Passer de gardien de refuge à gardien des étoiles, voilà une promotion tout à fait inattendue pour 21 gardiens de refuges des Hautes-Pyrénées. Et pourtant… Ça fait rêver et c’est bien réel.
Réunis hier au chalet du Clot au-dessus de Pont d’Espagne, les gardiens de refuge vont participer à une étude dont les fondements ont été mis en place au Pic du Midi de Bigorre le 11 juin 2009: créer une réserve de ciel étoilé. L’objectif était présenté par Bruno Charlier, Professeur à l’Université de Pau, responsable scientifique de la réserve de Ciel Etoilé et Nicolas Bourgeois, doctorant en géographie qui en est l’animateur tout en préparant sa thèse sur le sujet de la pollution lumineuse. Avec 600 km2 à une altitude moyenne de 2000 mètres pour la zone cœur, les Hautes-Pyrénées peuvent disposer de la plus importante réserve de Ciel Etoilé au monde.
Portés par l’association «Pyrène», une dizaine de partenaires se sont associés à cette initiative en «murissement» depuis 3 ans. Cette fois, l’embauche d’un animateur scientifique va permettre d’avancer rapidement autour de trois actions essentielles pour obtenir le label IDA (International Dark Sky Association).
L’objectif étant de protéger et préserver du ciel étoilé, il convient de faire connaître et inciter au respect de la réglementation sur les éclairages et engager un programme de sensibilisation et d’éducation. La protection du ciel passe par un concept d’urbanisme luminaire afin d’éclairer le sol et non le ciel comme c’est souvent le cas. Il faudra aussi réfléchir sur des concepts de l’usage de la lumière.
Ces concepts et l’objectif à atteindre de limiter la pollution lumineuse ne doit pas déboucher sur de nouvelles contraintes pour les territoires concernés. Le Grenelle de l’environnement prévoit déjà un certain nombre de recommandations et d’obligations. La zone cœur concerne essentiellement des territoires disposant déjà des obligations de protection tels le Parc National et la Réserve du Néouvielle, il en va différemment de la zone dite «périphérique» tel que le pays de la vallée des Gaves ou les 109 communes adhérentes au Syndicat Départemental d’Electricité.
Les 21 gardiens de refuge ne sont pas les seuls à participer à la mission d’observation. Il est également créé 3 sites d’intérêt en périphérie de la zone cœur: l’Arcouach à Payolle qui reçoit des scolaires (Mairie de Tarbes), l’observatoire amateur du Hautacam et celui de Visker.
Les gardes du Parc National sont également mis à contribution au cours de leurs missions traditionnelles afin de faire des relevés sur leurs lieux d’évolution avec un relevé GPS. Le Pic du Midi est également un point d’observation privilégié.
Hier, un kit de travail avec tout le matériel nécessaire a été remis aux gardiens. Contenu dans une sacoche, il est essentiellement constitué d’un appareil de mesure de la quantité de lumière sur une superficie dans le ciel, d’un carnet de relevé des mesures, d’un support pédagogique dont une carte du ciel à destination du grand public potentiellement intéressé dans le cadre d’animations dans les refuges.
Louis Dollo, le 23 mai 2012