée dans le secteur géographique concerné, le contrat étant assorti de compensations financières.
L'information des usagers de la montagne va être également renforcée. Même si l'ours fuit l'homme, des consignes simples de comportement en cas de présence d'ours vont être diffusées.
Le suivi des ours va être renforcé par à la mise en place de systèmes télémétriques et facilitera une information rapide en cas de présence, notamment, d'une ourse avec ses oursons sur un territoire donné.
Enfin, le plan de renforcement apporte une réponse, dans le cadre d'une charte, aux questions souvent posées par les élus sur leur éventuelle mise en cause en cas d'accident lié à l'ours sur leur commune.
S'agissant d'une espèce protégée, échappant au pouvoir de police du maire, les élus locaux sont déchargés dans la quasi-totalité des situations de leurs responsabilités habituelles en la matière.
Venons-en maintenant à l'annonce que vous attendez tous, celle des lieux de relâcher.
Par souci d'écoute des sensibilités exprimées, j'ai choisi de ne conduire des opérations de relâcher que dans les communes ayant clairement fait part de leur volonté d'accueillir
des ours.
C'est précisément le cas de messieurs les maires ici présents, que je remercie vivement.
Ainsi, les cinq nouveaux ours seront transférés sur les communes:
Je précise par ailleurs que la communauté de communes de Saint-Béat, en Haute Garonne et la communauté de communes de Haute-Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées, ont également délibéré favorablement.
Je vais maintenant laisser les maires s'exprimer.
Ensuite nous répondrons à vos questions.
Je vous remercie et passe la parole à Monsieur le Maire d'Arbas.
Il est intéressant de comparer la carte de présence de l'ours à celle des lieux d'introduction du printemps 2006.
Nous constatons, si nous tenons compte du fait qu'il n'y en a aucun dans les Hautes-Pyrénées contrairement aux mentions erronées du Ministère, que les deux ours prévus à Bagnères de Bigorre seront lâchés dans un "no men's land" ursin complet. De ce fait, il est pratiquement certain que pour se nourrir dès leur sortie de captivité même réduite il ira au plus facile (les brebis) et se déplacera vers un groupe qu'il cherchera.
La situation à Burgalays et Luchon n'est pas meilleure (actuellement aucun ours comme l'indique la carte) quant à Arbas... nous verrons bien mais il y a tout lieu de penser que le reste du Couserans en fera les frais. La carte de présence ne mentionne aucun ours à une distance assez conséquente.
Nous pouvons donc penser que ces villes et villages ont donné leur accord sans trop savoir à quoi ils s'exposent en raison de l'absence de dérangement ces dernières années (sauf pour Arbas pour laquelle il s'agit d'un acte militant plus que de raison) et avec le secret espoir de se faire un peu de publicité à moindre frais (stations thermales pour Luchon et Bagnères) tout en sachant qu'ils n'auraient pas à en supporter trop longtemps les conséquences d'autant que les convictions écologiques des maires concernés restent à prouver.