Etape 06 de la traversée des Pyrénées d'Andorre (Arcalis) au Vall Ferrera (Espagne)
Altitude | Den. + | Den. - | Distances | Temps | Observations | |
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Coma de Rat (bout de route) | 2.400 | - | Voir enneigement de la route. le départ peut être plus bas | |||
Port de Rat (France) | 2.542 | 142 | 2.000 | 40 | ||
Orri | 2.080 | -462 | 2.800 | 45 | ||
Pla de La Creu (piste) | 1.900 | -180 | 1.200 | 30 | ||
Port de Bouet (Espagne) | 2.520 | 620 | 4.000 | 120 | ||
Pletiu Gran | 2.223 | -297 | ||||
Cabane de Bouet | 1.900 | -323 | 3.500 | 60 | ||
Refuge de Vall Ferrera | 1.940 | 40 | 800 | 20 | ||
Pour Areu, voir étape suivante | 802 | -1.262 | 14.300 | 5 h 15 |
Nous avons trouvé un logement à La Macana (Maçana) à 15 Km d'Arcalis. Levé 6 h. Petit déjeuner. Départ vers 7 h. Arrivée à Arcalis en bout de route vers 8 h. C'est curieux mais rien ne ressemble à la carte. Bien sûr la route se poursuit: c'est une piste. Et nous ne sommes qu'à 2 050 m. La carte ne doit pas être plus juste au Nord qu'au Sud. personne dans cette station. La neige de culture est en fabrication. Un couple d'espagnols nous donne un dépliant de la station pour essayer de s'y repérer. Évidemment en Andorre comme ailleurs, on embellit toujours les plans de station. D'ailleurs vous remarquerez qu'on y voit jamais de photos mais toujours des dessins des pistes et des montagnes. Une vraie tromperie. Bref. Il faut débarquer et monter pour voir. Puisqu'on sait historiquement qu'ils ont fait une route pour traverser la montagne et aller en vallée de Vicdessos, il faut donc suivre la piste de la route. Tout est déchargé sur le parking. il fait frais. Où est ma veste: à l'hôtel!
Retour au point de départ puis remontée. le (la) chauffeur est passablement énervée. Se lever si tôt pour rien. A 9 h 30 je parts enfin. Sur la piste je rencontre un moniteur de ski français qui m'explique où passer et les pistes à suivre. J'arrive à l'entrée du tunnel (2.400 m). C'est raide mais il y a des traces de ski. Ca doit passer. je continue à monter au-dessus du tunnel à 2 450 m. Le haut du couloir prés du port, la neige semble dure. Elle relui au soleil. Mieux vaut prévoir les crampons, on ne sait jamais ce qui peut se passer là haut.. J'avance au maximum de mes possibilités à raquettes. Mais il faut remplacer les raquettes par les crampons. Il reste environ 150 m de dénivelée à gravir. J'enfonce en haut du mollet. Ca va être très dur ce truc. Lecouloir se redresse. Parfois j'enfonce jusqu'en haut des cuisses. J'essaie de passer un peu à droite: ça parait plus transformé. Erreur: je tombe dans un trou. Les pieds dans le vide. les bâtons me servent de rame. Il doit y avoir une sorte de rimaye dessous moi. Je parviens à me dégager et je continue la montée. En haut la neige est dure. J'ai eu raison de mettre les crampons. Avant d'atteindre le col il y une petite combe: je remets les raquettes et je bascule versant français.
Grande surprise. Élisabeth m'avait dit: "c'est un peu raide mais à ski ça passe bien. On avait un peu cherché mais on s'était régalé". Peut être mais en raquettes c'est autre chose. Pour des raquettes c'est très raide. Et je doute que tout droit ce soit bon: je parie qu'il y a une barre car le couloir disparaît d'un coup. Mieux vaut partir à gauche sur une croupe. Oui mais traverser des pentes raides à raquettes c'est pas l'idéal. Je m'y lance. Derrière la croupe, une belle pente qui me conduit peut être jusqu'en bas. mais le risque avalanche n'est pas à négliger. Je descends sur la croupe mi neige mi rocher. maintenant c'est trop raide. il faut déchausser. Un petit couloir plus raide que ce que j'ai monté, me permet après une légère traversée à gauche de retrouver le bas visible de la grande pente découverte au départ. J'y vais sans raquettes. Je fais une tranchée dans une neige profonde. De temps en temps j'ai les pieds dans le vide. Il faut se jeter dans la pente pour se sortir avec ce sac qui en définitive est assez lourds (5 jours d'autonomie).
