Face aux coups de bluff, manipulations diverses et pressions pour obtenir l'accord des communes pour une réintroduction, les éleveurs tiennent bons et envisages des actions judiciaires pour faire barrage à ce qu'on veut leur imposer.
Le député aspois veut s'appuyer sur les 70 délibérations de communes contre Natura 2000
Les soixante-dix délibérations des Conseils municipaux et intercommunaux contre la directive européenne Natura 2000 (lire plus haut) pourraient fonder une action devant la Cour européenne des droits de l'homme. Jean Lassalle a dit l'envisager, samedi à Lanne-en-Barétous. Bien qu'irrecevables, ou plutôt précisément parce qu'elles ne "valent rien" au regard des règles imposées, le député aspois considère qu'on est face à un déni de démocratie: "On veut que ce dispositif soit construit par les plus hautes autorités, déplore-t-il, et non plus par les maires qui n'ont plus la responsabilité de leurs territoires". Pour Jean Lassalle: "Il y a la possibilité de saisir la Cour européenne des droits de l'homme car cette directive est discriminante".
Que sont devenus les trois ours offerts à la France en 1990 par le président de la République de Roumanie? C'est la question qu'a posée samedi Joseph Casassus-Lacouzatte
(Aste-Béon), du Comité contre les réintroductions d'ours étrangers, affirmant que des réintroductions clandestines ont bien eu lieu.
Selon un témoignage, les ours de Petre Roman avaient été confiés au Muséum d'histoire naturelle qui aurait alors indiqué les destiner aux Pyrénées...
Selon le président de l'Institution patrimoniale du Haut-Béarn (IPHB), les repérages en vue des lâchers d'ours au printemps prochain sont " très avancés, notamment en Haute-Garonne et du côté de Melles. Jean Lassalle a dit "[prier] le ciel" pour que les maires du département ne cèdent pas, face aux tentatives dont ils vont faire l'objet.
Fortes paroles que celles qu'a fait entendre au préfet l'un des éleveurs de la Fédération transpyrénenne résolument hostile aux lâchers d'ours, Jean-Pierre Pommiès: "Les ours pyrénéens, il leur est arrivé ce qui leur est arrivé. L'Etat français y a sa part de responsabilité; notre génération, elle, n'y est pour rien. Le cohabitation avec l'ours, elle fonctionne là où il n'y a pas de pastoralisme. Qu'on ne nous parle pas des Cantabriques: il n'y a plus de bergers là-bas. [Avec les réintroductions d'ours], des éleveurs vont abandonner la montagne et revenir en plaine; les derniers vont s'accrocher et vouloir se défendre et ça va très mal se passer".
A ce jour, seuls deux maires (Accous et Etsaut) se sont déclarés ouvertement favorables aux réintroductions d'ours ("Sud-Ouest" du 29 octobre). L'Etat, en Béarn, mettrait au centre de sa stratégie pour les lâchers annoncés au printemps les communes de Laruns (26.000 hectares) et d'Arette (10.000 hectares), en raison de la très vaste étendue de leurs territoires. On prétend aujourd'hui dans les coulisses montagnardes que la simple "neutralité bienveillante" de Laruns et une "opposition raisonnable" d'Arette suffiraient au bonheur des stratèges.
Renseignements pris, ni le maire de Laruns, André Berdou "On n'est pas concernés et on ne veut pas l'être", dit du reste celui-ci , ni le maire d'Arette, Pierre Casabonne, n'ont été approchés de près ou de loin. Toutefois, les élus larunsois auraient reçu un questionnaire individuel d'un collectif (FERUS) désirant connaître leurs intentions.
A quelques mois des cinq réintroductions d'ours (dont deux en Haut-Béarn) voulues par la ministre de l'Ecologie, les repérages en Béarn pour d'éventuels lâchers d'ours, annoncés samedi à Lanne par le préfet Marc Cabane, donnent matière à réflexion aux élus montagnards
Auteur: Thomas Longué
Source: Sud-Ouest du 19 décembre 2005