Il y a des introductions ou réintroductions qui, socialement, sont plus ou moins bien acceptées. C’est le cas de l’ours dans les Pyrénées où, durant 30 ans, on nous a fait croire à une acceptation de la population. Lorsque la convention européenne d’Aarhus a été signé, traduite en droit français par la Charte de l’environnement constitutionnelle puis dans le Code de l’Environnement, nous avons eu la preuve des manipulations antérieures, de la tromperie et du mensonge organisé au plus haut niveau.
Pour le loup, malgré la version officielle, tout laisse à penser que nous sommes exactement dans le même contexte avec, grosso modo, les mêmes acteurs de la manipulation.
Lorsqu’il s’agit de bouquetins, l’acceptation est plus facile. Du moins en apparence. Car il n’est pas certain que cela soit durable.
Quant aux vautours fauves et les gypaètes barbus, le conflit existe déjà même si il reste encore relativement discret. Sans parler que de nombreux lâcher d’élevage se font en toute illégalité depuis des années.
L’exemple du Vercors est intéressant pour les autres Parcs et Réserves, notamment dans les Pyrénées où il existe un projet d’introduction de bouquetins au printemps 2013 et où, vautours fauves et Gypaète Barbus ont toujours été présents sans aucune introduction artificielle mais avec un nourrissage artificiel.
Au cours des années 1950, les chasseurs, désireux d’augmenter le nombre d’ongulés, mettent en place une série d’actions pour renforcer certaines populations animales: réintroduction du cerf dans la forêt de Lente et à Bois Barbu, renforcement de la population de chevreuils, introduction du mouflon sur Bouvante et Lente, lâchers clandestins de sangliers.
Les ongulés vont ainsi prospérer sur le massif du Vercors. Cette abondance de gibier représente une réserve de nourriture importante pour d’autres grands prédateurs. C’est dans ce contexte que le lynx revient naturellement dans le massif, ainsi que le loup.
Parallèlement, les programmes de réintroduction sont mis en place par le Parc naturel du Vercors et des associations de protection de la nature, associées ou non à la fédération de chasse. Ainsi la marmotte, espèce protégée, est réintroduite dans le secteur des Quatre Montagnes dans les années 1970. Cette opération est un succès et la présence de ces populations a favorisé le retour naturel, sur le Vercors, de son prédateur l’aigle royal.
À la fin des années 1980, une trentaine de bouquetins sont réintroduits à Archiane dans le Diois, puis en 2002 un deuxième lâcher a lieu sur le secteur de Pont-en-Royans. Aujourd’hui, on compte environ 200 individus sur le massif du Vercors. Enfin, à la fin des années 1990, le vautour fauve est réintroduit dans le secteur du Diois (Chamaloc).
Source: Retranscription de la conférence intitulée «Les Grands Retours» de Gilles Trochard, naturaliste, février 2003. D’après la Mémoire Partagée n°18, CPIE/PNRV, 2003.