Je peux remettre les raquettes. j'en profite pour regarder le Port de Bouet. Ca va être chaud à remonter avec cette chaleur. Déjà des petites boules de neige roule sur les pentes. Ca ne m'inspire pas la meilleure sécurité. je ne vois pas encore le bas de la vallée, mais il y a déjà de l'inquiétude dans l'air.
Je traverse cette grande pente de neige au-dessus d'une barre. La croupe de l'autre côté m'inspire plus de sécurité et m'améne sans encombre sur des pentes plus hospitalières d'un fond de vallée. je poursuit au plus prés du ruisseau. Curieusement, je tombe parfois sur des grosses congères très poudreuses. c'est comme en forêt les jours précédents à la même altitude. Le ruisseau n'est pas comblé mais il y a de grosses congères qui peuvent atteindre plus de 2 mètres.
Un panneau du Conseil Régional: "montagne propre" à 2.200 m. Visiblement il doit y avoir une route ou une piste qui amène les "gloglos" jusqu'ici. Ce doit être la continuité de celle d'Arcalis mais sans le tunnel (percé sur 200 m en Andorre) En effet, un peu plus bas on voit clairement les lacets (sous 2.000 m il y a peu de neige). J'arrive au Pla de la Creu. La remontée vers le Port de Bouet n'est pas dans le meilleurs état: soit trop de neige pour prendre l'itinéraire d'été soit pas assez pour remonter un petit couloir. Et au-dessus les coulées sont à prévoir. Beaucoup d'hésitation. Il est 14 h 30. Un casse croûte aidera à la réflexion. 15 h, décision prise: je ne prends pas de risques. Je descends vers Auzat. Je ne connais pas la vallée (bonne occasion pour découvrir) et je n'ai pas de carte (même chez moi je n'ai jamais acheté de carte de cette vallée). Vers 1.600 m j'arrive au barrage de Soulcem. Je déchausse les raquettes pour mettre les tennis. Je ne vais pas refaire l'erreur de l'étape 2. Une piste parfaitement carrossable avec même des aménagements touristiques tel que bancs, barbecue, toilettes.... mais aucune cabane ouverte. Tout est fermé. J'avais envisagé de rester dans une cabane pour repartir tôt le lendemain pendant qu'il gèle encore. Impossible. En descendant je ne vois aucune cabane. Même les orries sont fermées. Visiblement, l'Ariège c'est pas fait pour l'hiver.
Une voiture est garée dans un virage. Une lueur d'espoir d'avoir un "taxi". En fait personne. Au fond de la vallée une voiture monte. Je l'attends. Elle ne vient pas. En descendant un peu je découvre qu'elle est arrêté, toutes portières ouvertes. Je descends en courant (ça fait très para en manoeuvre) et en arrivant à la voiture je me rends compte que c'est un maître chien d'avalanche qui entraîne son chien dans un cône d'avalanche. On fait vite connaissance. Un peu surpris de me voir débarquer d'Andorre. J'ai l'impression d'apparaître comme un fantôme. Il est assez sceptique sur les chances de passer le Port de Bouet en hiver. Pourtant ce type à des références en montagne. On fait vite le point: le plus facile c'est le GR. Mais trop bas pour avoir de la neige. Il admet qu'il n'y a que sur le versant espagnole que l'on puisse passer mais... le Port de Bouet. Oui mais plus tard dans la saison. C'est trop tôt. Peut être. On verra plus tard.
Plus bas, le gîte est assez désaxé par rapport à une poursuite éventuelle de la traversée ou pour rentrer. je décide de descendre à l'hôtel à Auzat: La Bonne Auberge. La gérante me montre la douche: "je vous mets des savonnettes et des serviettes".... Ben tient.... elle avait senti que le fromage avait séjourné dans mes basket celle là.
Pas de bus le lendemain. la gérante me propose de m'emmener jusqu'à Toulouse où elle doit aller pour affaires. je termine donc l'étape par le train après une soirée de dégustation d'hypocras. Et oui... il faut savoir allier l'utile à l'agréable.
D'autres informations touristiques et gastronomiques seront affichées plus tard.