Le Béarn n'est pas prêt: le dialogue de sourd a repris
Comme il fallait s'y attendre, l'IPHB reste opposée au plan gouvernemental d'introduction d'ours. Le problème est essentiellement psychologique lorsque l'on voit des partisans de l'ours hier se prononcer contre aujourd'hui.
Premier conseil de gestion de l'IPHB, hier, depuis l'annonce du dernier plan de réintroduction. Le préfet a rappelé la position de l'Etat. Sans convaincre
La ministre de l'écologie Nelly Olin avait profité de son passage à Arbas, le 25 septembre, pour annoncer le niveau de réintroductions d'ours. Les Pyrénées apprenaient ainsi
l'arrivée de cinq femelles entre le printemps et l'été 2006. Deux fauves ont même été "réservés" pour le Béarn. Hier, le conseil de gestion de l'
Institution patrimoniale (IPHB) a rouvert le dossier. En présence
du préfet Marc Cabane comme pour démontrer que le dialogue n'était pas rompu. Mais chacun est resté sur ses positions. Les membres du conseil ont été clairs. Ils rejettent en
bloc le plan de renforcement. En tout cas, pour l'instant...
A travers son long exposé, en effet, le président Jean Lassalle a laissé un certain nombre de portes ouvertes en guise de conditions. Il laisse entendre qu'il est prêt à relancer
la machine. Mais: "Il faut que la ministre retire totalement son programme. Pour l'instant, c'est non. Il ne faut pas apparaître comme des traîtres vis-à-vis du reste des Pyrénées.
Il est important aussi de respecter ceux qui ont rempli les mairies cet hiver en exprimant leur opposition. Si la ministre maintient son plan, je les encouragerais à combattre.
Depuis le malheureux coup de fusil contre Cannelle, on assiste à une folie totale jusqu'au plus haut niveau de l'Etat. Notre institution fonctionnait. Aujourd'hui, tout le monde est
embêté. On a perdu le contrôle de la situation. Il faut trouver une solution chez nous. Dans l'état actuel des choses, comment voulez-vous qu'on se prononce?"
René Rose, le maire de Borce, a expliqué au préfet à quel point le précédent gouvernement avait agité les montagnes en imposant quinze ours en trois ans. "Tous les efforts
pédagogiques mis en oeuvre ces dernières années sur le terrain ont été anéantis. La confiance n'est plus là." Bernard Placé, le patron des chasseurs, n'a pas dit le contraire: "Les
vallées ne sont pas prêtes. Nous ne voulons pas d'ours nous non plus."
Même son de cloche du côté de Jean-Marc-Prim, de la chambre d'agriculture: "Nous ne sommes pas allés jusqu'au fond du problème. La présence d'ours ne sera pas maîtrisée. Cette logique videra les montagnes."
Joseph Paroi, berger de l'association des éleveurs transhumants, a rappelé pour sa part les difficultés d'un engagement en faveur de l'ours du pays. "La portée de notre message
n'a pas été entendue. On allait y arriver et l'annonce de Lepeltier nous a volé le débat. On a été trahis par l'Etat et désavoués par les éleveurs qui s'opposaient à l'ours. L'outil
IPHB est indispensable et certains font aujourd'hui comme si on n'en avait plus besoin."
Le préfet Cabane a certainement marqué un point en indiquant qu'à ses yeux, "le héros de la fable, c'était le berger et non pas l'ours." Mais il a dû replacer sa main tendue dans la
poche. "On doit démontrer que l'on peut coexister avec d'autres espèces. Sommes nous capables, nous, Pyrénéens de l'Ouest, de nous afficher comme acteurs décisifs? La ministre
demande quelle est la position de l'IPHB face à cette réintroduction. Elle mérite une réponse. Une fois que l'on répond à la première question, la seconde peut suivre facilement." A
l'évidence, c'est pas encore gagné!
Auteur: Patrice Sanchez
Source: Sud-Ouest du 20-10-2005