- Chantal Jouanno veut protéger 2% du territoire
"On parle beaucoup de climat, mais il ne faut pas reléguer au deuxième plan la biodiversité. L'appauvrissement des ressources halieutiques peut par exemple conduire à une catastrophe". La secrétaire d'état à l'écologie, Chantal Jouanno, participait hier à Divonne-les-Bains à son premier congrès des réserves naturelles de France. Après Nathalie Kosciusco-Morizet, très appréciée des milieux "verts", elle a quitté l'Esplanade du Lac sous des applaudissements nourris. Il faut dire qu'elle a réaffirmé un engagement qui tient à coeur aux participants de ce congrès. "Nous arriverons aux 2 % du territoire national en zone protégée" a t-elle martelé avec détermination.
Actuellement, 1,2 % du territoire français est protégé, ce qui signifie un accroissement significatif de ces zones dans les prochaines années. Elle a confirmé la création
de trois nouveaux parcs nationaux.
Celui des Calanques, entre Marseille et Cassis.
Un autre forestier, du côté du nord-est de la France, sur les franges septentrionales de la Lorraine et de la Champagne.
Un troisième enfin, celui "des zones humides", effectuant à ce moment-là un signe à l'adresse de Rachal Mazuir.
Le président du Conseil général de l'Ain venait en effet de parler des nécessités de protéger la Dombes. Mais il s'agissait juste d'un clin d'oeil, la réfléxion
du département de l'Ain n'en étant encore qu'aux prémices.
Une trame "verte et bleue"
Cet engagement pour la biodiversité a en tout cas plu aux près de 400 congressistes qui ont passé la semaine dans le Pays de Gex, pour un rendez-vous historique. Pour la
première fois étaient en effet réunis tous les gestionnaires des espaces protégés en France, du Conservatoire du littoral à l'Office de la chasse en passant par les Parcs
régionaux. Et ils ont élaboré un document commun pour participer à la mise en place de la prochaine trame "verte et bleue". Celle-ci consistera à relier les différentes
zones protégées par de véritables corridors de circulation pour la faune et la flore. Un zonage ainsi qu'un recensement de la biodiversité et des milieux seront donc
effectués pour mettre en place cette trame.
Dans un contexte de décrue inquiétante de la faune et de la flore -les hirondelles ou les abeilles ont vu leur nombre chuter par exemple- il s'agit de stabiliser les
populations. Avec une approche plus dynamique.
"Nous devons augmenter leur résistance face aux changements climatiques". Ce qui passe par une préservation des écosystèmes, notamment contre les atteintes humaines.
Pour cela, "il faut se préoccuper d'adhésion sociale" a répété Jean-Philippe Grillet, directeur de l'Association des réserves naturelles. En clair, que la population
accepte cette nécessité de protéger certaines portions du territoire pour permettre à la biodiversité de survivre.
Ainsi, la déclaration d'intention des réseaux évoque Un véritable changement de modèle où l'activité humaine et la protection de l'environnement seraient complémentai" la valorisation des services associés à la préservationdes habitats et des espèces (stockage et épuration de l'eau, puits de carbone, bois-énergie...)."res, plus seulement concurrents.
Auteur: Sébastien Colson
Source: Le Dauphiné Libéré du 18 avril 2009 dans l'édition 01G
- 2.85 millions d'hectares protégés
En France, 2,85 millions d'hectares sont protégés, dont 268.000 en métropole et 2,5 millions outre-mer. Il existe 336 réserves naturelles.
- La haute chaîne du Jura
La Haute-Chaîne du Jura est la quatrième réserve naturelle de France par la superficie avec 10 909 hectares (sans compter les parcs naturels régionaux qui sont plus grands). Elle comprend environ 7.000 hectares de forêts et 4.000 de pelouses alpines. Elle est gérée par la Communauté de Communes du Pays de Gex.
- Un grand tétras abattu
Seul bémol à ce congrès en tous points parfaitement organisé, le braconnage sauvage et idiot d'un grand tétras, l'espèce la plus menacée de la réserve quelques jours avant, mais dont l'annonce a été révélée dans notre journal au début de la manifestation.
- Commentaires
Les problèmes sources de conflits ne sont pas la protection des milieux, les contraintes engendrées ou le taux de surface à protéger en France (2% selon les engagements européens.
Les problèmes sont:
- Les 2% à protéger sont concentrées sur des espaces limités notamment en montagne
- Les contraintes par rapport aux espaces nos protégées sont excessives et discriminatoires
- Les conditions de vie sur les territoires protégées sont devenues parfois insupportables sur le plan psychologique (exemple, le simple fait de promener son chien dans une commune entourée par le Parc National comme Gavarnie) et sur le plan financier (exigences de construction et réparation à des coûts non aidés)
- La démocratie n'existe plus au nom des règlements de protection. Ce sont les fonctionnaires qui dirigent, décident et contrôlent sans aucune discussion possible.
Le cas des grands carnivores prédateurs tel que le loup et l'ours dans les massifs de montagne est significatif d'un malaise qui ira en s'accentuant avec le temps avec un rejet populaire de la protection de la nature et des associations environnementalistes.
Louis Dollo, le 17 avril 2009