C'est le titre de la Dépêche du Midi au lendemain de l'accident annonçant cette tragédie du pyrénéisme. Suit un article avec quelques approximations et inexactitudes que les connaisseurs sauront rectifier. Chacun sait que la glace est un matériau éphémère constitué d'un liquide solidifié par la nature et donc, par définition, très sensible et instable à manier avec beaucoup de précaution. Mais tous glaciéristes sait aussi qu'il peut partir sans prévenir malgré toutes les précautions d'observations qui peuvent être prises. Le risque zéro n'existe pas.
Deux alpinistes confirmés qui effectuaient l'ascension d'une cascade gelée à Gavarnie ont trouvé la mort, hier, écrasés par un bloc de glace de plusieurs tonnes. Un troisième, le premier de cordée, a été sérieusement blessé à la main et au poignet.
Il était aux environs de 11 h 30, lorsque Jérôme Thinières, 32 ans, et Martine, 45 ans, une de ses amies, s'apprêtaient à escalader pour rejoindre Serge Casteran, 45 ans, qui les assurait et se trouvait à une vingtaine de mètres au-dessus d'eux.
Soudain, le bloc, qui pèserait une vingtaine de tonnes s'est détaché de la paroi pour venir les percuter. Ils ont été tués sur le coup. Sous le choc, Serge Casteran a eu la main et l'avant-bras entaillé par la corde. Ce sont des promeneurs qui ont assisté à la scène depuis le cirque qui ont prévenu les secours.
Les CRS sont aussitôt intervenus avec l'hélicoptère de la gendarmerie.
"Nous avons dépêché six hommes sur place. Nous les avons hélitreuillé pour qu'ils puissent accéder jusqu'aux victimes. Comme nous craignions que de nouveaux blocs se détachent,
nous avons dû installer des relais. Cette opération a été très physique", relate le lieutenant Louis Piquemal, le commandant de la section montagne de la compagnie de CRS de
Lannemezan qui s'est rendu sur les lieux tout comme Cécile Longé, la sous-préfète d'Argelès-Gazost.
Les dépouilles des deux défunts ont été évacuées sur la morgue de Tarbes et Serge Casteran, qui a été, dans un premier temps, soigné sur place par un médecin du SAMU, a été admis au centre hospitalier de la même ville. Il serait profondément choqué par le décès de ses deux camarades.
Jérôme Thinières, 32 ans, était l'un des meilleurs alpinistes français de sa génération. Ce Haut-garonnais, diplômé de l'école des guides de Chamonix, avait effectué l'ascension de nombreux grands massifs à travers le monde. Son talent lui valait d'ailleurs de faire régulièrement l'objet de reportages dans des revues de montagnes.
Serge Casteran, domicilié à Ourde, dans les Hautes-Pyrénées, est considéré quant à lui, comme l'un des meilleurs "grimpeurs" de la région.
"Ils étaient à Gavarnie depuis quelques jours en quête de nouveaux itinéraires" poursuit le lieutenant Piquemal.
La cascade à laquelle ils s'attaquaient hier, celle où naît le gave de Pau, n'avait pas été escaladée depuis 12 ans.
"Mais, comme le regrette un CRS, si les conditions semblaient bonnes, avec la glace on ne sait jamais".
Ce serait donc la fatalité qui serait à l'origine de ce drame qui n'a pas manqué de semer la consternation à Gavarnie et dans le monde des pyrénéistes.
En 1998, déjà, trois glaciéristes espagnols avaient trouvé la mort, le 13 janvier, en escaladant une cascade de glace du cirque de Gavarnie. Là encore, c'est un bloc de glace qui s'était abattu sur eux.
Le lendemain, un quatrième, un Argentin, qui lui aussi était de cette cordée, avait succombé des suites de ses blessures. Lors de l'intervention de secours, deux gendarmes du Peloton de haute montagne de Pierrefitte-Nestalas, Daniel Lannes et Gérard Traille, avaient également reçu des blocs de glace sur la tête. Le premier avait eu son casque éclaté s ous le choc.
Dans un état jugé très grave, il avait été transporté de toute urgence dans un hôpital toulousain. Il lui avait fallu plusieurs semaines pour se remettre sur pied.
Guillaume Atchouel et Jacky Lhâa.
Source: Extrait de la Dépêche du Midi du 12 mars 2004