Le Monde des Pyrénées

La controverse des balcons du Mercantour

En août 2008, le Président du Conseil général des Alpes-Maritimes, Christian Estrosi, lance un projet d'aménagement de sentiers en montagne baptisé Balcons du Mercantour. Ce projet, d'un coût de 20.000.000 d'euros, vise, à terme (2011), à la création d’un itinéraire de randonnée de haute altitude, reconnu internationalement, à l’image du Tour du Mont Blanc, de Chamonix-Zermatt ou des Dolomites et prévoit la création ou le réaménagement de 140 kilomètres de sentiers le long de la crête frontalière du massif du Mercantour et la construction ou la réhabilitation de douze refuges dont certains en zone centrale du Parc national. Une des volontés affichées du projet est d'ouvrir l'accès à la montagne au plus grand nombre, et en particulier aux familles. Il s'agit d'en faire un "produit d'appel accessible à tout un chacun" selon les termes de M. Estrosi mais aussi des Parcs Nationaux, y compris les personnes en situation de handicap.

Ce type d’aménagements n’est pas propre au Mercantour. Tous les Parcs Nationaux en ont bénéficié avec de nouveaux refuges (Vanoise et Pyrénées) et des centaines de kilomètres de sentiers voir même de pistes. Le Mercantour a tout simplement du retard sur les autres parcs.

Cette annonce, faite alors que des pelleteuses et de la dynamite sont déjà en action, mobilise très rapidement une forte opposition de mouvements écologistes idéologiquement orientés vers l’écologie profonde et le tout sauvage. Certains défenseurs de l'environnement y voient une irruption du tourisme de masse dans un espace protégé par le statut de Parc National. En fait, ce qui existe déjà dans tous les autres Parcs Nationaux. Ils soulignent que la zone concernée par la première tranche des travaux est riche en espèces végétales protégées notamment le Saxifrage à nombreuses fleurs, endémique au Mercantour, et dénoncent le manque de concertation dans ce dossier, (Cf. Vigilance Mercantour) méthode dont les écologistes sont coutumier lorsqu’il s’agit des habitants et usagers quotidiens de l’espace.

Deux manifestations successives (Refuge de Rabuons, samedi 20 septembre 2008 et Centre Administratif Des Alpes Maritimes, vendredi 26 septembre 2008) rassemblent quelques représentants du personnel du Parc National du Mercantour, des botanistes, des pratiquants de la montagne et des élus locaux.

Le 25 septembre 2008, Christian Estrosi annonce l'arrêt des travaux pour une durée de six mois et met finalement en place une commission de concertation.

Les balcons du Mercantour: un nouvel itinéraire de grande randonnée taillé à la mini-pelle mécanique - Extrait du 19/20 édition Côte d'Azur du 31/08/2008.


Estrosi invite des pelleteuses dans le... par trekmag

Lors de la réunion des responsables des groupes de travail du 21 avril, la refonte des groupes de travail proposée par Vigilance-Mercantour a été retenue et sera transmise à Eric Ciotti pour la décision finale et une éventuelle poursuite de la concertation. Gaston Franco a confirmé qu'il passait la main.

La revue Nature et Progrès revient sur le projet dans son numéro d'avril - mai 2009 et rappelle que le coup d'arrêt du 23 janvier 2009 s'apparente davantage à la mi-temps d'un match dont la partie hélas est loin d'être gagnée.

Le décret qui traduit la nouvelle loi sur les parcs nationaux du 14 avril 2006 pour le PNM est paru au Journal Officiel du 2 mai 2009.

Le projet est en définitive abandonné.

En forme d'épilogue, le Conseil Général des Alpes-Maritimes a été condamné en début janvier 2011 à 15 000 € d'amende pour non-respect de la réglementation sur les espèces protégées. il ne fera pas appel. L'affaire est donc entendue.

Notons que ce projet n’avait pas d’objectifs pastoraux. De tels aménagements auraient pu également participer au développement de l’élevage et ainsi avoir deux fonctions valorisantes pour le territoire avec une activité productrice de biodiversité. Ce qui est bon pour le pastoralisme peut servir à la randonnée alors que l’inverse n’est pas évident.

- Un itinéraire de randonnée en haute altitude de prestige international

Le projet des Balcons du Mercantour a pour objet la création d’un itinéraire de randonnée de haute altitude reconnu internationalement, à l’image du tour du Mont Blanc, de Chamonix-Zermatt, des Dolomites, l’amélioration des équipements existants, la création de nouveaux équipements et l’inscription dans des nouvelles normes respectueuses du développement durable.

Le projet prévoit de créer un itinéraire de prestige permettant de cheminer 12 jours durant au départ du Camp des Fourches à Saint-Dalmas-le-Selvage en haute Tinée, au plus près de la crête franco-italienne, entre la Tinée, la Vésubie, la Roya et la Bévéra, sur un itinéraire total de 140 kilomètres divisés en 12 étapes de 10 à 12 kilomètres avec un dénivelé allant de 400 à 800 mètres par jour. 12 hébergements neufs ou réhabilités obéissant aux normes HQE seront installés au terme de chaque étape.

La première tranche, située en haute Tinée, entre Sestrière et Terre Rouge par le Col de Mercière, reliera Saint-Dalmas-le-Selvage et Isola 2000, grâce à un sentier en balcons de 6 étapes cheminant entre 2000 et 2700 mètres d’altitude, face au domaine skiable d’Auron. L’aménagement débutera par la création de 8 kilomètres de sentier pour relier les Lacs de Rabuons et de Lagarot, au-dessus du hameau de Douans, livrés en novembre 2008.

Sur ce tronçon, 2 réhabilitations d’hébergement sont prévues aux Lacs de Vens et de Rabuons à Saint-Étienne-de-Tinée, et la création de 4 refuges est également programmée au Lac de Lagarot à Saint-Étienne-de-Tinée, au Camp des Fourches à Saint-Dalmas-le-Selvage et aux Lacs de Lausfer et de Terre Rouge à Isola.

La deuxième tranche du projet prévoira la création du tronçon de sentier entre la Vésubie et Roya-Bévéra, qui passera par le site des Merveilles pour se terminer à l’Authion, avec 2 hébergements à créer entre Mollières et le Boréon.

Source: texte de présentation du projet sur le site du Conseil Général des Alpes-Maritimes

- Projet alternatif de Vigilance Mercantour

La Grande Traversée du Mercantour: un projet alternatif sérieux.

Vigilance-Mercantour s'est monté sur une mobilisation citoyenne à l'encontre du projet du Conseil Général des Alpes maritimes "Les Balcons du Mercantour"

Le travail de réflexion qui a suivi la dénonciation du projet a donné lieu à plusieurs publications dont on peut retrouver une synthèse dans la rubrique notre argumentaire.

Nous avons aussi assisté à la première commission de concertation où nous avons eu le plaisir d'entendre plusieurs autres participants remettre en cause certains choix du CG, depuis nous avons travaillé à l'élaboration d'un projet alternatif respectant un cahier des charges qui nous semble acceptable par l'ensemble des membres de la commission de concertation.

Ce projet est toujours en cours d'élaboration et des modifications vont certainement y être apportées au fur et à mesure des réunions préparatoires.

Cela étant, comme cette mobilisation est partie de vous, il nous semblait important de vous associer à la réflexion.