Le Monde des Pyrénées

Printemps 2012 et déjà la colère des éleveurs et populations pyrénéennes contre l’ours

Les troupeaux sortent à peine des granges après avoir passé un hiver à l’intérieur que déjà la colère monte contre les prédations d’ours que ce soit en Espagne, dans le Val d’Aran ou ailleurs dans les Pyrénées. Dans le Couserans, il n’y aura pas de fête de transhumance. Les bergers veulent ainsi marquer leur colère.

- Attaque d'ours: la colère monte dans le Val d'Aran

- Déjà une attaque d'ours, dans le val d'Aran

Attaque d'ours: la colère monte dans le Val d'Aran
L'année dernière, la saison des estives s'est terminée sous un ciel d'orage et de vives tensions. La première attaque d'ours, qui vient de se produire dans le Val d'Aran, ravive brutalement la colère et les inquiétudes, qui ne seraient déjà plus «maîtrisables».
Véronique Estrémé, vice-présidente de l'Association pour la sauvegarde du patrimoine en Ariège-Pyrénées (Aspap) et Bruno Besche-Commenges préviennent: «Si le dialogue ne sert à rien (1), il est évident que, sur le terrain, d'autres actions seront envisagées sans que qui que ce soit ne puisse plus maîtriser quoi que ce soit, ni lui (le sous-préfet, ndlr) ni nous. Ce n'est pas un avertissement, mais un constat. N'importe quel patron, artisan, ouvrier, fonctionnaire qui verrait ainsi massacrer son outil de travail réagirait de même». Et Véronique Estrémé de poursuivre: «On se sent complètement abandonnés par l'État. C'est le statu quo. Aucune disposition nouvelle pour cet été. Ils attendent simplement que les ours attaquent pour nous dédommager. C'est inacceptable. Nous ne pouvons plus gérer la colère des gens qui ne voudront pas accepter cet état de choses». L'Aspap s'attend ainsi à un regain de violence, qu'elle ne cautionne pas, mais qu'elle ne peut pas condamner non plus. même si elle «ne prône pas la violence».

- Transhumances annulées

En Biros, cette année, les transhumances n'auront pas lieu: la vallée n'a pas le cœur à la fête. Et la montée vers certaines estives parait plus que compromises, notamment au Trapech et à la chapelle de l'isard, deux zones où les troupeaux ont été victimes de nombreuses prédations l'été passé. Pour l'Aspap, ce sont bien les prémices de l'«ensauvagement» de la montagne. «Aujourd'hui, le cirque de La Plagne nous est interdit en raison de la présence d'un nid de gypaète, reprend Véronique Estrémé. L'ONF a déserté toutes ses missions, sauf la surveillance de l'ours. Et des gens qui fréquentent la montagne. La question que nous nous posons, c'est de savoir si on veut que nous restions sur ce territoire, si on veut conserver une agriculture de montagne. Pour nous, le problème, ce n'est plus l'ours, c'est de savoir comment nous allons survivre».
Une allusion aux rencontres avec le sous-préfet de Saint-Girons, en charge du dossier «ours».

- Biros: ours en vue

La première attaque d'ours vient donc de se produire dans le Val d'Aran, ce petit morceau de Catalogne qui vient se faufiler entre la vallée du Biros et la vallée de Luchon. Selon l'association pour la protection du patrimoine en Ariège-Pyrénées (Aspap), un troupeau aurait été attaqué et une brebis tuée, ce mercredi, dès le retour du beau temps. Une ourse et ses trois oursons auraient été ensuite repérés, dans le même temps, sur les versants du Barrados, en direction du Biros. L'Aspap annoncé déjà que les ours vont s'y installer et multiplier les attaques, comme ils l'ont fait l'été dernier et les années précédentes. «Les éleveurs ont été prévenus de ce nouveau départ du cycle annuel», conclut l'association.

- «Occuper le terrain»

«Non à l'ours»: les slogans ont fleuri à nouveau, voici quelques semaines déjà, sur de nombreuses routes du département, en très grosses lettres. C'est le cas, par exemple, dans la montée vers le col de Port, ou sur la route du Mas-d'Azil. D'autres actions ont été menées, plus secrètes, par des opposants à la présence de l'animal: une voiture de l'Office national de la chasse a été taguée voici peu, sans que les auteurs des slogans aient pu être identifiés.
On peut s'attendre non seulement à ce que ces mouvements de colère se multiplient et se durcissent, mais également à ce que d'autres actions soient menées, en terme de communication. C'est, en tout état de cause, ce qu'annonçait l'Association pour la sauvegarde du patrimoine en Ariège-Pyrénées, lors de sa dernière assemblée générale, avec la volonté d'occuper le terrain.

Publié le 28/04/2012 07:23
Auteur: Laurent Gauthey
Source: La Dépêche du Midi du 28 avril 2012