En mars 2012, trois médecins réalisent dans le cadre du Diplôme Inter Universitaire de Médecine d’Urgence de Montagne, en partenariat avec l’Association Nationale des Médecins du secours en Montagne, un recensement des pathologies bénignes de la montagne afin de proposer aux usagers une pharmacie adaptée à cette pratique.
Afin de réaliser ce travail, ils ont proposé aux pratiquants de la montagne de répondre à 15 questions, ayant pour but de recenser les pathologies bénignes rencontrées lors des pratiques. Leur objectif était de proposer une pharmacie adaptée à cette pratique. Lire le mémoire complet....
"Nous avons obtenu 726 réponses: 206 femmes soit 28% des réponses et 520 hommes (72%). 63% des personnes ayant répondu au questionnaire avaient entre 30 et 60 ans, 30% moins de 30 ans et 7% plus de 60 ans. 208, soit 29%, avaient eu besoin, au cours d’une de leurs activités de montagne d’appeler les secours, mais 75% avaient déjà été limités dans leur pratique de la montagne sans pour autant avoir besoin d’être secourus.
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"Les activités pratiquées les plus fréquemment étaient le trail (18%), l’escalade et la via ferrata (15%), le ski de randonnée (14%) suivi de l’alpinisme (12%) et du ski alpin et du snowboard (12 %). Venaient ensuite le vélo (10%), les raquettes (8%), le ski de fond (5%) puis le canyoning (3%), le parapente (2%) et enfin la spéléologie (1%)."
Ce mémoire n’apporte pas grand-chose aux pratiquants de la montagne sauf de conseiller de se transformer en pharmacie ambulante avec tous les risques que cela comporte:
1/ Incitation à l’automédication sans discernement
2/ Incitation à la médication d’autrui par un non-médecin et/ou non-compétent sans précautions préalables telles que les problèmes d’allergies.
Il n’est pas abordé les raisons d’une nécessaire pharmacie. Pourquoi emporter une pharmacie avec soi? Pour quoi faire? Quels soins? Quelle urgence de soins?
Le mémoire précise: «Les pathologies générales représentaient 36% des pathologies rencontrées avec notamment les ampoules (34%), les courbatures (21%) et les hypoglycémies (13%)».
Statistiques intéressantes mais mieux qu’une pharmacie ne vaut-il pas mieux conseiller quelques points de prévention? Même chose pour l’hypoglycémie. Est-il vraiment nécessaire d’avoir une pharmacie avec médicaments?
Quant aux courbatures, est –ce que cela ne peut pas se traiter à l’arriver et non pendant la randonnée?
«Les pathologies orthopédiques représentaient 34% des pathologies, les problèmes de santé les plus fréquemment rencontrés étaient: tendinites, douleurs articulaires, entorses,...»
Est-ce que ces problèmes n’ont pas un moyen de traitement autre qu’une pharmacie? Que va faire une pharmacie à une entorse? Soigner la douleur? Pourquoi pas. Mais alors ce n’est plus un traitement curatif mais du confort et dans ce cas c’est une usine chimique qu’il va falloir déplacer.
Il est également précisé que: «Parmi les pathologies digestives et génito-urinaires (13% des cas), prédominaient les diarrhées, nausées/vomissements et douleurs abdominales. Suivaient la constipation et les infections urinaires».
Quelles sont les raisons de tous ces maux? Il faut peut-être, au préalable, traiter et éviter les causes au lieu de s’attaquer aux conséquences par des moyens médicamenteux.
Le comble sont quand même: «Les pathologies neuro-psychiques (10% des cas) rencontrées étaient essentiellement des céphalées, plus rarement des malaises et vertiges ou une anxiété».
Dans ces cas-là, l’origine des troubles peut être très divers et il est assez peu probable qu’une tierce personne ou la personne elle-même puisse juger et apprécier pour s’auto-médicamenté. La raison exige de revenir en arrière et de s’évacuer par ses propres moyens ou au pire se faire évacuer.
Et pour finir: «les pathologies cardio-pulmonaires (7% des cas) étaient dominées par une dyspnée, une toux, des palpitations et les douleurs thoraciques».
Par expériences personnelles, une seule solution: redescendre. Par ses propres moyens ou faire appel aux secours le plus rapidement possible. Je ne crois pas qu’une automédication puisse être une solution efficace.
Il semble dans ce mémoire comme dans le questionnaire, que les médecins concernés n’ont pas su distinguer «pharmacie» et «trousse de secours». Deux notions qui ne s’opposent pas, qui peuvent se compléter à titre personnel mais qui sont très différente. Dommage que ce travail n’ait pas été approfondi et soit resté très superficiel. Les résultats et suggestions sont à prendre avec beaucoup de précautions d’autant que l’aspect pénal n’a pas été abordé. Tous les pratiquants de la montagne ne sont pas médecins ou pharmaciens. Ceci devrait être LA base de réflexion pour faire des suggestions.
Par ailleurs, des pathologies d’apparence bénignes mais sournoises ne sont pas traitées parce que non prévues dans le cadre de l’étude. Ce sont des maladies pouvant être contractées au cours d’une sortie comme la maladie de Lyme ou l’encéphalite à tiques importée avec les ours de Slovénie. Bien entendu, cela ne se soigne pas avec une pharmacie de campagne mais il serait intéressant de donner des conseils de précautions comme pour toutes autres pathologies.
Louis Dollo, le 28 février 2013